Dur, dur de devenir manager !
CAS-FOUILLIE, AVRIL 2016
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C'est l'humeur guillerette que Maxime sort du bureau de son patron. A 35 ans, il se voit attribuer une nouvelle fonction en reconnaissance de ses compétences et dans le cadre du développement de l'entreprise, passée de huit à douze technico-commerciaux en deux ans. « Je n'ai pas assez de temps pour vous suivre tous. Comme tu es là depuis dix ans et que tu te débrouilles bien dans tes objectifs, même quand ça va mal, j'ai pensé que tu pouvais prendre l'animation de la moitié de l'équipe, lui expose Jean-Marie, son dirigeant. Je vais réduire ton portefeuille clients pour te donner du temps pour briefer les gars chaque semaine, les accompagner en ferme si besoin et, gérer les tableaux de bord, les formations. Je vais te mettre aussi le jeune en contrat de qualification. »
Cette nouvelle ne peut que bien tomber. Commençant à tourner en rond, Maxime se demandait comment faire évoluer son activité professionnelle. De formation ingénieur en agriculture, il finissait par regretter d'être rentré dans une petite boutique même si son patron est un entrepreneur dynamique avec des idées plein la tête. Aussi, deux jours plus tard, il donne une réponse positive à son dirigeant.
Depuis un mois, Maxime a pris en charge six de ses collègues. Mais deux d'entre eux font grise mine. Proches de la cinquantaine et depuis vingt ans dans l'entreprise, ils ont du mal à voir un plus jeune les manager. « Il va falloir que je prenne des gants avec eux », se dit Maxime. Un nouveau métier s'ouvre à lui. Diriger une équipe ne s'invente pas et il n'a pas envie de laisser pourrir la situation.
Aussi, il décide d'en discuter avec Alain et Serge. C'est l'air renfrogné que les deux hommes le rejoignent dans son bureau. Mais voilà, entre le téléphone qui ne cesse de sonner, le jeune Fabien débarquant affolé en raison d'une erreur de livraison et le tableau de bord à compléter pour le soir même, Maxime ne sait plus où donner de la tête. Et devant l'attitude renfermée de ses collègues, il perd son sang-froid, bafouille et finit par dire d'un ton sec : « Bon les gars, vous n'avez pas le choix, c'est une décision du patron, il faut faire avec et cessez de faire la tête. » Des propos bien loin de ceux qu'il pensait dire au moment où il avait organisé cette entrevue. La porte de son bureau claque. Alain et Serge sont partis.
Hélène Laurandel
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