Sénalia toujours en quête de mutualisation
Lors d’un entretien sans filtres vendredi 8 janvier, le DG de Sénalia, Gilles Kindelberger, a regretté les querelles de clochers qui ne servent pas l’intérêt collectif et a appelé une nouvelle fois les OS à porter une réflexion sur la mutualisation.
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Si les partenariats de Sénalia sont toujours fructueux dans les activités agro-industrielles (sucre, cacao, éthanol), les projets collectifs peinent à se développer dans les céréales depuis le partenariat de 2018 avec Lecureur, dont « la part de marché sur le port de Rouen a quasiment augmenté de 50 % », informe d’ailleurs Gilles Kindelberger, DG de l’entreprise exploitante de terminaux portuaires à Rouen.
Le partenariat souhaité avec Simarex au point mort
Gilles Kindelberger regrette en revanche que celui souhaité avec Simarex « n’avance pas du tout ». Ce silo d’exportation détenu par NatUp est de fait un concurrent de Sénalia, alors que NatUp est également adhérente de Sénalia. « Ne pas vouloir avancer, dénonce-t-il, c’est destructeur pour la valeur ajoutée des agriculteurs adhérents de NatUp. »
La coopérative normande a en outre réduit, la campagne dernière, ses livraisons envers Sénalia « de plusieurs dizaines de milliers de tonnes, pour ne pas dire plus », au profit de Simarex. La Seine-Maritime a ainsi perdu sa place de premier département livreur de céréales à Sénalia.
« Les OS doivent porter une réflexion sur la mutualisation de leurs moyens de chargement, ajoute également Gilles Kindelberger. Est-il encore audible d’avoir aujourd’hui sur une même ligne ferroviaire trois ou quatre silos qui chargent des trains ? Ne pourrait-on pas mutualiser au niveau d’un silo de chargement pour alléger l’entretien du réseau ferroviaire et optimiser la rentabilité du point de chargement en question ? Faire des unions à la seule condition d’y retrouver un intérêt personnel, ça ne peut pas marcher. »
Magestiv abandonnée
Autre exemple dans le pré-acheminement des céréales : celui des navettes ferroviaires. Lancées en 2014, et réunissant quatre OS, Valfrance, Cérèsia, Caproga et Vivescia, elles ne fonctionnent plus depuis l’été 2019. En conséquence, Sénalia a arrêté sa filiale Magestiv, le commissionnaire de transport qui en était chargé. « On a été complètement cassé par les entreprises ferroviaires déjà en place qui n’ont pas apprécié qu’un nouvel opérateur arrive, regrette le DG de Sénalia, et les OS n’ont pas du tout joué le jeu. »
Néanmoins, « les navettes fluviales fonctionnent très bien », en partenariat avec un nouvel affréteur, la société de transport fluvial Scat-Davenne. « Les coopératives jouent le jeu mais sont parfois tentées, lorsqu’un autre affréteur propose 10 ou 15 centimes d’euros de moins, d’essayer de faire jouer la concurrence alors que la vision d’une navette est d’aller sur le long terme. »
5,3 Mt en 2019-2020, 3 Mt en 2020-2021
Malgré tout, Sénalia a enregistré un record d’exportation de grains à 5,3 Mt en 2019-2020. « Cette performance est d’autant plus notable que Sénalia a dû faire face, non seulement au Covid, mais aussi à l’incendie de Lubrizol le 26 septembre 2019 et aux grèves SNCF de décembre 2019 et janvier 2020 », retrace Gilles Kindelberger.
A contrario, la campagne en cours s’inscrit logiquement, du fait du retrait de la collecte française, dans une dynamique plus faible. Sénalia projette de manutentionner 3 Mt de céréales, sachant qu’elle en a traité la moitié sur les six premiers mois de campagne.
Renaud FourreauxPour accéder à l'ensembles nos offres :