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Qualité de l'eau Coops et négoces se mouillent

La croisade pour la reconquête de la qualité de l'eau est lancée dans les campagnes. De la préconisation sur la fertilisation et la prévention des pollutions ponctuelles, à la gestion d'un bassin d'alimentation de captage, coopératives et négoces ont leur place.

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L'expression « mieux vaut prévenir que guérir » pourrait résumer en quelques mots les conclusions du rapport de la Cour des comptes du 11 février 2010 sur le financement de la gestion durable de l'eau. Il pointe en effet du doigt un modèle français curatif près de 2,5 fois plus coûteux que le préventif. Le Commissariat général au développement durable sortait des chiffres éloquents en septembre 2011 : « Le coût complet du traitement de ces excédents d'agriculture et d'élevage dissous dans l'eau serait supérieur à 54 Mds€ par an. » Soit 800 à 2 400 €/an/ha en agriculture conventionnelle pour potabiliser l'eau dans les aires d'alimentation de captage (AAC). Résultat la tendance est au durcissement de la réglementation. La mise en place des plans d'actions sur les AAC avance doucement mais sûrement (voir ci-contre). Et les financements se multiplient, fixés en janvier par le dixième programme des agences de l'eau pour 2013-2018.

Au total, 13,3 Mds€ sur six ans seront mobilisés pour l'eau et les milieux aquatiques, dont 6,5 % pour les pollutions agricoles (864,5 M€). Entre ceux en cours et à venir, les projets se multiplient. Et la grande majorité des agriculteurs (83 %) se sentent concernés, comme le révèle notre sondage. Près de 50 % sont déjà engagés dans des démarches de préservation ou d'amélioration de la qualité des eaux.

Des atouts à faire valoir

Quant à leurs partenaires privilégiés, les chambres d'agriculture sortent grandes gagnantes, et ce dans toutes les régions. Un résultat sans grande surprise : elles sont engagées sur le sujet depuis longtemps, et présentes dans la quasi-totalité des comités de pilotage des captages prioritaires. Viennent ensuite, la distribution agricole, puis les collectivités territoriales. A noter, dans l'ouest, que celles-ci arrivent même en deuxième position. Pourtant coops et négoces ont des atouts à faire valoir. « Les coopératives sont les seuls organismes qui peuvent être efficaces sur quatre échelles : parcelle, exploitation, bassin et filière », affirme Thibaut Constant, chef de bureau d'études adjoint, chez InVivo AgroSolutions. L'union est d'ailleurs très impliquée dans la démarche, entre diagnostics sur les captages, création d'outils de modélisation des flux et acquisition de références sur le terrain. Une vision partagée par Jérôme Ratiarson de l'agence de l'eau Seine-Normandie : « L'appui des coopératives est nécessaire, par exemple dès que l'on parle de diversification des assolements ou d'agriculture bio. » Denis Rousset, de l'agence de l'eau Rhône-Méditerrannée-Corse, est également convaincu : « Coops et négoces représentent une force de frappe importante en terme de conseil, et un engagement dans la durée. » De fait, la mobilisation des distributeurs est croissante, comme Cerena, Racine, Maïsadour, Euralis, Corea et la Coop de Broons, dont les initiatives sont présentées dans ce dossier. Le dixième programme des agences de l'eau devrait encourager l'implication des coops et négoces, avec « une volonté plus affichée de travailler avec les acteurs économiques », précise Jérôme Ratiarson. « C'est une réelle opportunité. Il s'agit de prendre le virage d'un nouveau métier, d'accompagner les changements à l'échelle d'un territoire, que les équipes des distributeurs agricoles connaissent bien », analyse Alexandre Durand, directeur d'Envilys, partenaire des acteurs du conseil agricole en matière d'environnement.

DOSSIER RÉALISÉ PAR MARION COISNE

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