Transport de céréales : comment regagner en compétitivité ?
Jeudi 27 novembre, Intercéréales a organisé, en présence d’acteurs comme Soufflet Négoce, Advitam et InVivo, une matinée afin d’identifier les défis à relever pour une logistique performante et compétitive.
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« Nous assistons à une lente érosion de notre compétitivité », présente Jean-François Lépy, directeur de Soufflet Négoce by InVivo, en préambule de la matinée Logistique organisée par Intercéréales, jeudi 27 novembre, à Paris. Ce phénomène serait dû à « une forte concurrence internationale de la part de pays exportateurs : Brésil et pays de la mer Noire notamment ».
Près de 60 Mt de céréales en vrac
La matinée a été consacrée à la question des transports. Chaque année, les collecteurs acheminent près de 60 Mt de céréales en vrac, aussi bien sur de longues distances (ports maritimes, unités industrielles) que pour des approvisionnements locaux (meuneries, malteries). Un tiers de ces déplacements sont effectués par péniche et par train.
Or « nous sommes confrontés à la nécessité d’anticiper plusieurs mois à l’avance la logistique pour prévoir les coûts, à une tension structurelle sur les offres de transport ainsi qu’à l’impératif de décarboner », témoigne Lionel Le Maire, directeur transports chez InVivo.
Chez Advitam aussi, cette anticipation est clé malgré « une météo de plus en plus incertaine et des récoltes éclair, souligne Martial Werkeyn, son directeur supply chain et investissements. Pour nous y aider, nous nous appuyons sur un outil numérique de planification et de pilotage de la collecte. »
Des investissements nécessaires dans le ferroviaire et le fluvial
Le manque d’investissement, ces trente dernières années, dans les infrastructures fluviales et ferroviaires, la nécessité de réserver ces transports très en amont ainsi que leur manque d’agilité (vis-à-vis des camions notamment) posent problème aux OS.
Afin d’encourager le dialogue entre l’État et la filière céréales, une convention entre SNCF Réseau et Intercéréales a été signée en mars lors du dernier Salon de l’agriculture pour un travail en Centre-Val de Loire. Jusqu’à présent, « il a permis d’échanger et de regarder l’aspect sécuritaire », fait savoir Bruno Bouvat-Martin, conseiller en logistique céréalière chez BBM Business.
« Aujourd’hui, le réseau ferroviaire bénéficie d’une enveloppe annuelle de 3,5 Mds€ pour sa modernisation. Dans le cadre de la Commission France Transport adoptée cet été, le ministre s’est engagé à la porter à 4,5 Mds€ d’ici la fin de la décennie », assure Marie Gautier-Melleray, préfète et secrétaire générale aux politiques publiques à la préfecture d’Île-de-France.
À titre de comparaison, « il faut investir en moyenne un demi-million d’euros du kilomètre pour régénérer une voie », indique Oliver Bancel, directeur général clients et exploitation chez SNCF Réseau.
Développer un « modèle logistique collectif »
Pour Lionel Le Maire, « il faut développer un modèle logistique collectif, plus compétitif. Ce qui suppose de travailler ensemble sur des projets à l’échelle des territoires, comme c’est le cas avec Coesio ».
Pour rappel, le programme Coesio (« Construire et organiser ensemble un schéma interfilière optimisé ») vise à recenser les flux de céréales pouvant être mutualisés entre plusieurs opérateurs, et surtout éviter les retours à vide des trains ou des barges. Une expérience pilote est en cours sur l’axe Seine.
Mais comment prendre en compte les aléas liés à la logistique et aux effets du changement climatique sur la récolte ? « Une réflexion est en cours autour de systèmes assurantiels pour lisser ces aléas », assure Bruno Bouvat-Martin. Un groupe de travail devrait voir le jour en 2026.
Et bâtir une « trajectoire commune »
La direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM) a fait savoir qu’un projet de partenariat est en cours avec Intercéréales pour « poser un cadre de référence et la construction d’une trajectoire commune », indique François Tainturier, conseiller fret à la direction générale de la DGITM.
Côté fluvial, des discussions ont également été engagées lors de la matinée avec Voies navigables de France en vue d’élaborer de futurs accords.
« Ces rapprochements déjà entamés entre nos structures devront se poursuivre. Nous allons continuer à travailler nos schémas logistiques différemment, à mutualiser avec le voisin, à contractualiser pour apporter de la rémunération à l’ensemble des parties prenantes. Enfin, la digitalisation est un axe qui peut être stratégique pour économiser des euros par tonne », a conclu Jean-François Lépy.
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