Engrais : l’AGPB craint le black-out à l’import
L’Association des producteurs de blé évoque des risques majeurs sur les importations d’engrais avec l’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières au 1er janvier prochain.
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Y aura-t-il de l’engrais, non pas dans le ciel de Noël mais dans les ports français, en janvier prochain ? Et ce afin d’assurer la livraison dans les fermes avant la période clé des utilisations. La question, qui pose également celle de la rentabilité des systèmes de grandes cultures et de la capacité de l’agriculture française à subvenir à ses propres besoins, a été soulevée, vendredi 10 octobre, lors d’un point avec la presse organisé par l’Association générale des producteurs de blé (AGPB).
Car la prochaine entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF en français ou CBAM en anglais) rendrait l’importation des engrais azotés, urée ou solution azotée, trop risquée pour les filières d’importation.
Flou sur le montant des taxes
« La mécanique administrative n’est pas au point. Les importateurs ne prennent plus le risque d’affréter des navires qui pourraient arriver dans les ports au-delà du 1er janvier », déplore Sylvain Lhermitte, responsable Europe et filières au sein de l’AGPB. Le flou semble en effet très grand quant aux montants qui seront taxés et qui ne sont toujours pas définitivement connus alors même que les sommes en jeu s’annoncent colossales.
S’appuyant sur le simulateur MACF mis en ligne par la direction générale Énergie et Climat (DGEC) du ministère de l’Écologie, Sylvain Lhermitte estime que « pour un navire de 40 000 tonnes de solution azotée, le montant de la taxe pourrait atteindre 4,8 M€. Sachant que la marge de l’importateur en comparaison est de 100 000 à 150 000 €. »
Les forfaits ne sont pas connus
Le système de certification pays par pays des émissions de gaz à effet de serre sur lequel repose le calcul de la taxe « n’est pas opérationnel, dénonce le spécialiste de l’AGPB. La Commission européenne va donc appliquer des forfaits, mais qui ne sont pas encore connus, tandis que les denrées agricoles ne seront pas protégées par le MACF, ce qui créera des distorsions de concurrence. »
Pour faire simple, les céréales provenant des pays tiers bénéficieront d’un avantage compétitif à l’importation (car issues d’engrais non taxés), tandis que les céréales européennes seront pénalisées à l’exportation (car issues d’engrais taxés). Le surcoût pour la ferme France est donc loin d’être négligeable et se porte à 70-80 €/ha selon les calculs de l’AGPB, soit environ 10 € par tonne de blé produite.
43 % des besoins concernés par le MACF
« En France, au moins 43 % de nos besoins en engrais – tout confondu, N, P et K – sont concernés par le MACF. Structurellement, nous sommes importateurs d’engrais. Nous avons besoin des formes d’engrais d’importation et notamment de solutions azotée et d’urée pour nos exploitations agricoles », pointe Cédric Benoist, secrétaire général adjoint de l’AGPB, membre de l’observatoire européen du prix des engrais et membre du groupe céréales au Copa-Cogeca.
« Nous n’envisageons pas que le MACF ne soit pas ajourné, au moins pour la campagne 2026, tant que nous n’aurons pas un système complet et cohérent », complète Sylvain Lhermitte.
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