L’AGPB s’inquiète du prix des engrais
Lors de sa conférence de presse de rentrée, mardi 16 septembre à Paris, l’AGPB a tiré la sonnette d’alarme. Malgré une récolte 2025 satisfaisante en volume et en qualité, la baisse des cours du blé et le poids des charges, notamment liées aux engrais, maintiennent les producteurs « dans le rouge ».
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Pour la troisième année consécutive, les agriculteurs vont être dans le rouge, a alerté Éric Thirouin, président de l’AGPB, à l’occasion de la conférence de presse de rentrée de l’association, mardi 16 septembre à Paris. Certains producteurs ont dû emprunter pour financer la campagne à venir, avec en moyenne 50 000 € manquants dans les fermes. »
Des prix « catastrophiques »
Côté production, la récolte 2025 a retrouvé des couleurs par rapport à 2024 avec des rendements au niveau de la moyenne olympique et une qualité au rendez-vous. Seule ombre au tableau, le prix du blé tendre. « Les cours ne cessent de chuter. Le prix moyen du blé tendre en sortie ferme tourne autour de 160 €/t pour des coûts de production moyens de 230 €/t. Il manque 70 €/t pour couvrir les charges ! », déplore le président, qui constate, par conséquent, une baisse des volumes engagés.
L’AGPB appelle donc la France à demander à l’Europe d’activer la réserve de crise pour soutenir les prix jugés « catastrophiques ». « Elle a été créée pour faire face aux aléas de marché et, cette année, c’est bien un problème de prix dont il s’agit », insiste Éric Thirouin.
Par ailleurs, le syndicat maintient son combat lancé en 2024 pour faire revaloriser le prix d’intervention. « Fixé depuis 2021 à 101 €/t, il serait aujourd’hui de 170 €/t si l’Europe l’avait fait évoluer avec l’inflation. » Il a également fait savoir qu’il travaillait à la mise en place d’un stockage stratégique.
Le poids des engrais
Mais parmi les inquiétudes majeures figure celle des prix des fertilisants, repartis à la hausse. Les sanctions européennes sur les engrais russes ont bouleversé l’équilibre de l’offre et de la demande et ainsi fait gonfler les charges des exploitations.
Depuis plusieurs années, l’AGPB milite pour une diversification des sources d’approvisionnement. Une demande entendue puisque la Commission européenne a annoncé son intention de supprimer les droits de douane sur les engrais en provenance des États-Unis. Cette concurrence devrait mécaniquement détendre quelque peu les prix. « Nous saluons cette décision. Lever les droits de douane sur les engrais américains, c’est desserrer un peu l’étau et redonner de l’air aux producteurs. Il est temps que l’Europe entende enfin la détresse des grandes cultures et agisse sans attendre », a déclaré Éric Thirouin.
Une nouvelle taxe à surveiller
Mais une autre menace se profile : la mise en place de la taxe MACF (Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) sur les engrais azotés. À compter du 1er janvier 2026, le statut de « déclarant MACF autorisé » deviendra obligatoire pour pouvoir importer des marchandises.
« À ce jour, nous ne connaissons ni la méthode de calcul, ni les modalités d’application de cette taxe. Les fournisseurs risquent d’anticiper en prenant une marge supplémentaire. Nous demandons donc à l’Europe de suspendre ce dispositif tant que toutes les règles ne sont pas clarifiées », a insisté le président.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :