Valoriser l’empreinte environnementale du blé
Carbon Maps propose un outil pour mesurer et piloter l’empreinte écologique des produits alimentaires et des matières premières comme le blé.
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En février dernier, Bérangère Couillard, alors secrétaire d’État à l’Écologie, déclarait dans les pages de 20 Minutes que l’affichage environnemental pour le secteur agroalimentaire serait déployé à partir du 1er janvier 2024. Alors, comment calculer son empreinte écologique ? Grâce, notamment, à la start-up Carbon Maps, née en décembre 2022 et qui aide les acteurs du secteur agroalimentaire à calculer l’impact environnemental de tous les produits alimentaires et matières premières agricoles.
10 filières modélisées
« Carbon Maps est une plateforme SaaS (logiciel en ligne) qui permet d’automatiser l’analyse du cycle de vie de tous les produits alimentaires », explique Jérémie Wainstain, cofondateur et directeur scientifique de Carbon Maps. En clair, de la fourche à la fourchette, l’outil prend en compte les émissions de gaz à effet de serre, les atteintes à la biodiversité, la consommation d’eau, le bien-être animal, etc. « Certaines filières ont énormément de données tandis que d’autres en ont peu. Nous sommes capables de nous adapter à ces différents niveaux de maturité des fournisseurs », précise-t-il.
À ce jour, dix filières ont été modélisées, dont celles du lait, de la viande, du chocolat, des huiles végétales… Et depuis trois mois, celle du blé tendre.
Au moins 0,2 kg de CO2 par kg de blé
En combinant plusieurs bases de données et des informations de la littérature, Carbon Maps a en effet réalisé une modélisation « novatrice » de la filière blé française à l’échelle régionale. Et tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne. Si la région Hauts-de-France, à la fois la plus productrice de blé et la moins émettrice de CO2, génère 0,2 kg d’équivalent CO2 par kg de blé tendre, ce chiffre est majoré de 15 % pour la Normandie, de 30 % pour le Grand Est, et jusqu’à 70 % pour l’Occitanie. Ce qui fait dire à Carbon Maps que, contrairement aux idées reçues, l’approche locale n’est pas toujours la plus écologique. « Il se révèle souvent plus efficace, du point de vue environnemental, d’importer du blé depuis des régions fertiles bénéficiant d’une irrigation naturelle et nécessitant moins d’intrants, plutôt que de chercher à approvisionner les moulins locaux. »
En outre, Carbon Maps a modélisé la transformation industrielle des produits dérivés du blé tels que la farine et le pain, mettant en évidence l’importance de l’origine du blé dans l’impact final de ces produits. Ainsi, la production d’un kilogramme de farine génère 700 grammes d’équivalent CO2, dont 80 % proviennent de la production du blé lui-même.
Mais la valorisation des coproduits, telle que l’utilisation de l’enveloppe pour l’alimentation animale, représente un levier supplémentaire pour réduire l’empreinte carbone de la production de blé. Tout comme l’agriculture régénératrice, à laquelle les industriels ont de plus en plus recours. « Afin de réduire véritablement l’impact des produits dérivés du blé, il est essentiel de transformer en profondeur les systèmes de production à l’échelle régionale », insiste-t-on chez Carbon Maps, en soulignant « le rôle majeur de coordination et de valorisation que doivent jouer les coopératives dans les années à venir ».
Prête pour l’Eco-score
La plateforme peut être en effet utilisée par les coopératives et négoces afin d’évaluer l’empreinte environnementale de leurs matières premières et de la valoriser auprès des acheteurs. Côté industriels, elle permet de calculer l’empreinte écologique de leur portefeuille produits et de les aider à mieux concevoir leurs recettes. Elle est d’ailleurs actuellement testée par plusieurs d’entre eux ainsi que par des distributeurs.
Autre avantage, Carbon Maps pourra calculer l’Eco-score, dont la méthodologie est actuellement développée par l’Ademe. « Nous faisons partie des partenaires de ce dispositif, nous avons déjà implémenté dans Carbon Maps la méthode existante, quoique pour l’instant incomplète. Dès que l’Ademe aura établi la méthodologie finale, elle sera immédiatement disponible sur la plateforme », fait savoir Jérémie Wainstain.
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