Transport La chasse au CO2 est ouverte
Valeur montante, l’empreinte carbone commence à agiter chargeurs et transporteurs. La massification par le fluvial ou le ferroviaire est un axe de progrès.
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Dans le mouvement de fond général sur la traçabilité des produits, l’empreinte carbone est un sujet qui devient prégnant, les consommateurs y étant très sensibles. Aujourd’hui, le secteur des transports est, avec 29 % des rejets, le premier émetteur de CO2 en France (dont 40 % issus du transport routier de marchandises). La France a pour objectif de ramener en 2020 les émissions des transports à leur niveau de 1990, c’est-à-dire de les réduire de 20 % par rapport à 2005. Surtout, le plan climat français présenté en juillet 2017 vise la neutralité carbone en 2050. Cela signifie que les émissions de CO2 ne seront pas revenues à zéro, mais auront fortement décru et seront compensées. Il n’y a pas de temps à perdre ! Même s’il n’existe pas de contraintes législatives pour les entreprises aujourd’hui, on y viendra. En attendant, être proactif peut toujours s’avérer une source de différenciation vis-à-vis de ses concurrents.
Si, au départ, les initiatives étaient éparses, la chasse au CO2 s’est depuis structurée, sous l’égide de l’Ademe qui, fin 2018, a regroupé dans son programme Eve les dispositifs d’engagements volontaires des entreprises pour formaliser leurs actions autour de la réduction de leur empreinte carbone, dont Objectif CO2 dédié aux transporteurs (pour compte d’autrui et pour compte propre) et Fret21 destiné aux chargeurs. « Les entreprises signataires de la démarche Fret21 s’engagent auprès de l’Ademe pour une durée de trois ans à atteindre un objectif de réduction des émissions de GES de leurs transports et à mettre en œuvre toutes les actions pour y parvenir », présente Virginie Thouzery, à l’AUTF, l’Association des utilisateurs de transport de fret qui porte le projet. Aucune entreprise de l’amont agricole n’est encore signataire, mais cela pourrait bien arriver, Coop de France souhaitant faire la promotion du dispositif auprès de ses coops adhérentes. Fret21 permet aux chargeurs de travailler sur quatre leviers : le taux de chargement, la réduction des distances, l’optimisation du mode routier et le recours aux modes massifiés (ferroviaire, fluvial), et l’utilisation de transporteurs responsables, par exemple affiliés à Objectif CO2. Ce dernier dispositif est, lui, relativement bien répandu dans le secteur appro-collecte. Depuis Le Gouessant, premier industriel à avoir signé la charte en 2009, une dizaine d’entreprises ont franchi le pas, parmi lesquelles Euralis, Ile de France Sud, Cavac, EMC2 ou Axéréal Services. La filiale transports de la première coop céréalière s’est ainsi engagée à réduire de 4 %, entre 2017 et 2019, ses émissions de CO2 en mettant en place une flopée d’actions : renouvellement de 48 % du parc en trois ans, formation à l’écoconduite pour tous les chauffeurs, choix de boîtes de vitesse automatiques, mise en place d’un reporting des consommations de carburants…
Force est de constater que, malgré la sensibilisation et les incantations, les modes alternatifs ne progressent pas. Au contraire. Le fret ferroviaire pâtit de plusieurs handicaps : le vieillissement des lignes capillaires, les mouvements de grève… Soufflet pointe également du doigt l’augmentation de la contribution financière des chargeurs, qui représente jusqu’à 20 % du coût du transport, et l’augmentation de la tarification des sillons (4,8 €/km en France versus 2,8 en Allemagne). Le gouvernement vient bien de mettre en place un nouveau pacte ferroviaire (un énième !), mais on ne voit pas vraiment les choses bouger. Le secteur fluvial fait face aussi à une vétusté des installations, des réseaux peu interconnectés et une tension sur la disponibilité des péniches. C’est peut-être néanmoins pour la voie d’eau qu’émergent le plus d’initiatives. Voies navigables de France répète à l’envi qu’elle continuera à aider les entreprises à investir dans des silos ou des sites de transformation bord à voie d’eau, ainsi que dans des outils de manutention adaptés à travers son Plan d’aide au report modal. L’établissement public s’apprête d’ailleurs à développer le projet Multiregio, qui vise à élargir et simplifier l’offre logistique fluviale au sein du réseau Seine-Escaut.
Et si ça vous tente, l’Ademe vient de lancer, lors du dernier SITL, la Fabrique de la logistique, un lieu d’échange autour de sujets liés à la supply chain. Son ambition ? Fédérer des communautés d’intérêts autour des solutions qui vont accompagner les schémas logistiques de demain, résolument plus collaboratifs et innovants.
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Réinventer la chaîne du grain
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