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Multiplicateur d'activité

M. COISNE

Thierry Ménard, 41 ans, est actionnaire des Ets Pohu et responsable de l'activité agricole qu'il a fait germer, après avoir été à la tête d'une coopérative à 26 ans.

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Ecouter Thierry Ménard raconter son parcours professionnel, c'est un peu comme regarder une série TV. Les minutes défilent sans que l'on s'en rende compte et tous les ingrédients sont réunis : des opportunités inopinées, des rebondissements avec ce petit coup du destin qui fait dire « et si ? », des obstacles surmontés, et même le rêve américain. Aujourd'hui, Thierry Ménard est actionnaire et responsable de l'activité agricole des Ets Pohu, branche qu'il a développée, après avoir été à la tête d'une coopérative agricole à 26 ans. L'histoire commence près de Cholet, dans le Maine-et-Loire. Thierry Ménard baigne dans le monde agricole : ses parents sont producteurs, investis dans la coop locale, et les cinq enfants se lancent dans des études agricoles. Après un BTS ACSE, orienté lait, il décide de traverser l'Atlantique. « L'idée de départ, c'était de barouder, et de s'installer après », raconte l'intéressé. Il atterrit dans un élevage laitier dans le Connecticut, où il est « l'esclave de la maison » : « Je suis parti au bout de quinze jours ! » Direction l'Etat de New York, dans une ferme familiale de 300 vaches laitières pour 500 ha. « On a mis un mois et demi à faire les foins ! », se rappelle-t-il.

Des USA, au lait, aux céréales

Au bout de six mois, il rentre en France, et postule comme conseiller vendeur sédentaire à la coop du coin. « Ils m'ont téléphoné à 11 h pour me dire "on vous prend", et le soir je me suis écrasé la main », se souvient Thierry Ménard. Impossible de travailler, retour à la case recherche d'emploi. C'est ainsi que quelques mois plus tard, il est embauché au contrôle laitier de Loire-Atlantique, en remplacement d'un congé maternité. A la suite de quoi il devait reprendre un secteur, et finalement le décès d'un collègue en décidera autrement. Il se retrouve à Saint-Michel-Chef-Chef (Loire-Atlantique), et de fil en aiguille, devient référent herbe, puis concepteur d'un système de pesée pour faire les rations. Il rencontre alors le président de la coop de l'Avenir, qui lui propose de prendre la direction de la coopérative d'appro-collecte, qui compte alors quatre salariés. Il a alors à peine 26 ans. Du secteur du lait, il se voit confier la commercialisation des céréales. « Ce fut une année de fou », reconnaît-il. De 6 000 t de céréales, il passe à 10 000 t. Il finit par s'ennuyer. « Au bout de six ans, j'avais fait le tour. Et je n'étais pas toujours d'accord avec le conseil d'administration. Je voulais m'installer comme agriculteur, mais j'avais pris goût au commerce. Par hasard, je suis passé à Saint-Germain-sur-Moines (Maine-et-Loire), devant un négoce avec un hangar, où il y avait des sacs d'ammonitrate. J'y suis allé au culot, et on a sympathisé. » Le gérant du négoce en question, Alexandre Pohu, a alors 25 ans, et distribue du fioul, ainsi que des produits agricoles. « Un jour, j'ai dit à Alexandre que je voulais m'associer », retrace Thierry Ménard. Ce qui se fera quelques mois plus tard. Il est embauché en tant que salarié, avant de prendre 25 % des parts deux ans après. Et le duo fonctionne : les appros progressent, notamment les fourragères, « on a fait pas mal d'essais », le négoce reprend une certification OS, le triage à façon démarre, le fioul progresse... Les chiffres parlent d'eux-mêmes : entre 2003 et aujourd'hui, le dépôt a déménagé, passant de 2 500 m² à 14 000 m², les salariés de 4 à 25 temps pleins, et le chiffre d'affaires de 1,7 M€ à 14 M€, dont 3 M€ en appro. Et ce n'est pas fini : un site est en construction en face du siège, prévu pour stocker du fioul et 4 000 t de céréales.

Marion Coisne

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