Blé tendre : plus de peur que de mal
La récolte de blé tendre 2025 pourrait atteindre 33,1 Mt selon Agreste, voire 33,4 Mt selon Argus Media France. Un retour à la normale, tant en quantité qu’en qualité, qui soulage les OS que nous avons interrogés, même si des phénomènes de rétention sont observés au regard de la faiblesse des cours.
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Après une année 2024 catastrophique, « 2025 remet du baume au cœur dans les campagnes », affirme Jean Simon, DG d’Atlantique céréales. D’après son enquête terrain menée du 17 au 22 juillet, Argus Media estime à 33,4 Mt la production de blé tendre en France cette année. Ce « retour vers la normale apporte un peu de soulagement », confirme Alexandre Willekens, analyste senior chez Argus Media France.
Une production inférieure à la moyenne olympique
Si ce résultat rassure, il est tout de même inférieur à la moyenne olympique de la période 2017-2023, établie à 34,96 Mt. « Cela reste quand même une mauvaise année car il va nous manquer 3 Mt, souligne Jean Simon. Mais c’était prévisible car il y a eu des régions sinistrées lors des semis, notamment le nord de la Vendée, la région de Tours et de Saumur, et le nord de l’Indre. »
À l’échelle de la France, les intempéries d’automne ont, de nouveau, freiné les semis et réduit la surface totale de blé tendre. Évaluée à 4,49 Mha par Agreste, la sole 2025 progresse de 227 000 ha par rapport à 2024, mais n’en reste pas moins la troisième surface la plus faible des vingt dernières années. Elle serait en baisse de 7,6 % par rapport aux 4,86 Mha de la moyenne olympique 2017-2023.
Des bons résultats au nord et au sud
D’après Argus Media, le rendement national atteindrait 74,4 q/ha, soit + 3,4 % par rapport à la moyenne olympique 2017-2023. Bien évidemment, ce résultat cache des différences régionales. « Les régions de la moitié Nord et celles du sud de la France sont celles qui progressent le plus par rapport à la moyenne. Entre les deux, la zone centrale a été plus limitée dans ses gains de rendements par la météo », détaille Alexandre Willekens.
« Nous constatons une vraie diversité des rendements, en fonction des dates de semis, relevait Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, à l’occasion du point presse qui suivait le conseil, le 16 juillet. Pour les cultures d’hiver semées tôt à l’automne, lorsque les conditions étaient bonnes, nous observons de très bons rendements. En revanche, pour les semis plus tardifs, les potentiels de rendements sont plus faibles. »
Si les excès de précipitations hivernales ont laissé craindre une nouvelle année délicate, la différence se serait jouée aussi au printemps. Humide et bénéfique dans le Sud, il a été au contraire sec dans le Nord. Le retour des pluies au mois de mai sur la moitié Nord a rassuré. Et l’ensoleillement 2025 a permis une excellente floraison, « avec comme seul bémol un remplissage des grains freiné, selon l’intensité des chaleurs du mois de juin », analyse Argus Media.
Des rendements plus « limités » sur une zone centrale
Jean Simon note, en effet, des rendements supérieurs à la moyenne dans le Sud-Ouest, « + 5 q/ha par rapport à la normale, soit 60-65 q/ha », et en Poitou-Charentes : « + 5 à 10 % par rapport à la moyenne, soit 75-80 q/ha ». En revanche, « dans le Centre, les rendements sont normaux », autour de 65 q/ha.
Dans le nord du Bassin parisien, chez Valfrance, Laurent Vittoz observe aussi des rendements un peu faibles, à « 80 q/ha contre une moyenne olympique établie à 86 q/ha ». En cause ? « Des difficultés d’implantation et des sécheresses tout au long de la période. »
Du côté d’Agrial, le quart nord-ouest de la France annonce des rendements « supérieurs de 5 à 10 % par rapport à la moyenne quinquennale, et ce quel que soit le secteur considéré », précise Nicolas Vermeulen, responsable animation et développement de filières au sein de la coopérative.
Chez Soufflet, les rendements sont dans la norme (72 q/ha de moyenne), mais cachent des écarts importants. « De très bons rendements à l’ouest de notre secteur, un peu moyen dans le centre de la Champagne, c’est vraiment très aléatoire », révèle François Pignolet.
Enfin, le nord de la France a, comme le Sud, su tirer son épingle du jeu. « Malgré quelques gamelles à 70 q/ha dans les terres plus calcaires ou sableuses, la moyenne est supérieure à 90 q/ha, avec des records en terres profondes à 130 q/ha », met en avant Maxime Thuillier, directeur céréales chez Unéal.
Une teneur en protéines un peu faible
Globalement, « la qualité est au rendez-vous pour ce cru 2025 », analyse Argus Media. Le taux de protéines « est aux normes et dépasse les 11 % dans l’ensemble ». Là encore, des inégalités ont été relevées selon les régions.
Évalué pour le moment à 10,95 % en moyenne chez Agrial, le taux protéique « sera suffisant à l’export en Sarthe, Touraine et Normandie », mais « un peu juste sur la façade atlantique », analyse Nicolas Vermeulen. Du côté des négociants d’Atlantique céréales, la protéine est aussi un peu limite par endroits. « Toutefois, rien qui ne puisse pas se rattraper dans les moulins », assure Jean Simon.
Chez Soufflet aussi, le grain devra être un peu travaillé pour obtenir des taux de protéines commercialisables à l’export. Chez Unéal, le taux protéique dépasse les 11 %, une vraie surprise ! « D’habitude, nous avons des taux moins élevés que ça, indique Maxime Thuillier. Mais, cette année, nous avons eu de l’eau aux bons moments du cycle en plein remplissage des grains, ce qui a permis une bonne minéralisation des apports d’azote pour la plante. »
Seul bémol, la très bonne qualité du blé pourrait être délétère sur les stocks de céréales fourragères. « On s’attend à des tensions en début de campagne sur les prix des céréales fourragères », précise François Pignolet. Le stock pléthorique de l’an dernier commence à se tarir. « Or l’espoir sur les maïs commence à se dégonfler en raison des coups de chaud survenus en floraison », poursuit-il. Heureusement, dans le Nord, « les maïs, encore beaux, devraient être majoritairement ensilés », précise Maxime Thuillier.
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