Négociant à la ferme
Didier Lecouteux, 59 ans, mène de front depuis vingt-cinq ans les deux métiers d'agriculteur et de négociant en misant sur la proximité avec ses clients.
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Didier Lecouteux est-il un agriculteur négociant ou un négociant agriculteur ? Il est en effet à la tête du négoce Agri-Caux, près d'Yvetot, en Seine-Maritime. Et il dirige une exploitation agricole de polyculture-élevage de 300 ha avec trois cents vaches allaitantes. Lorsqu'il s'installe en 1972 sur cette exploitation, la surface est seulement de 50 ha et Didier Lecouteux produit du lait à côté des cultures. Il livre sa récolte à la coopérative agricole de la région d'Yvetot (CARY) : " C'était une petite coopérative bien gérée avec seulement trois salariés et une soixantaine d'adhérents dans un rayon de dix kilomètres. Faute de modernisation, elle a dû s'arrêter et son activité a été reprise par Noragro, devenue Noriap. "
Pas de commercial
Mais l'agriculteur ne s'y retrouve pas dans cette nouvelle structure et se sent pousser des ailes d'entrepreneur. En 1985, il investit 150 000 € dans un pont-bascule et un bâtiment de 1 500 m² et crée le négoce Agri-Caux. Il intègre également dans cette société l'activité de découpe et de vente directe de viande bovine lancée sur la ferme trois ans plus tôt. En productions végétales, Didier Lecouteux collecte d'abord pour un autre négoce du département, les établissements Ribet, et ce n'est qu'en 1999 qu'il devient organisme stockeur.
Au fil des ans, l'entreprise se développe et le cercle des clients s'élargit à toute la Seine-Maritime. La surface de stockage atteint aujourd'hui 4 000 m² avec un séchoir d'une capacité de 25 t. Le chiffre d'affaires de 2010, 35 M€, est réalisé à 90 % par la vente des productions végétales et le reste par les engrais, semences, aliments du bétail et la viande bovine. La collecte, composée à 75 % de blé, était de 90 000 t l'an dernier. " Pour les débouchés, nous profitons de la proximité de Rouen. Un accord avec un transporteur permet de livrer directement sur le port depuis la ferme du client. Seulement 10 000 t passent par notre stockage ", explique Didier Lecouteux.
Départements limitrophes
Cette politique de la livraison directe par camion complet prévaut également pour les engrais et les aliments du bétail. Elle est indispensable au fonctionnement d'Agri-Caux, Didier Lecouteux assurant seul le fonctionnement de l'entreprise. Son épouse et un boucher sont attachés à l'activité viande bovine, mais aucun commercial ne visite les agriculteurs : " Je ne prospecte pas, les clients arrivent souvent par le bouche à oreille et apprécient que je fasse le même métier qu'eux. Ils ne veulent pas perdre de temps, toutes les ventes se font par téléphone. Même si j'embauche un commercial, mes clients vont quand même m'appeler ! " Même si l'heure de la retraite approche, Didier Lecouteux n'est pas près de lâcher les rênes d'Agri-Caux. Toujours en misant sur la réactivité et la proximité, il souhaite maintenant se développer dans les départements limitrophes. Alors que son fils Arnaud travaille sur l'exploitation agricole, sa belle-fille Anne-Marie s'intéresse à l'activité du négoce et envisage de l'aider pour la partie administrative et la boucherie. Un investissement de 300 000 € est prévu cette année pour ouvrir un vrai magasin de boucherie- charcuterie sur la ferme. Il viendra compléter la vente sur les marchés réalisée cinq jours par semaine par l'épouse de Didier Lecouteux. Agri-Caux restera bien une entreprise familiale.
Jean-Claude Ballandonne
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