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Un outil indéniable pour réduire les phytos

La résistance variétale est le premier levier qui permet aujourd'hui aux agriculteurs d'être moins dépendants de la chimie. Le virage est pris.

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Pour la première fois cet hiver, Thierry Denis, ingénieur Arvalis-Institut du végétal de la région Hauts-de-France, a indiqué clairement aux agriculteurs dans ses réunions techniques qu'il était désormais possible, grâce à l'utilisation de certaines variétés de blé, et en fonction des conditions de l'année, de se passer d'un traitement fongicide. D'autres régions avaient franchi le pas un peu plus tôt, mais la résistance variétale est aujourd'hui suffisante pour tenter de réduire l'intervention de la chimie, y compris dans des régions à forte pression maladies comme dans le nord de la France. « En blé, les progrès des variétés en matière de résistance sont indéniables », reconnaît Josiane Lorgeou, spécialiste des variétés chez Arvalis. Les agriculteurs ont tout intérêt à les exploiter, même si l'efficacité de la résistance à la septoriose, par exemple, n'est souvent que partielle, et ne permet pas de faire l'impasse totale sur les traitements fongicides sans perte de rendement.

Pris en compte à l'inscription

« La résistance ou tolérance aux maladies des variétés est prise en compte depuis très longtemps lors de leur inscription au catalogue, expliquent Anne-Lise Corbel, secrétaire technique, et Jean-Philippe Maigniel, responsable des études sur les bioagresseurs en céréales, au Geves. Et la façon d'intégrer ces critères est revue en permanence pour orienter le travail des sélectionneurs. Les expérimentations sont conduites en traité et non traité, et le rendement des essais non traités compte pour moitié dans le rendement final. Ce qui signifie qu'une variété trop sensible aux maladies ne franchit pas la barre de l'inscription. » Le Geves va publier prochainement une étude dans laquelle il a mesuré l'évolution de la résistance aux maladies des céréales pendant quinze ans. « Entre 2000 et 2015, nous avons observé une amélioration significative de la tolérance à la septoriose et à la fusariose du blé tendre et du blé dur et des quatre maladies, rouille naine, helminthosporiose, oïdium et rhynchosporiose, en orge d'hiver 2 rangs mais pas en orge 6 rangs, notent les deux responsables du Geves. En revanche, nous avons aussi constaté une légère baisse de la résistance du blé à l'oïdium, de l'orge d'hiver 2 rangs à la verse, et de l'orge d'hiver 6 rangs à l'helminthosporiose. » En fonction de ces résultats, le CTPS orientera ses critères de décision dans un sens ou un autre. « La sélection doit être permanente car les champignons peuvent contourner les résistances, souligne également Anne-Lise Corbel. Rien n'est jamais définitivement acquis. »

Droit à des CEPP

Une liste des variétés de blé ouvrant droit à des CEPP a été établie par le Geves et Arvalis. Elle attribue aux variétés un certain nombre de points en fonction de leur résistance aux maladies, à la cécidomyie orange et à la verse. En pommes de terre, les sélectionneurs s'intéressent depuis longtemps à la résistance au mildiou, et c'est seulement maintenant que leur travail commence à se concrétiser dans le choix des agriculteurs. « Il n'est pas encore possible de se passer de traitements fongicides contre le mildiou, surtout les années humides, mais il est possible de réduire leur utilisation en retenant des variétés moins sensibles », explique Jean-Michel Gravoueille, d'Arvalis. Deux listes de variétés ouvrant droit à des CEPP viennent d'ailleurs d'être publiées. « 17 variétés sont classées peu sensibles à très peu sensibles au mildiou du feuillage, et 12 variétés assez peu sensibles, précise-t-il. Dans les essais, le recours à une variété de la première liste permet de réduire en moyenne de 30 % l'IFT fongicides, et dans la seconde de 20 %. »

Les autres intrants aussi

Le Geves mesure également la capacité des variétés de blé à mieux exploiter l'azote ou à mieux tolérer les carences. Depuis deux ans, il a mis en place des essais en dix lieux, avec une dose d'azote inférieure de 80 unités à la dose optimale. La variété peut aussi être porteuse d'innovations dans sa façon de « fraterniser » avec les micro-organismes de sa rhizosphère, une caractéristique qui pourrait également dépendre de ses gènes. La tolérance aux variétés n'est pas non plus isolée dans la recherche de réduction des intrants. Par sécurité, les conseillers de la distribution associent en général l'utilisation de variétés résistantes à des OAD.

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