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« Digit’alim va enrichir nos travaux sur les compétences »

Anne Keravel, chef de projet Opcalim et Ilham Bouyazza, directrice adjointe des affaires sociales chez Coop de France. Cédric Faimali

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Anne Keravel, chef de projet à la direction des études d’Opcalim et en charge des observatoires des métiers du secteur alimentaire, et Ilham Bouyazza, directrice adjointe des affaires sociales à Coop de France, nous livrent les enseignements de l’étude Digit’alim qui s’intéresse à l’impact de la digitalisation sur les métiers et compétences du secteur alimentaire, dont les coops.

« Comment avez-vous réalisé cette analyse de l’impact du digital sur les métiers ?

Anne Keravel : L’étude Digit’alim a été conduite sur 2018-2019, dans le cadre de l’observatoire des métiers du secteur alimentaire dont fait partie Coop de France. Elle s’est déroulée en trois temps : une étude quantitative auprès de 243 DRH, RRH et dirigeants, et une approche qualitative avec 61 entretiens et 12 workshop en région (118 entreprises). Elle vient approfondir l’étude de 2017, avec une analyse prospective des compétences attendues demain, afin de pouvoir accompagner ensuite au mieux les salariés vers les changements induits par la digitalisation.

Quels sont les salariés les plus concernés à ce jour par la transformation digitale ?

A.K. : Pour les entreprises ayant bien avancé sur leur numérisation logistique et production, le sujet prioritaire aujourd’hui porte sur le conseil et la commercialisation. L’e-commerce, les OAD ou encore une communication plus fluide et plus directe dans la coopérative (via les réseaux sociaux, les communautés WhatsApp) transforment les métiers.

Ilham Bouyazza : De nouvelles compétences sont attribuées aux conseillers qui travaillent avec leur tablette les données météo, la cartographie, la photographie. Nous sommes sur une offre de service plus personnalisée et plus pointue avec le numérique qui fait gagner du temps sur certaines tâches, pour se concentrer sur du conseil de qualité.

De quelles compétences auront besoin en priorité les entreprises dans les cinq ans à venir ?

I.B. : De nouveaux métiers arrivent déjà dans les coopératives comme data scientist ou data analyst, pour l’analyse des données et leur valorisation afin d’assurer la traçabilité au consommateur final.

En outre, la traçabilité du conseil et des produits vendus, par client, par parcelle, nécessitera une maîtrise des outils digitaux pour les conseillers, et un accompagnement des agriculteurs à leur prise en main et des plans d’actions personnalisés.

A.K. : La capacité à travailler en collaboratif et en mode projet en partenariat sera également essentielle, car les expertises devront être réparties. Un seul individu ne peut pas tout savoir. Travailler donc ensemble pour apporter aux agriculteurs, au bon moment, les informations dont il a besoin. C’est un vrai défi.

I.B. : Le numérique doit rester au service des coopératives et de leurs salariés. Il ne doit pas faire négliger le lien social et la relation de confiance. L’intention mise dans son usage est essentielle. D’où l’apparition des postes de community manager, afin de valoriser les initiatives internes ou externes, et de créer du lien social entre salariés et adhérents agriculteurs. Nous constatons toutefois que la transformation numérique peut aider à rendre nos métiers plus attractifs au regard de la jeune génération.

Comment allez-vous faire vivre votre étude Digit’alim ?

A. K. : Nous allons réaliser un livre blanc de 30 pages qui reprendra les points clés. Ces pistes vont nourrir nos travaux en cours comme la rénovation de notre répertoire des métiers et des compétences dans le cadre de l’observatoire des métiers, la création de passerelles de mobilité entre métiers. Ce dernier point est essentiel car 50 % de nos métiers vont évoluer.

I. B. : Nous revoyons aussi les certifications, la formation professionnelle et allons nous pencher sur les métiers émergents. Notre souhait est de mettre l’observatoire des métiers au service des entreprises pour les aider à la mise en œuvre de la GPEC. Nous allons pouvoir enrichir les compétences en lien avec la transformation numérique, notamment les soft skills, c’est-à-dire les compétences comportementales comme l’aptitude à travailler ensemble ou à savoir discriminer l’information, ou encore à se mettre en mode autoapprentissage.

D’autres travaux sont prévus en complément ?

A. K. : Nous lançons deux études plus spécifiques pour la coopération agricole : l’une sur l’impact de la séparation conseil et vente en phytos sur les métiers, notamment de conseil, et les organisations, et l’autre plus largement sur les métiers en tension et émergents. »

Hélène Laurandel

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Le digital chamboule vos métiers

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