Culture bio
Mélanie Jouve, 23 ans, est chargée de mission bio à la Maison François Cholat, où elle a monté une filière bio de A à Z.
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« Vingt-trois ans ? Son CV doit être court ! » Peut-être dans le temps, mais dans le cas de Mélanie Jouve, il est bien rempli ! A même pas 24 ans, elle a déjà mis en place une activité en grandes cultures bio dans le négoce rhône-alpin. Une filière qui ne s'est pas montée toute seule. Le bio, Mélanie Jouve est tombée dedans quand elle était petite : fille d'éleveurs de vaches allaitantes en bio, elle a grandi dans la Drôme, et plus précisément dans la Biovallée, territoire pionnier sur le sujet. Après un Bac S en lycée agricole à Bourg-lès-Valence, qui abrite le salon Tech & Bio, elle enchaîne sur un DUT à Lyon, et une licence pro en alternance, « Agriculture biologique, conseil et développement ». « Je voulais mettre un pied dans le monde du travail, mais après, il faut trouver une entreprise, c'est plus délicat », raconte l'intéressée. En l'occurence, ce fut un chemin de croix. Acceptée dans l'une d'entre elles, on lui annonce fin août que ce n'est finalement pas possible. Elle débute donc la licence sans apprentissage, et ses professeurs lui donnent jusqu'à fin novembre pour en trouver un, sinon il faut sortir du cursus. «Ils m'ont proposé des apprentissages en rayonnage dans un magasin bio, mais c'était loin de ce que je voulais faire », relate Mélanie Jouve. Et pas question de choisir par dépit : « Je me serais arrêtée. » Alors elle met les bouchées doubles, et envoie des CV à tour de bras.
Candidature spontanée
Au Sommet de l'élevage, à Cournon, elle passe déposer son CV chez Le Père François, l'activité alimentation animale du négoce Cholat. « Il a été mis dans une panière, en dessous, je n'avais pas beaucoup d'espoir ! » L'appel de la responsable RH la prend de cours : « Elle m'a dit, c'est la Maison François Cholat à Morestel. » J'ai pensé « mais c'est où déjà Morestel ? », se souvient-elle en souriant. Elle rencontre les dirigeants, qui lui font part de leur volonté de creuser le sujet du bio. Le courant passe, et ils lui donnent une voiture de fonction, un ordinateur, et la mission de parcourir la campagne pour faire une étude de marché. Elle rencontre agriculteurs, fournisseurs, décortique la réglementation... Et finit par être embauchée en CDI pour donner vie au projet. La chargée de mission construit alors les gammes en fertilisation, protection des cultures, met à jour les volets réglementaires, répertorie les produits UAB (utilisables en agriculture bio), édite un guide technique pour les équipes terrain... Aujourd'hui, elle suit aussi des agriculteurs, en bio et en conversion. « On les accompagne, on cherche des solutions. C'est un changement de cap. On les rassure aussi. C'est une jolie partie du métier. » Etre une femme, jeune, dans le bio : un triple handicap ? Mélanie Jouve sourit. « Il y a eu quelques blagues : "Tu feras attention, les chocolats ne sont pas bio", mais c'était toujours pour rire. »
« Une équipe solidaire »
Plus sérieusement, elle reprend. « J'ai toujours été soutenue par tout le monde. Je suis bien entourée. C'est une entreprise familiale, on a une équipe très solidaire. » Une intégration réussie, et aujourd'hui, elle entend bien continuer de s'investir dans le poste. « Avoir une mission comme celle-là à mon âge est une très belle opportunité. Cela fait quatre ans, et il reste plein de choses à faire. Et je ne suis pas toute seule : j'ai encore beaucoup à apprendre, et je suis bien épaulée. C'est un plaisir de travailler ici. »
Marion Coisne
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