Les prix du maïs au beau fixe

Le maïs a encore fait parler de lui cet été. Notamment aux Etats-Unis. La plus grave sécheresse depuis 1956 a fait partir en fumée le potentiel de production. En deux mois, l'USDA, le département américain à l'agriculture, a dû abaisser de 100 Mt ses prévisions de récolte de maïs !

Ce déficit de production impose un rationnement drastique des différents postes de consommation aux Etats-Unis. Ainsi, pour la première fois, les utilisations de maïs à destination des éthanoleries vont reculer, au mieux à 114 Mt. A nouveau, des voix s'élèvent pour limiter les utilisations de céréales pour ce débouché. Le directeur de la FAO a même demandé aux Etats-Unis, dans une tribune publiée par le Financial Times, de suspendre leur production de bioéthanol à partir de maïs pour éviter une crise alimentaire. Pourtant, « il ne semble pas que la baisse d'utilisation de cette céréale dans la filière éthanol soit importante », informe Agritel. « La production hebdomadaire progresse légèrement », annonce même l'AGPM qui ajoute que « l'augmentation actuelle du prix de l'essence renforce l'intérêt d'y incorporer de l'éthanol ». Côté export, le maïs se voit réduit à 33 Mt, niveau jamais atteint depuis très longtemps. Idem pour le débouché alimentation animale estimé à 104 Mt. Les prix, qui se sont envolés, seront donc amenés à grimper encore pour équilibrer ce bilan.

« Le marché présente donc pour le moment peu de potentiel de baisse, ce d'autant plus que la chute de production en Ukraine se confirme sur le sud du pays », fait savoir Agritel.

Des nouvelles de nature à réjouir les maïsiculteurs français, qui eux ont de quoi vendre. En France, la récolte s'annonce bonne, puisqu'Agreste prévoit une production de maïs grain de 15,4 Mt, juste en dessous de celle de l'an dernier. Stratégie grains a même avancé le 10 août le chiffre de 16,2 Mt (qui inclut les 200 000 t environ de maïs semence). Un potentiel qui pourrait se traduire en opportunités pour la France en matière d'export, vers le nord de l'Europe, l'Italie et le Maghreb.

Renaud Fourreaux