Herbicides céréales Le désherbage d’automne reprend des couleurs
La campagne passée s’est caractérisée par un retour à la normale, notamment pour les applications d’automne. En outre, même si le flufénacet est encore autorisé jusqu’à fin 2026, les firmes anticipent son prochain retrait.
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Le désherbage des céréales à l’automne 2024 s’est déroulé dans de meilleures conditions que l’année précédente, malgré quelques problèmes au départ pour entrer dans les parcelles en raison des pluies. Les applications ont été réalisées plus tardivement que pour un automne normal, mais elles furent plutôt efficaces. « Les produits de prélevée ont été davantage utilisés », souligne Laurent Magnant (Ascenza). Alice Nolli (Bayer Crop Science) note toutefois « des relevées tardives au printemps ». De son côté, Elsa Penguilly, chez Corteva, pointe un fort développement des vivaces comme le chardon. « Les applications ont été réalisées trop tardivement sur des céréales dont les stades ont évolué très rapidement. Il fallait être réactif pour désherber avant deux nœuds. » Et Julien Vaugoux (Syngenta) d’insister : « La pression initiale est tellement importante que dans certaines situations, les agriculteurs sont dans des impasses. Au printemps, il y a aussi des relevées tardives de vulpin et ray-grass, des produits mal appliqués et des résistances. Si les pratiques ne sont pas radicalement changées, cela devient compliqué. Aujourd’hui, il y a une sous-utilisation des leviers agronomiques comme l’allongement des rotations, le décalage des dates de semis… Le désherbage reste clairement l’enjeu numéro 1. » Anne-Sophie Becue (Adama) souligne aussi l’intérêt du choix de variétés tolérantes au chlortoluron permettant d’utiliser « la cartouche des produits résiduaires ».
+ 30 % d’applications à l’automne
À l’automne, la proportion des traitements atteint 71 % contre seulement 54 % en 2023 du fait des fortes précipitations qui avaient empêché les agriculteurs de désherber certaines parcelles. Soit une hausse de plus de 30 %. Le nombre de passages est stable à 1,3, tandis que le coût moyen est de 70 €/ha traité. Par ailleurs, la part des programmes à double traitement et plus continue de progresser pour atteindre 29 % des passages d’automne. Quatre molécules ont dominé les ventes sur céréales à l’automne 2024 : le diflufénican ou DFF (3,8 Mha traités), le flufénacet ou FFA (3,2 Mha), le prosulfocarbe (2,3 Mha) et la pendiméthaline (1,4 Mha). Elles sont suivies par le chlortoluron (0,8 Mha) et l’aclonifen (0,7 Mha).
Les applications au printemps 2025 ont, elles, reculé à 29 % (contre 46 % en 2024 et 25 % en 2023), avec une baisse des antigraminées et antidicotylédones, mais une hausse des produits auxiniques contre les chardons. Les produits résiduaires comme le chlortoluron, pouvant être appliqués réglementairement jusqu’à fin février, sont aussi à la hausse.
Au total, grâce à une hausse de la sole de céréales semées (6,5 Mha) et à la progression des applications d’automne, les surfaces désherbées atteignent 15,6 Mha déployés (+ 14 % environ) par rapport à la campagne précédente.
Syngenta n° 1 en surfaces
Syngenta devient le leader du marché (environ 20 % de PDM en ha) grâce à des ventes très dynamiques à l’automne (solutions à base de prosulfocarbe) et au printemps (offre Axial Technology à base de pinoxaden). « Tout le travail d’accompagnement et de pédagogie sur nos produits fait notre force. Nous resterons le pilier du marché des herbicides céréales », juge Julien Vaugoux. Adama pointe à la deuxième place, en progressant à 14 % de PDM sur la campagne entière. La firme est stable à 20 % pour les produits d’automne. De son côté, Bayer recule à la troisième place sur le créneau des herbicides céréales à l’automne (18 % de PDM). Sur blé d’hiver uniquement (produit Maténo), Bayer est deuxième derrière Syngenta. La firme reste première en valeur (27,6 %), devant Syngenta et Adama (en hausse à 13,6 %).
Quant à Corteva, elle recule légèrement à 10,2 %, tout comme FMC (10 % environ). BASF Agro atteint 13 % pour l’automne 2024, avec notamment un regain d’intérêt pour Celtic (pendiméthaline + picolinafène) dans la construction des programmes. Par ailleurs, Trooper (flufénacet + pendiméthaline) a progressé de 30 % sur deux ans. Suivent enfin Ascenza (légère baisse à 8 % en ha à l’automne, 5 % en valeur) et Nufarm.
Prosulfocarbe maintenu
Côté réglementaire, l’Anses a confirmé en avril dernier qu’elle maintenait les autorisations de mise sur le marché des produits contenant du prosulfocarbe. Elles étaient en sursis depuis octobre 2023, dans l’attente de données permettant de prouver que les nouvelles conditions d’usage réduisent l’exposition des riverains. Ces conditions d’emploi des produits (utilisation de buse anti-dérive, mise en place de distances de sécurité, stade d’application à ne pas dépasser, vigilance à côté de cultures non-cibles et réduction de la dose maximale) sont inchangées. Le prosulfocarbe est autorisé jusqu’au 31 janvier 2027 dans l’Union européenne.
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