InVivo-Soufflet : noces de coton fructueuses
En un an, InVivo a déjà commencé à jouer les synergies avec Soufflet, que ce soit sur le trading, l'agriculture ou les filières.
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Un an après avoir finalisé l'acquisition du groupe Soufflet, devenue filiale à 100 % d'InVivo, l'intégration semble réussie du point de vue de la nouvelle maison mère. « Les équipes sont vraiment embarquées, elles portent le drapeau sans oublier d'où elles viennent ni leur savoir-faire », se félicitait Sébastien Graff, à l'occasion de la convention InVivo, le 14 décembre. Celui qui a été nommé cet automne DG en charge des RH, de la communication et des projets stratégiques pour l’ensemble du groupe, évoque un dispositif solide « organisé autour d'une colonne vertébrale de 70 cadres dirigeants ».
Le trading fusionné
Après la cession de Soufflet alimentaire (Vivien Paille) au groupe Avril, un des temps forts de l'année 2022 a été la création de Soufflet négoce by InVivo, qui regroupe les bureaux de trading d'InVivo et de Soufflet. « C'était un véritable défi de faire travailler ensemble des traders qui ont été pendant très longtemps concurrents, se réjouit Thierry Blandinières, DG d'InVivo. On s'est finalement aperçu qu'on était plutôt complémentaire. Tout le monde a trouvé sa place. Réussir l'intégration du trading, c'est fait ! » C'est Jean-François Lépy, le patron de Soufflet négoce, qui devient directeur du nouvel ensemble dans lequel a également été fondue Grains Overseas, la plateforme de commercialisation de céréales, créée à l'été 2019 par InVivo, Axéréal et NatUp. « C'était une évidence de mettre les équipes sous le même toit, au service d'une même ambition, relate ce dernier. Ce n'est pas parfait, il y a encore beaucoup de travail à faire, mais un groupe est en train de se constituer sur l'échiquier mondial. »
« Réussir l'intégration du trading, c'est fait ! »
Le directeur voit pour l'entité deux axes de développement : accompagner l'émergence de marchés de produits agricoles qui auront une empreinte bas carbone, « une demande naissante qu'il faudra structurer en termes d'outils », et « aider nos clients à gagner en souveraineté, à redévelopper la production en local. Cet axe complémentaire au commerce est un positionnement unique : faire du commerce qui donne du sens à nos clients, à nos fournisseurs, à nos équipes. »
« Un leader du bas carbone »
L'alchimie est également recherchée au niveau du pôle agricole, où Thierry Blandinières vante « la complémentarité de deux métiers : Bioline, apporteur de solutions, et Soufflet, qui est là pour servir l'agriculteur et démontrer que ses solutions sont rentables, compétitives ». Christophe Passelande, directeur de Soufflet Agriculture (toujours adhérent de Symphonie), n'en pense pas moins : « On s'est toujours positionné comme distributeur de l'offre premium, de l'innovation, notamment avec nos marques propres, Soufflet Seeds, nos engrais de spécialités ou encore notre offre digitale Farmi qui comprend aujourd'hui un module de commercialisation très dynamique. » De son côté, Aladin poursuit sa croissance sur le créneau de la digitalisation de l'appro (lire encadré ci-contre).
Aussi, InVivo réfléchit avec Soufflet à la valorisation du bas carbone, sujet majeur pour le groupe français, qui revendique d'ailleurs 85 % de parts de marché dans la réalisation de diagnostics carbone avec son outil Carbon extract. En outre, le groupe veut faire de la ferme française un leader des orges bas carbone. Cette ambition s'est matérialisée cet été par le lancement de la première filière Orge responsable tracée en France, créée par Kronenbourg, Malteries Soufflet et Soufflet Agriculture, et qui s’inscrit dans la démarche Semons du sens, portée désormais par InVivo. Dès 2023, la 1664 Blonde sera brassée avec près de 20 % de malt provenant de cette filière, pour atteindre progressivement 100 % en 2026. « Les premières bières avec du malt bas carbone ont été produites ces derniers jours », signale Guillaume Couture, directeur de Malteries Soufflet. Cette dynamique va aussi permettre au malteur de proposer une offre de malt bas carbone « inédite sur le marché français » dès la récolte 2023, en assurant « une traçabilité complète du champ à la bouteille », grâce à sa solution blockchain, Transparency.
Nouveau souffle pour la Filière blé
Le groupe planche aussi sur un projet de baguette décarbonée, en misant notamment sur sa nouvelle entité Filière blé, réunissant les entreprises du pôle aval de Soufflet (Neuhauser, Moulins Soufflet, AIT Ingredients). « Quand on a repris Soufflet, tout le monde nous disait de nous séparer de Neuhauser, relate Thierry Blandinières. C'était la grande inquiétude. Les salariés, qui ont vécu plusieurs plans de restructuration, étaient aussi très inquiets. On a pris le chemin inverse, mais on n'a pas hésité à tout changer au niveau management. Et on est déjà à l'équilibre sur le mois d'octobre. » « Le plan de retournement (NDLR : présenté en mai) est en bonne voie », veut croire François-Xavier Quarez. L'ancien DG de Vandemoortele France dirige depuis un an cette entité Filière blé, qui ambitionne d'ailleurs « de doubler en cinq ans ». Les axes stratégiques pour y parvenir (croissance organique, repositionnement de l'offre...) seront dévoilés au Sirha, à Lyon, le 20 janvier.
D'InVivo Retail à Teract
Le groupe aux désormais 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires s'est aussi fait remarquer en mettant en orbite Teract, contrôlée par InVivo et le trio Moez-Alexandre Zouari, Xavier Niel, Matthieu Pigasse, et cotée sur Euronext depuis le 1er août. À travers sa filiale InVivo Retail, Teract emploie 5 300 collaborateurs et regroupe plusieurs enseignes de la jardinerie (Jardiland, Delbard, Gamm vert...) et de l'alimentaire (Frais d'ici, Bio & co...). Elle vient en outre de reprendre en fin d'année dernière trois magasins Grand Marché, La Marnière dans les Yvelines, et surtout Boulangerie Louise (lire encadré ci-dessous) et ses 1 500 salariés. « Teract est le seul acteur à réunifier l'amont et l'aval », expose son DG délégué, Guillaume Darrasse. « C'est une plateforme unique où l'on doit tous se retrouver autour d'une nouvelle alimentation », ajoute Thierry Blandinières, président de cette structure qui s'est substituée à InVivo Retail dans la communication du groupe.
« Depuis cinq ans, on n'a pas arrêté de changer le modèle économique », reconnaît Thierry Blandinières. Mais entre-temps, le groupe a doublé de taille, avec 13 000 collaborateurs (hors Boulangerie Louise) et son Ebitda est passé de 60 M€ en 2013-2014, lorsqu'InVivo n'était encore qu'une union de moyens, à 245 M€ en 2021-2022. « Pour résumer, InVivo est organisé sur des trajectoires puissantes sur les quatre grands marchés : le trading, l'agriculture, l'agroalimentaire et le retail. La disruption, l'agilité, c'est ce qui fait la différence pour avancer », veut croire Thierry Blandinières, qui n'a pas boudé son plaisir en écoutant l'explorateur Bertrand Piccard, invité pour l'occasion à la convention : « L'innovation, ça ne vient pas quand on a une nouvelle idée, ça vient quand on abandonne les vieilles certitudes. »
« L'innovation, ça vient quand on abandonne les vieilles certitudes »
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