Champion des linéaires

Le terme fétiche de Gilles Bernard est « chiffre d'affaires ». Cet ancien dirigeant de la grande distribution, passionné de jardinage, est arrivé à la Copac (Coopérative des agriculteurs du Chinonais) à la mi-mars. Après trente ans passés en hypermarchés, les yeux rivés sur le fameux chiffre d'affaires, il dirige dorénavant la branche grand public de la coopérative, soit deux magasins Gamm vert et deux magasins mixtes (agriculteurs-grand public). Sa mission ? Développer le chiffre d'affaires de la branche. Sous sa silhouette svelte et sa coupe en brosse, Gilles Bernard possède de nombreux atouts pour y arriver. Même s'il n'a aucune expérience en coopérative agricole, il connaît parfaitement la vente de produits destinés à l'extérieur. En deux mois au sein de la coop, il a déjà une vision claire de la stratégie commerciale. « La pépinière, les serres chaudes et froides sont nos points forts. Les clients sont fidèles. Pour augmenter les marges, il faut maintenant améliorer les linéaires par une « gestion au cordeau » et développer des produits à haute valeur ajoutée comme les piscines ou l'aménagement extérieur. »

De manutentionnaire à chef de département

A 20 ans, Gilles commence à travailler dans un hypermarché, en tant que manutentionnaire. Le job d'étudiant se transforme rapidement en travail permanent. « Après quatre ans à Toulouse, je suis allé faire mes armes à Montpellier. J'ai appris le métier de chef de rayon pour le jardinage et le bricolage. A l'époque, j'ai été formé au cadencier, avec une grande rigueur de la gestion . Cela se voit encore aujourd'hui », lance l'autodidacte, avec un grand sourire.

Après quelques années, Gilles connaît toutes les ficelles du métier et se fait débaucher par l'hypermarché voisin. Il a « carte blanche » pour développer le non-alimentaire dans un magasin situé sur « la route des plages ». Implantation, recrutement du personnel, référencement des produits, etc. Gilles Bernard crée les rayons de A à Z. Après une belle réussite et un accroissement du chiffre d'affaires, le chef de département est approché par un cabinet de recrutement. On lui propose d'être chef de département non alimentaire, dans un hypermarché de 14 000 m2 à Toulouse, le double de celui de Montpellier. « C'était ce que je voulais faire depuis longtemps, une telle occasion se présente rarement. J'ai foncé », se souvient Gilles, avec un léger accent du midi. Entre les 1 200 m2 dédiés à la culture, les rayons bazar, auto ou jouet, l'ampleur du travail est colossale pour ce papa de deux petites filles. « Le chiffre d'affaires a rapidement évolué, c'était très plaisant. Mais l'amplitude de travail, de 5 h à 23 h certains jours, et la pression des procédures et des contrôles était difficilement soutenable. » D'ailleurs, en trente ans de carrière en grande distribution, il n'a assisté qu'à un seul pot de départ à la retraite : « C'est vraiment un environnement usant. »

Un break salutaire

Après quatorze ans à ce poste, Gilles claque tout. Il décide de prendre une année sabbatique, « un break salutaire ». « J'avais envie d'une certaine stabilité, de faire évoluer un magasin spécialisé dans une ambiance plus sereine. » A la Copac, Gilles Bernard a sans doute trouvé chaussure à son pied. Fils de sommelier, il ne regrette pas « encore » le sud. « La Touraine est une très belle région… » conclut-il.

Aude Richard