La bière au fond du tonneau
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Nous pensions en 2005-2006 avoir atteint un certain point bas », fait valoir le président des Brasseurs de France, Gérard Laloi. « Mais la filière ne voit pas le bout du tunnel », déplore-t-il, en évoquant un marché qui a perdu 30 % de consommation en trente ans. Après être passé sous la barre des 20 Mhl en 2007, le marché a donc encore reculé pour atteindre 18,6 Mhl en 2008.
Si le circuit dit « alimentaire » se maintient en ne cédant qu'1 % en 2008, c'est surtout la consommation hors domicile (CHD) qui prend la douche froide. Ce circuit des cafés, hôtels et restaurants, qui représentait 38 % du marché de la bière en 1991, passe pour la première fois sous la barre des 25 %. « Les ventes ont été divisées par deux depuis 1991 », résume Gérard Laloi, en soulignant la perte progressive du rôle de boisson de rafraîchissement de la bière. Et l'année 2008 a subi une certaine conjonction de facteurs défavorables pour les cafés et autres bistrots. Tout d'abord, l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Elle aurait notamment participé à une baisse des volumes de 15 % sur les trois premiers mois de l'année 2008. Le marché n'aura pas pu profiter d'une reprise relative sur le printemps, puisque c'est la crise du pouvoir d'achat et la crise économique dans son ensemble qui ont ensuite pris le relais. Les fermetures d'établissements ont connu en effet une augmentation sensible. Sur un rythme de 4 500 par an depuis 2000, elles ont été portées à 6 260 en 2008. « Si la tendance se confirmait, on irait vers 8 000 fermetures pour 2009 », craint Gérard Laloi. Dans un avenir plus lointain, le contexte réglementaire et législatif de plus en plus coercitif ne semble pas dégager l'horizon.
Le premier semestre 2009 est encore plus préoccupant. Le marché a encore reculé de 8,4 % (- 10,5 % en CHD et - 7 % dans les circuits alimentaires). Même si Gérard Lalley modère ces chiffres en soulignant que la saison se joue de juin à septembre, et qu'un degré de plus c'est 4 % de consommation en plus. Mais d'ores et déjà, le mois de juin n'a pas défrayé la chronique pour ses attroupements en terrasses…
Renaud Fourreaux
Pour accéder à l'ensembles nos offres :