Grandes cultures bio Monter en puissance

Après le développement des surfaces bio en vigne et en fruits et légumes (7 %), voire en fourragères, c'est au tour des grandes cultures, longtemps à la traîne, de passer sérieusement au bio. Certes, elles ne représenteraient que 1,7 % des surfaces en grandes cultures (contre 3,8 % pour l'ensemble des surfaces bio). Mais elles sont cette année cultivées sur près de 200 000 ha, si l'on ajoute aux surfaces certifiées celles en deuxième année de conversion. 100 000 t de blé devraient même être collectées à l'issue de la moisson à venir. Le double d'il y a cinq ans ! Avec moins d'un quart du blé panifiable bio, la France se rapproche de l'autosuffisance en blé panifiable. L'augmentation des surfaces en grandes cultures biologiques, en premier lieu les céréales et les oléoprotéagineux, est actuellement un levier essentiel pour participer au développement général de l'agriculture bio.

Potentiellement la filière la plus contributrice

Les grandes cultures restent d'ailleurs une filière prioritaire dans le fonds de structuration Avenir bio. Ce sont elles, en effet, qui peuvent contribuer le plus aux objectifs fixés par le plan Ambition bio 2017 de Stéphane Le Foll, « de doubler les surfaces, plus ou moins, entre fin 2012 et 2017, l'essentiel étant qu'il y ait la structuration ». Mais aussi d'éviter un éventuel nouveau trou d'air, après celui de la fin de la dernière décennie.

Il s'agit d'une part d'approvisionner les filières d'alimentation humaine où la demande est grandissante (blé meunier en tête), d'autre part d'assurer l'alimentation des animaux (par la production de matières riches en protéines). Mais idéalement, pour satisfaire la demande domestique actuelle, il manquerait encore 30 000 ha de grandes cultures, la moitié en soja.

Et pourtant, l'affaissement des demandes de conversion en ce début d'année n'épargne pas les grandes cultures. « Ce qui freine le développement, c'est le prix psychologique des productions à la vente, qui ne compense pas encore totalement les moindres rendements, alors que les excédents bruts d'exploitation sont équivalents, souligne Jean-Louis Mosnier, technico-commercial chez BioAgri. Néanmoins, il y a énormément d'agriculteurs conventionnels qui souhaiteraient franchir le pas. Il y a une volonté de fond qui existe chez les jeunes, la technique et l'agronomie les intéressent. » Il y a aussi ceux qui y sont contraints par la mise en place des plans d'actions sur les bassins d'alimentation de captage Grenelle. Pour accéder à ce marché en devenir, un nombre grandissant de collecteurs, et donc de distributeurs se convertissent eux aussi.

Les silos bio fleurissent

Ce qui ne manque pas d'ailleurs de provoquer une guerre des structures, entre les historiques et les nouveaux arrivants. En tout cas, de plus en plus de coops et de négoces prennent conscience qu'ils ne peuvent pas prendre le risque de perdre des agriculteurs. D'ailleurs, les silos dédiés au bio fleurissent, à l'instar de Qualisol, qui vient d'inaugurer sans doute le plus grand silo bio de France, 35 000 t réparties en 89 cellules ! Mais dans ce cas, plus question de bricoler en agrofourniture. La professionnalisation d'un marché encore ringardisé, il y a peu, est en marche. La construction d'une offre appros adaptée devient inévitable, tout comme la mise en place d'un suivi appuyé constitué d'équipes dédiées pour élaborer des itinéraires techniques qui répondent au défi de la qualité. Un changement d'échelle se profile, les coops et les négoces doivent réfléchir aux moyens de l'accompagner. Incontestablement, l'année 2013 sera une année déterminante pour les acteurs de l'agriculture biologique.

DOSSIER RÉALISÉ PAR RENAUD FOURREAUX