26 filières lancent un SOS face à la crise énergétique
Dans un communiqué commun du 16 novembre, 26 interprofessions appellent à plafonner les prix de l’énergie à 180 €/MWh face au danger de leur inflation pour le secteur agricole et alimentaire. « Une question de survie » pour Céline Imart, agricultrice et porte-parole d’Intercéréales, interviewée par Agrodistribution.
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« Sans un plafonnement des prix du gaz et de l’électricité, une très grande partie de nos entreprises ne pourront pas assurer le maintien des chaînes agricole et alimentaire », déclarent, d’une même voix, vingt-six interprofessions (1) dans un communiqué diffusé le 16 novembre. Cette mobilisation unique des filières animales et végétales démontre toute l’urgence de la situation générée par l’inflation galopante des prix du gaz et de l’électricité. « À risque unique, mobilisation unique », lance Céline Imart, agricultrice et porte-parole d’Intercéréales qui prend part à cette initiative commune. « C’est un enjeu de survie pour toutes les filières », ajoute-t-elle.
Les dispositifs d’aide en France pour les professionnels sont considérés comme insuffisants. Pour exemple, le dispositif amortisseur électricité annoncé dernièrement, qui doit faire l’objet d’un amendement au projet de loi de finances 2023, ne couvrira qu’en partie la hausse de la facture énergie, à partir du 1er janvier 2023, pour les TPE ayant un compteur électrique d’une puissance supérieure à 36 kilovoltampères (kVA) et les PME.
Plafonner les prix comme les voisins européens
Tout comme le bouclier tarifaire actuel qui, au-delà des particuliers, ne couvre qu’un nombre limité de TPE et d’exploitations agricoles, en raison notamment du plafond à 36 kVA pour la puissance du compteur électrique. « Mon exploitation ne peut pas bénéficier de ce bouclier tarifaire, confie Céline Imart. Les nouveaux tarifs d’électricité qui commencent à être communiqués sont impressionnants alors que certains producteurs ont, par exemple, de gros besoins d’énergie pour la conservation par le froid de leurs produits. »
Aussi, « nous souhaitons un dispositif pour plafonner le prix de l’énergie à 180 €/MWh, à l’image de ce que font nos voisins européens, notamment l’Allemagne qui va plafonner son prix de l’électricité à 130 €/MWh, explique Céline Imart. Notre demande est en fait très simple. D’autant que l’ensemble des charges sont à la hausse pour les exploitations avec l’augmentation des prix en engrais, carburant et main-d’œuvre, comme pour les autres maillons de nos filières. »
200 €/MWh en Espagne et au Portugal
En effet, certains des États membres de l’UE ont pris ou vont prendre des initiatives individuelles pour plafonner le prix de l’énergie. L’Espagne et le Portugal sont déjà passés à l’acte avec un prix à 200 €/MWh. Alors que, comme le souligne le communiqué des 26 interprofessions, « beaucoup de nos entreprises achètent à des prix supérieurs à 500 €/MWh sur le marché français ».
On se retrouve donc avec un marché de l’énergie vecteur de distorsions de concurrence générées par les différences de traitement de la situation énergétique sur un plan européen et par les différences entre les contrats énergie d’une entreprise à l’autre (notamment selon leur date d’échéance).
Réduire les gammes et l’activité
« Face à ces distorsions, si beaucoup d’entreprises ne peuvent pas répercuter l’explosion des coûts de production, elles n’auront pas d’autres choix que de rationaliser leurs gammes et/ou de réduire drastiquement leurs activités, voire de les arrêter définitivement. Cette situation menace concrètement la compétitivité des produits français et donc la continuité de l’approvisionnement du marché intérieur ainsi que la compétitivité à l’export », soulignent l’ensemble des interprofessions qui insistent sur le fait que « nos entreprises ne pourraient survivre à des prix de l’énergie significativement supérieurs (au-delà de 180 €/MWh) à ceux de nos homologues européens. »
Hélène Laurandel
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