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Pourquoi le lupin veut conquérir les champs

Alors que la demande en alimentation humaine croît, et que les perspectives pour nourrir les animaux sont séduisantes, le projet Arsene, porté par Terrena, veut lever les verrous de la culture du lupin, au champ et dans les usines.

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1 Des maillons alignés

Doté de 3 M€, dont 1,75 M€ financé par la BPI, Arsene vise à développer la culture du lupin. Chef de file du projet, Terrena y est représenté à plusieurs titres : Cérience pour la génétique, la coopérative pour la production et la collecte, Inveja pour l’agroalimentaire, et la production d’aliments pour animaux. Sont également associés Terres Inovia, Idele, Inrae et Biolie (cosmétique). « La chance d’Arsene, c’est d’aligner tous les maillons de la filière pour lever les verrous », appuie Denis David, directeur adjoint de Cérience, leader en matière de génétique lupin, et chef de projet Arsene. Le lupin est aujourd’hui principalement cultivé dans l’ouest de la France, le groupe coopératif ligérien étant le plus gros producteur. « À terme, nous visons 12 500 ha de lupin sur Terrena, soit la moitié des 25 000 ha projetés au niveau national », chiffre Denis David.

2 L’itinéraire technique progresse

L’un des freins à la culture du lupin, outre un manque de demande de l’aval, est la variabilité des rendements. En moyenne de 25 q/ha sur la zone Terrena, « nous avons des producteurs qui font régulièrement 30 à 50 q/ha, et à partir de 30 q/ha, la culture devient compétitive pour une utilisation en alimentation humaine et animale », chiffre Denis David, expliquant que des travaux vont être menés pour identifier les facteurs clés de réussite chez les agriculteurs. Notamment, « il faut semer peu densément », appuie Agathe Penant, chez Terres Inovia. En parallèle, Cérience mène des recherches pour de nouvelles variétés, étudiant notamment l’absence d’alcaloïdes, la teneur en protéines, la tolérance à la verse, aux stress abiotiques et biotiques ou encore la précocité de floraison. Les variétés devraient sortir dans huit à dix ans.

3 Les assiettes en réclament

Le projet Arsene vise aussi à développer de nouveaux débouchés. Inveja en utilise déjà pour produire des ingrédients pour l’alimentation humaine, le lupin possédant plusieurs fonctionnalités : il est émulsifiant, colorant et rétenteur d’eau. « 95 % du lupin est vendu à l’export », avec une demande croissante, explique Philippe Marquis, directeur R&D d’Inveja, les industriels français étant moins demandeurs car le lupin fait partie des allergènes majeurs. La graine vient par exemple enrichir les pâtes de l’italien La Molisana. L’entreprise mène des essais avec Inrae sur le décorticage, pour obtenir la farine la plus fine possible, et sur les process, afin d’augmenter le taux de protéines, actuellement de 42-45 %. Actuellement, elle manque de volumes de lupin français, et doit importer.

4 Des pistes en nutrition animale

En alimentation animale, le lupin n’est pas encore au menu chez Terrena, mais des travaux sont menés en volailles, porcs et ovins. D’ici 2033, l’activité nutrition animale du groupe envisage d’incorporer 20 000 t de lupin par an dans ses aliments pour volailles, porcs et lapins. Chez Valorex, le lupin est déjà intégré dans les aliments de la gamme Prodival. L’entreprise travaille 1 000 à 2 000 t de lupin par an, 100 % français, « et on peut imaginer être à 10 000 t d’ici cinq à dix ans, selon l’évolution du marché », estime Guillaume Chesneau. Selon le directeur R&D, « le lupin, avec une bonne concentration en protéines, apporte de la diversité dans la ration. La source d’énergie est différente, sans amidon. Pour nous, la graine rentre dans le mix des légumineuses, comme la féverole ».

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