Le rêve sud-américain
Renaud Colmart, 34 ans, développe pour Bonduelle la filière du pois frais au Brésil. Partir pour découvrir l'agriculture sud-américaine in situ, il en rêvait.
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Il y a un an et demi, Renaud Colmart, un brun énergique de 34 ans, a quitté le nord de la France pour le Cerrado brésilien. Bonduelle y a construit une usine en 2010, à Cristalina, dans l'Etat de Goias, et lui a confié la mission d'implanter la culture du pois et d'inculquer ses méthodes de travail à l'équipe locale. En produisant sur place, le leader mondial du légume transformé, déjà présent avec des produits importés, veut toucher la classe moyenne brésilienne, une clientèle qui grossit de centaines de milliers d'individus par an depuis 2000. Loin des plages de Rio de Janeiro, Renaud s'est retrouvé sur les hauts plateaux du centre du pays, à 1 000 m d'altitude, où l'agriculture avance à pas de géant depuis une vingtaine d'années. Un endroit rêvé pour cet agronome venu découvrir l'agriculture sud-américaine.
Haut niveau de technicité
C'est à Brasilia, capitale du pays, située à 85 km de l'usine, que Renaud réside. Dans cette ville surdimensionnée montée de toutes pièces au milieu de la savane en 1960, la vie y est sûre, mais monotone et chère. Heureusement, son travail le passionne. « Ma mission consiste à transmettre le savoir-faire du groupe à ceux qui me remplaceront quand je repartirai. »
Le choc, pour lui, en arrivant, fut de constater le haut niveau de technicité des agriculteurs brésiliens et la taille des fermes. « Dans le coin, la plus petite fait 500 ha ! J'imaginais découvrir des systèmes extensifs. Mais les producteurs sont au top. Ils travaillent tous en semis direct et sont adeptes de l'agriculture de précision. Ils définissent et épandent les doses d'engrais par GPS. Ce sont des hommes d'affaires, très accueillants. Ils ne montent jamais sur un tracteur et déterminent leur assolement en fonction du cours du soja et du maïs à Chicago. »
La majorité des producteurs de Cristalina achètent leurs semences aux multinationales et leurs engrais et phytos à des vendeurs indépendants. Ils cèdent leur production au cours du jour. Certains signent avec un courtier des contrats au semis avec un prix garanti à la récolte. Dans cette région, il existe peu de système coopératif.
Une expérience valorisante
Renaud Colmart livre les semences, supervise les semis, suit les cultures et les récoltes, sans compter les audits sur exploitation. Il s'est adapté aux techniques culturales locales. Il fait semer le maïs doux en direct et une partie des pois aussi en direct. « Le non-labour évite l'érosion et conserve les taux de matière organique. Il n'est pas rare qu'il pleuve 50 millimètres en une heure… Les sols argileux sont très exposés à l'érosion et à la battance. » La région compte 50 000 ha irrigués avec 600 pivots d'une taille moyenne de 80 ha. La saison des pois s'étale sur 14 semaines (7 en France) et le maïs doux est produit de janvier à décembre. Pour l'industriel, l'avantage est de pouvoir faire tourner son usine toute l'année. Vu la taille des fermes, Renaud Colmart aurait pu ne travailler qu'avec un seul producteur. Mais il raisonne à long terme et a préféré s'approvisionner auprès de cinq personnes. Celles-ci sont liées par un contrat à l'hectare, comme en France. Bonduelle cultive cette année 300 ha de pois et 700 ha de maïs. Ces surfaces devraient doubler tous les ans d'ici à cinq ans.
Sa mission bientôt terminée, Renaud tire un bilan positif. Après avoir passé le relais, il reviendra au pays avec une expérience enrichissante qu'il valorisera tout au long de sa carrière.
Marc-Henry André
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