Paca Garder sa place au soleil
Pour sortir de la crise agricole, les coopératives et les négoces misent plus que jamais sur l'atout traditionnel régional qu'est le blé dur, et se mettent à la pointe de l'expertise agro-environnementale. Sans compter que ces derniers temps des rapprochements s'opèrent.
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Imaginez ici, un mas perdu dans les vignes et les vergers, et bercé par le charme du chant des cigales. Là-bas, les Alpilles découvrent leurs crêtes ciselées, illuminées par le reflet du soleil sur les champs de blé.
Pourtant, cette illusion de quiétude cache une inquiétante réalité. La plaine provençale, terre de diversité, est balayée par un mistral qui n'a plus le même accent. Son vin n'est parfois plus tiré : le vignoble a perdu 10 % de sa production par rapport à la moyenne quinquennale 2004-2008. Ses légumes et ses fruits n'ont plus la pêche, quasiment tous ont vu leurs surfaces reculer en cinq ans, à l'instar de la cerise qui affiche - 12 %. Même la lavande (- 17,3 %), touchée gravement par une bactérie, n'a plus le même parfum.
Une image qu'aurait pu dépeindre Alphonse Daudet dans une lettre de son moulin, lui qui regrettait en 1868, " que le temps des moulins à vent était passé, comme celui des coches sur le Rhône, des parlements et des jaquettes à grandes feurs ". Le temps de l'agriculture serait-il lui aussi passé à son tour ? Certes, quelques productions de niche, souvent labellisées, comme l'Agneau de Sisteron, tournent le dos à la morosité. Les grandes cultures sont peut-être aussi celles qui s'en sortent le moins mal, malgré leur soumission aux aléas des marchés. Mais la crise est aiguë. Le marché des phytos en atteste. Il s'est situé en retrait de près de 15 % la campagne passée dans la région.
Lorsqu'ils n'ont pas baissé les bras, les agriculteurs en appellent à leurs coopératives et négoces pour qu'ils leur apportent des réponses que ce soit en matière de production, d'environnement et de réglementation. Au pays du soleil, ces derniers n'ont pas le temps de faire bronzette. Bien au contraire, ils regorgent d'imagination pour faire évoluer leurs structures.
D'autant, que l'urbanisation galopante est prête à grignoter le moindre lopin de terre. Ils usent d'alliances bien sûr, et ils renforcent leur expertise en plaçant le conseil agro-environnemental au coeur du métier à l'exemple du réseau de négociants Agrosud. Les coops de la vallée du Rhône et de la Durance continuent, elles, à investir pour le blé dur, dans le souci traditionnel de proximité avec les céréaliers. Tout cela, pour que souffe à nouveau un mistral gagnant.
DOSSIER RÉALISÉ PAR RENAUD FOURREAUX ET CHANTAL SARRAZIN
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