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Agrément phytos Mission accomplie ... ou presque

Premier octobre 2013 : la date butoir pour obtenir la certification phytos est arrivée. La quasi-totalité des coopératives et négoces ont passé l'épreuve avec brio, après des mois de travail, et continueront à conseiller et délivrer des produits phytosanitaires. Prochaine étape : l'audit de suivi, dans dix-huit mois.

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« C'est la réglementation de ces dernières années qui a le plus touché le métier », résume Emmanuel Perdrix, responsable qualité chez Soufflet Agriculture. Entre les nouvelles exigences concernant la préconisation, les certificats individuels ou encore le stockage, l'obtention de l'agrément phytos aura demandé un travail considérable. Mi-novembre, le ministère de l'Agriculture assurait que, d'après leur base de données interne, 21 000 entreprises étaient agréées, sur les 21 800 initialement concernées (17 900 dans l'ancien dispositif). Parmi elles, la quasi-totalité des coopératives et négoces a été auditée avec succès. Avec la volonté de ne pas subir ces nouvelles règles, mais de s'en saisir pour en retirer les aspects positifs.

Retour sur la mise en place des référentiels. Fin 2011, paraît le décret fixant les conditions d'agréments pour les entreprises et les certificats individuels, en application de la loi « Grenelle 2 ». Avant lui, seules celles distribuant des phytos classés dangereux (T, T +, CMR) ou réalisant des applications en prestation de services étaient soumises à agrément. Désormais, il concerne tous les phytos et les activités de conseil.

Tous les coops et négoces se sont saisis du dossier pour être prêts dans les temps. Début octobre, Vincent Magdelaine chez Coop de France estimait que « le bilan est tout à fait positif. Quelques coopératives attendent de passer leur audit car il n'y avait pas forcément de date disponible avant, ou les certificats individuels du fait de l'engorgement des centres de formation. Mais tout est en cours de normalisation ». Même discours à la Fédération du négoce agricole qui annonçait le 1er octobre que « 95 % des négociants sont certifiés ». Assurant que dans l'Hexagone, les entreprises sont prêtes : « Les dates d'audits sont prises, fin novembre, toutes seront certifiées. » Durant les audits, quelques écarts ont souvent été signalés et rapidement résolus. « Nous avons eu peu de dossiers avec aucun écart relevé, observe Benjamin Perdreau, chef de produit chez Afnor certification. C'est normal, un nouveau référentiel met du temps à se mettre en place. » « Sur ce premier audit, tout le monde cherchait ses marques », note Marie-Laurence Havard, responsable Qualité sécurité environnement du réseau de négociants Agrosud (Perret, JEEM, Touchat, Péris, Bertrand-Rémon et PCEB).

Des exigences parfois floues

Des marques d'autant plus difficiles à trouver que les référentiels laissaient une certaine latitude en matière d'interprétation. « Nous avons parfois eu besoin d'éclaircissements, reconnaît Pauline Cassan, auditrice et référente pour le dossier phytosanitaires, chez Control Union. Les référentiels comportent beaucoup de points, et beaucoup de cas particuliers, c'est peut-être ce qui explique la complexité du dossier. » Une consultation avec les parties prenantes sera organisée en décembre pour revoir les guides de lecture.

La distribution agricole n'était pas la seule à devoir obtenir le précieux sésame : chambres d'agriculture, conseillers indépendants, jardineries, applicateurs, grande distribution... Au vu des exigences, certains ont choisi de ne pas poursuivre leur activité, notamment pour les produits grand public. Un passage difficile aussi pour les petites structures. « Elles ne sont pas forcément habituées au processus de certification, analyse Benjamin Perdreau chez Afnor. Certains agriculteurs qui faisaient de l'application en prestation de services en complément ont préféré sortir du processus. Pour eux la certification représente trop de contraintes. » « Il faut passer d'une culture orale à une culture écrite, ajoute Pauline Cassan, chez Control Union. La FNEDT (Fédération nationale entrepreneurs des territoires) avait d'ailleurs demandé une phase transitoire de dix-huit mois sur deux hivers. « Nous n'avons pas choisi cette date du 1er octobre. Elle est déconnectée de la réalité de nos entreprises », regrettait Yolaine Villain, présidente de la Commission environnement dans un communiqué, le 26 septembre, évoquant « une course contre la montre ».

La préco, vaste chantier

Parmi les exigences de la certification, le stockage des produits et surtout la préconisation ont été deux gros chantiers. « Ce sont les deux points qui ont demandé le plus de travail, estime Marie-Laurence Havard, chez Agrosud. Et cela le restera, il ne faut pas relâcher la pression. Les exigences vont rentrer dans les moeurs. » Pour la responsable QSE, la certification aura eu une autre conséquence : « Les entreprises se sont retrouvées confrontées à un choix : développer ou non les produits grand public. Et côté ressources humaines, il a fallu clarifier l'organigramme, déterminer qui fait du conseil et qui fait de la vente. » Autre impact : « De nombreuses entreprises ont dû revoir leurs contrats de travail », explique Sébastien Picardat, directeur général de la FNA, notamment pour supprimer la rémunération sur ventes. La traçabilité de la préconisation a poussé les distributeurs à se doter d'outils informatiques (lire ci-dessus). Parmi les écarts relevés pour la préco, « certaines entreprises n'avaient pas fait de bilan de fin d'année sur les préconisations réalisées, illustre Benjamin Perdreau chez Afnor certification, car beaucoup ont mis en place la démarche début 2013, et nous avons fait la plupart des audits cet été ». Un écart pouvant être levé en faisant un bilan a posteriori. Quant au stockage, il a fallu aménager les dépôts : produits CMR, T et T+ mis sous clé, séparer les produits incompatibles... « Ce qui peut être gênant en période chargée », explique Marie-Laurence Havard, chez Agrosud. Pour chaque structure, le nombre de dépôts audités correspond à la racine carrée de la totalité.

Un coût non négligeable

Le passage de la certification a aussi un coût. « Une formation Certiphyto de quatre jours représente environ 900 € », précise Marie-Laurence Havard. Et un audit, autour de 1 800 €. Sans compter l'éventuel outil préco informatique et le temps passé. « Pour les négoces adhérents à la FNA, les formations pour obtenir les certificats individuels ont représenté un budget de plus de deux millions d'euros », estime Sébastien Picardat. Mobilisée, la profession a franchi la première étape, comme en témoignent le Groupe Soufflet, le négoce Vernazobres, Dijon céréales, le Groupe Eurea et JEEM (lire p. 31 à 34). Pas question maintenant de relâcher la pression : cap sur l'audit de suivi, prévu dix-huit mois après l'audit initial. Ensuite, des audits de renouvellement seront effectués tous les deux ans.

DOSSIER RÉALISÉ PAR MARION COISNE

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