Numérique Le digital chamboule vos métiers

En tant que coopérative, « notre raison d’être est le service à l’agriculteur. Un agriculteur plongé dans le monde du digital à titre professionnel et aussi personnel », observe Hubert Dunant, directeur des grands projets et de la performance du groupe coopératif Axéréal. On n’échappe plus à la vague du numérique et du digital, comme le démontrent les témoignages de ce dossier, qu’ils soient d’InVivo, des acteurs de Numagri ou encore d’entreprises et d’écoles. D’ailleurs, Céline Garret, du cabinet de recrutement Agritalents, recherche des TC « convaincus de l’intérêt des outils digitaux ». La digitalisation est à aborder comme un élément facilitateur du quotidien et producteur même de valeur ajoutée, mais non comme une fin en soi, si on ne veut pas perdre en route l’essentiel : le facteur humain dans toutes ses dimensions. Consultante dans la transformation numérique, après avoir travaillé pour WeFarmUp, Marion Seiller-Souques lui attribue aussi la vertu de « redonner du sens et une nouvelle dimension à l’agriculture en réseau. Le digital peut être un outil extraordinaire pour recréer du lien avec des sondages, votes en live, newsletters. Il peut briser la glace en permettant aux personnes de s’exprimer plus aisément. »

Trois axes de progrès

Les entreprises témoignant dans ce dossier perçoivent le digital « comme un support qui vient épauler les forces de vente et renforcer le service avec un contact humain à valeur et à bien séquencer dans le temps », ajoute Hubert Dunant, qui expose très clairement la façon dont son groupe aborde le sujet : « Premier axe : le service à l’agriculteur. Second axe : l’exploitation de la data qui est aussi une vraie voie de valeur. Troisième axe : améliorer les process en interne pour gagner du temps, en sécurité et en locaux avec la nomadisation, en argent, et aller vers le zéro papier dans notre nouveau projet d’espace intérieur. »

Pour trouver un fil directeur dans ce vaste chantier, Baptiste Bannier, associé PwC, cabinet d’audit et de conseil, suggère de réfléchir selon le triptyque « business model choisi, technologie privilégiée et expérience proposée à l’utilisateur. C’est un vrai sujet de culture d’entreprise avec des experts à placer au bon endroit et de nouveaux profils. »

Il s’agit aussi de sensibiliser et rassurer des équipes qui appréhendent les changements induits. Comme l’e-commerce qui pourrait se développer, selon Pierre-Henri Seynave, consultant, remarquant que « le secteur agricole a déjà une certaine culture du data et un usage très développé des outils connectés. L’e-commerce génère un changement culturel à acter au niveau des TC qui pourront davantage se focaliser sur le conseil. »

Pour Guénolé Grignon, data scientist chez Axéréal, les outils statistiques « vont aider le cerveau humain à prendre des décisions et suivre des pistes. L’efficacité peut s’en trouver améliorée mais ils ne supplanteront pas la compétence humaine ». Dans un monde du vivant telle l’agriculture, la digitalisation a ses limites : ainsi, elle n’est pas dotée de facultés sensorielles ni intuitives. « L’intelligence artificielle est douée, mais sur des périmètres et des tâches bien définies », conclut Guénolé Grignon.

Cependant, l’implémentation du digital génère des besoins en compétences. Dans l’étude Digit’alim de l’observatoire du secteur alimentaire (lire ci-dessous), près de la moitié des entreprises estiment que leurs salariés ne sont pas assez qualifiés dans ce domaine. Ratio qui passe à 69 % pour celles de plus de 300 salariés.