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Argus Media fait part d’un marché du blé « lourd »

De gauche à droite, jeudi 28 août, à Paris : Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France, Sébastien Poncelet, directeur du développement, Maxence Devillers et Alexandre Willekens, analystes senior.

Jeudi 28 août, les équipes d’Argus Media France ont commenté les résultats de la production de blé en France et à l’international, ainsi que les perspectives d’exportation pour la campagne 2025-2026 qui s’annonce « compliquée ».

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« Nous assistons à un apparent retour à la normale de la récolte de blé tendre, mais qui ne dissipe pas les inquiétudes des producteurs, confrontés à un marché déprimé », a présenté Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France, jeudi 28 août, lors d’une conférence de presse tenue à Paris sur la thématique du marché du blé.

Selon les estimations d’Argus Media France, la récolte de blé français atteindrait 33,4 Mt pour 2025, soit 30 % de plus qu’en 2024. Un score « dans la normale », inférieur de 4,5 % à la moyenne olympique 2017-2023 : 35 Mt. Ce résultat correct est néanmoins pénalisé par des cours du blé très bas. L’organisme évalue le prix du blé meunier à 193,50 €/t base juillet rendu Rouen. « Un seuil bien en deçà des coûts de production des agriculteurs français qui avoisinent les 200 €/t », souligne Alexandre Willekens, analyste senior. Il manquerait près de 30 €/t aux producteurs pour couvrir leurs frais. En cause : une pression concurrentielle accrue sur le marché mondial, en raison de bons rendements en mer Noire ainsi qu’en Europe, auxquels s’ajoute une parité euro-dollar défavorable.

D'après Alexandre Willekens, analyste senior, le coût de production des agriculteurs français « évalué à 200 €/t est supérieur au prix du marché ». (© M. HILARY)

France : un stock final de 4 Mt

La campagne 2025-2026 s’annonce donc « compliquée, avec un potentiel d’exportation estimé à 8 Mt, contre 9,5 à 10 Mt normalement, mais qui sera difficile à atteindre », met en avant Maxence Devillers, analyste senior. Ce manque à gagner mènerait à un stock final de 4 Mt, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2004-2005.

Cette situation inédite est liée à une perte de débouchés vers les pays tiers. L’Algérie, qui représentait entre 2 et 5 Mt historiquement, n’importe plus de blé français en raison de tensions géopolitiques entre Alger et Paris. Et la Chine reste timide aux achats. « Elle devrait importer au mieux 500 000 t de blé français pour cette année », avance Maxence Devillers. Pour sortir son épingle du jeu, la France devra donc consolider ses positions au Maroc et en Afrique subsaharienne tout en explorant de nouveaux marchés.

Une production mondiale qui passe la barre des 400 Mt

À l’échelle européenne, le marché du blé tendre est, lui aussi, encombré. La production atteint 152 Mt, en raison de récoltes records en Espagne, Roumanie et Bulgarie. Les stocks sont au plus haut depuis 2017-2018, et en progression de 1,9 Mt sur un an.

À l’export, la Russie et l’Ukraine devraient dominer les échanges, avec respectivement 43 Mt et 15 Mt à exporter. La Russie a produit la troisième meilleure récolte de son histoire (86,1 Mt). Et l’Ukraine affiche 21,9 Mt de production.

Dans l’hémisphère Sud, les conditions climatiques favorables et des stocks de départ élevés en Australie et en Argentine renforcent l’abondance. Les productions atteindraient 32,6 Mt en Australie et 19,7 Mt en Argentine.

« Pour la première fois, la production cumulée des huit plus grands exportateurs de blé devrait passer la barre des 400 Mt, indique Maxence Devillers. Le rendement attendu devrait dépasser la tendance pour atteindre près de 3,6 t/ha. » Malgré une demande mondiale bien présente (210 Mt), les grands pays exportateurs devraient se retrouver avec une hausse de leurs stocks : + 4,6 Mt en un an pour atteindre 69 Mt au total. « Soit son niveau le plus haut depuis la campagne 2017-2018 », précise l’analyste.

« Le marché mondial des céréales renoue avec des volumes, mais surtout avec la lourdeur des années 2016 et 2019. Seuls un sursaut de la demande, une rétention prolongée des producteurs mondiaux, une montée des tensions géopolitiques, des mouvements sur les devises, ou encore la météo de 2026 pourraient raviver la volatilité », a conclu Gautier Le Molgat.

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