« Tu m'expliques l'erreur de livraison ? »

L'équipe de Sansitive est réunie au complet dans le grand bureau des technicos mais... dans le plus grand silence. Les regards s'évitent, la gêne est bien installée. Thierry, le responsable commercial se gratte la gorge. « Bon et bien là, c'est le pompon. Bravo Régis pour la nouvelle réussite de la semaine. Quand un client te demande de l'aliment X peux-tu m'expliquer pourquoi il m'appelle le jour même de la livraison pour me signaler qu'il vient de recevoir du Y ? Et en plus, le double de la commande ? »

Tous les collègues regardent qui le sol, qui le mur et l'affiche qui vante « Chez Sansitive, l'union fait la force ». Thierry enfonce le clou : « Tu avais déjà signalé la semaine dernière une entrée de ferme dangereuse, moralité, le chauffeur du camion d'aliments vrac refuse d'y retourner. Et là, c'est sûr, on perd encore un client ! »

Régis respire un grand coup : « Tu ne peux pas mélanger les deux choses. D'abord, la direction nous a dit de signaler les fermes dangereuses, je n'ai fait que mon travail ! » Les collègues se dandinent sur leurs chaises, pas sûrs d'avoir toujours respecté cette consigne. Sauf Valérie qui est chargée du dossier sécurité des livraisons. « Passons pour ça... Mais tu m'expliques l'erreur de livraison ? », reprend Thierry.

« Ce client change d'avis comme de chemise. L'an dernier, il ne voulait pas entendre parler de l'aliment X, se défend Régis. Et puis le nouveau logiciel est incompréhensible. En plus, je me demande si le service logistique est vraiment opérationnel, je n'ai jamais demandé un double chargement. »

« Mouais, murmure Florent à l'oreille de Denis assis à sa droite, tout ça c'est de la faute des autres. » Mais Denis réagit : « C'est vrai que le logiciel, c'est n'importe quoi, on ne nous a pas consultés pour le changer. Et moi aussi, j'ai déjà eu des problèmes avec la logistique. Après tout, il suffit d'aller reprendre la commande et puis c'est tout ! »

La salle s'anime, chacun y va de son opinion sur le service transport, le logiciel et les clients. Florent secoue la tête un peu atterré : « Dis Thierry, tu ne pourrais pas continuer la conversation avec Régis dans ton bureau ? Je dois boucler mon plan de prospection... » « Tu as raison, on arrête là pour ce matin, Régis vient avec moi qu'on règle cette histoire. »

Yanne Boloh