Biostimulants : qui veut être mon associé ?
Le ralentissement du marché ne doit pas masquer le foisonnement de solutions prometteuses, notamment en fertilisation associée.
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Trésoreries tendues des exploitations agricoles d’une part et baisse des prix des matières premières de l’autre... « Malgré le contexte actuel, nous constatons à périmètre constant une augmentation à deux chiffres du chiffre d’affaires correspondant majoritairement à la commercialisation de produits à base de microorganismes et de substances d’origine organique », souligne Stéphanie Tiprez, directrice de l’Afaïa, à propos des retours d’enquête de ses adhérents sur leur activité de commerce des biostimulants. Se référant cette fois à un panel d’utilisateurs (Kynetec), Pierre-Yves Tourlière, responsable développement productions végétales de Timac Agro France, évoque quant à lui un léger tassement de l’utilisation des biostimulants en grandes cultures en 2024, mais dans un contexte de forte croissance ces dernière campagnes. « Le marché des biostimulants en grandes cultures a plus que doublé entre 2019 et 2024 », insiste t-il.
Consolidation des modèles
Dans un marché en plein foisonnement et ultra-sensible à la santé financière des agriculteurs, les entreprises, fabricants et fournisseurs, doivent surtout trouver le juste équilibre dans leur modèle économique. À l’image du fabricant Gaïago qui, après avoir été placé en redressement judiciaire, a annoncé fin juin avoir pu rapidement refinancer ses activités grâce à l’actionnariat de l’énergéticien Vol-V. Le business-model doit ainsi se recentrer sur le programme carbone de l’entreprise qui permet de financer les biostimulants de régénération des sols en valorisant le stockage de carbone sous forme de crédits carbone. Le marché apprend ainsi à mieux se positionner et à mieux trouver sa rentabilité dans un secteur dominé par l’esprit entrepreneurial des start-up.
D’un point de vue réglementaire, la reconnaissance officielle des biostimulants par le règlement CE porte ses fruits et les fabricants sont de plus en plus nombreux à proposer des gammes certifiées CE. « Les travaux d’élaboration des normes harmonisées permettent de répondre aux exigences du règlement européen en matière d’innocuité, par exemple, ajoute Stéphanie Tiprez. Il est à noter que les 33 normes relatives aux biostimulants seront publiées d’ici la fin de cette année. Les travaux se poursuivent pour les autres types de matières fertilisantes. »
Améliorer l’efficience de l’engrais
Une des dynamiques fortes dans le contexte actuel est la mise en œuvre des biostimulants de façon associée à des nutriments afin d’améliorer l’efficacité globale de la fertilisation. « Sur ces sujets, cela peut nous amener à travailler de façon plus intégrée au sein d’un itinéraire technique, constate Pierre-Yves Tourlière. Certains de nos biostimulants de nutrition azotée méritent par exemple d’être appliqués en sortie d’hiver pour une efficacité nutritionnelle des apports d’azote à venir. Nous devons travailler de façon anticipée et pas uniquement en pompier. Cet enjeu est aujourd’hui mieux partagé avec la distribution. » Les biostimulants qui agissent sur les profondeurs d’enracinement apportent aussi des éléments de solution d’amélioration de l’utilisation des engrais par les plantes. « En 2023-2024, les enracinements du blé étaient insuffisants. L’azote a ainsi été mal absorbé, ce qui a contribué à pénaliser les rendements », souligne-t-il.
Une forte émulation
L’émulation autour de ces sujets d’optimisation de la fertilité a été très forte au cours de l’année. L’entreprise familiale OvinAlp a, par exemple, présenté fin octobre sa nouvelle stratégie visant à déployer plus largement sa solution de biostimulant à base de fumier fermenté pour restaurer la vie des sols et améliorer de la sorte la nutrition des plantes. L’ambition est notamment de cibler les marchés des grandes cultures ainsi que les marchés exports. Le fabricant de biostimulants Via Végétale s’implique particulièrement dans la problématique de la disponibilité du phosphore pour lever les freins au déploiement de la culture de soja en France à travers un programme national LetsProSeed. Deux agriculteurs de l’est de la France ont fondé l’entreprise Power The Nature. Ils arrivent ainsi sur le marché jusqu’ici un peu délaissé des roches micronisées avec leur produit FertiRoc à base de zéolite qui améliore notamment la nutrition azotée des plantes. Fertinagro a lancé également cette année sa propre solution de fixation libre d’azote de l’air par des bactéries, Azo-N. La poursuite de la stratégie internationale « Gigaton carbon » visant à fixer une gigatonne de carbone dans les sols par des mesures ciblées sur la production de biomasse et la fertilité a été annoncée par UPL. L’entreprise Frayssinet a dévoilé de son côté, début novembre, un nouveau concept « d’immunité nutritionnelle » avec sa gamme Fray7. Ces produits associent des nutriments organiques avec un probiotique et un catalyseur nutritionnel végétal en vue de stimuler les défenses naturelles des plantes par la nutrition.
Ces exemples parmi tant d’autres montrent que les biostimulants, les engrais minéraux et les engrais organiques semblent bel et bien partager un destin commun autour de ces problématiques de nutrition. L’enjeu est de créer des synergies entre ces solutions pour améliorer l’efficacité globale du système à l’échelle de l’exploitation agricole. Ce que nous voyons arriver sur le terrain aujourd’hui n’est sans aucun doute que le début d’un long travail à venir.
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