Axéréal affine sa transformation
Après trois mauvaises récoltes, la coopérative du centre de la France ajuste son organisation afin de diminuer les charges et accélère son orientation vers l’agriculture régénératrice.
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Après des années difficiles en 2023 et en 2024, puis une faible récolte en 2025, les éléments conjoncturels sont en train de se transformer en éléments structurels. « Dans les années 2010-2015, nous étions à 4,5 Mt de grains collectés, a rappelé Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors d’un point presse organisé après la réunion publique du groupe, mardi 9 décembre, à Olivet (Loiret). Cette année, nous sommes passés sous la barre fatidique des 3 Mt. Notre outil est optimisé pour une capacité autour de 4 Mt : il faut donc réduire nos charges fixes. »
Investissements divisés par deux
Avec, pour l’exercice 2024-2025, un chiffre d’affaires de 3,3 Mds€, un EBE de 188 M€ et une réduction de l’endettement de 100 M€, la coopérative fait bonne figure. Mais à quel prix ? Les investissements, traditionnellement autour de 100 M€ par an, ont été divisés par deux dans l’ensemble des métiers. Boortmalt, producteur de malt, semble bien armé pour absorber la baisse de la consommation de bière.
« Les marges de manœuvre sont davantage à chercher du côté de l’agriculture ou de la meunerie », précise le président. Les changements profonds sont déjà engagés, avec une nouvelle gouvernance par activité et des directeurs « autonomes mais pas indépendants ». Le lancement du programme Oser, dédié au pôle agricole, vise 40 M€ d’économies supplémentaires, dont deux tiers issus de réductions de charges et un tiers de gains de revenus. Entre janvier et juin 2025, les premiers résultats atteignent 6 M€.
Intact : l’usine est prête
Le plan stratégique cherche également à développer de nouveaux leviers de croissance. C’est le cas avec la nouvelle usine de transformation de protéagineux Intact, construite à Baule (Loiret). Après un an de travaux, les essais et le démarrage de la production débuteront fin décembre. L’usine devrait atteindre son rythme de croisière en avril 2026. Elle offrira un débouché supplémentaire pour les agriculteurs, notamment pour les pois, avec une capacité de transformation de 200 t par jour.
« Un développement durable, oui, mais rentable »
Le développement des légumineuses, et donc la réduction de l’utilisation d’azote minéral, constitue une bonne nouvelle pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Au total, 1 600 agriculteurs sont engagés dans la démarche Cultiv’up régénératif, et 500 exploitations dans la démarche bas carbone. Cette initiative, qui a permis de redistribuer 22 M€ en trois ans aux adhérents, devient le programme global du développement durable du groupe. Mais Jean-François Loiseau prévient : « Le développement durable, oui, mais il faut que ce soit rentable. Sinon, c’est inutile. »
La coopérative a d’ailleurs abandonné certaines filières de blé décarboné. Son objectif est désormais d’embarquer 2 500 à 3 000 agriculteurs, sur un total de 11 000, d’ici 2030, afin de réduire ses émissions de 30 %. « Ces indicateurs nous permettent d’obtenir de meilleures conditions financières auprès des banques », souligne le président, qui annonce un refinancement obtenu pour les cinq prochaines années.
Dernière piste pour réduire encore les charges fixes : renforcer les collaborations avec d’autres coopératives. Jean-François Loiseau a ainsi salué la Scael et la coopérative Bonneval Beauce et Perche, présentes dans la salle à travers leurs dirigeants.
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