La formation fait sa révolution
Accompagnement à la montée en compétences, diversification des supports… Le domaine de la formation est au cœur de la dynamique numérique et devient plus agile et accessible.
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Si la digitalisation peut générer une évolution des compétences, voire des métiers, un certain ajustement est nécessaire dans le temps pour adapter les formations propres au secteur agricole, notamment initiales, et trouver un équilibre. Bertille Thareau, enseignante-chercheuse en sociologie à l’Esa d’Angers, constate ainsi encore « un décalage entre les demandes des entreprises et les compétences de nos jeunes ingénieurs qui sont formés avec beaucoup de terrain et ne sont pas particulièrement attirés par un poste de data analyst. Or, nous avons plusieurs offres de stage centrées sur l’analyse des données et leur mise en forme ».
Une équation encore complexe
Il est vrai que l’équation est encore compliquée pour répondre aux besoins en nouveaux profils induits par la digitalisation. Un profil comme celui de Guénolé Grignon, data scientist chez Axéréal, n’est pas commun (lire p. 27). Et si les entreprises du monde agricole veulent mixer compétences et connaissances du milieu, la tâche est plus complexe. Cependant, des écoles ont déjà pris la mesure du défi depuis plusieurs années, à l’image de la chaire AgroTIC (lire ci-contre) qui se donne pour mission d’accompagner la transition numérique. Mais ce n’est sûrement pas suffisant en regard d’une demande qui évolue très vite. D’ailleurs, dans le pacte productif en cours de réflexion au niveau national, un volet est consacré au numérique. Une des recommandations porte sur la constitution d’un enseignement numérique « socle » pour tous les élèves et de cours plus spécialisés en option. Un pas est fait dans ce sens depuis la rentrée 2019 avec la création de la spécialité NSI (numérique et science de l’informatique) au lycée.
Nouvelle offre à l’Esa d’Angers
En attendant, il s’agit de prendre le train en route. Aussi, on assiste, dans l’enseignement agricole, à la naissance de nouveaux cursus articulés autour du digital et de la data comme le nouveau master d’UniLaSalle (lire p. 29) lancé il y a plus d’un an, avec une première promotion d’une quinzaine d’étudiants.
L’Esa d’Angers se met aussi au diapason avec une offre pour 2020 en formation continue et en 5e année de cycle d’ingénieur. Ainsi, une session de trois jours destinée aux entreprises « pourra permettre d’identifier les thématiques les intéressant pour leur proposer des formations adaptées à leurs besoins », détaille Christophe Naudin, directeur du programme ingénieur.
Parallèlement, un domaine d’approfondissement sur un semestre sera lancé à la rentrée 2020 en collaboration avec l’école d’électronique Eseo. Si l’enseignement est centré sur l’agroalimentaire et l’usine 4.0, « le profil des ingénieurs sortants peut être très intéressant pour une coopérative. L’idée est que notre master permette un déploiement dans la chaîne alimentaire, et de se poser la question de l’interface entre les maillons avec une approche globale de la transformation numérique », relate Christophe Naudin.
Quant aux acteurs de la formation continue, ils prennent aussi la mesure des nouveaux besoins. Services Coop de France propose un cycle certifiant, Agro Parcours Digital, qui mixe six journées en présentiel et des modules à distance depuis la plateforme Coop Academy. Ouvert à tout public du secteur, ce cycle aborde les clés de compréhension de la révolution numérique, ses enjeux tel le big data, son impact sur le business model et sur le management. Il propose également une initiation aux réseaux sociaux ainsi qu’une journée de visite de sites innovants. La digitalisation est également abordée dans les séminaires mis en place par l’Institut de la coopération (Ica), comme lors du prochain séminaire RH en mars 2020. Ce fut également le cas lors de la journée consacrée à la blockchain, fin 2018, qui a rassemblé une vingtaine de participants. Une thématique qui a fait l’objet, cette année, de la création d’un module de formation à distance produit par l’équipe de Services Coop de France.
Des modules créés en crowdfunding
D’ailleurs, Services Coop de France développe depuis trois ans toute une gamme de formations depuis la plateforme digitale Coop Academy. « Pour aider à la prise en main de la formation à distance, nous mettons à disposition des coopératives un service d’accompagnement », précise Mylène Champain, de Services Coop de France.
Les coopératives sont même invitées à proposer des thématiques et à mutualiser le financement de la mise en œuvre afin de réduire les coûts. Ce financement participatif donne un certain nombre de droits d’accès durant un an au module créé. À ce jour, quatre thèmes sont en cours de crowdfunding : la RSE dans les coopératives, la performance énergétique, la gestion de projet et les tendances agroalimentaires 2025.
La formation vit ainsi la vague du numérique aussi bien dans son contenu que dans son contenant. La digitalisation des supports s’ancre bien dans les entreprises, ainsi qu’en témoigne Olivier Lesourd-Kontolios, DRH fonctions supports chez Axéréal (lire ci-dessus). Avec un point de vigilance auquel chacun essaie de veiller : ne pas perdre le fil avec la réalité terrain ni mettre au placard le relationnel de visu.
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