A Lucé, la Scael possède un silo d'une capacité de 30 000 tonnes, une véritable cathédrale de béton enclavée dans la ville, aux portes de Chartres (Eure-et-Loir). Face aux difficultés d'exploiter dans un milieu urbain, elle reporte peu à peu son stockage de céréales sur d'autres sites. Mais que faire de ce silo gigantesque qui s'étale sur 8 hectares et s'élève à 30 mètres ? Plutôt que le démolir, la Scael a eu une idée novatrice : lui donner une seconde vie en créant un agri-quartier. Du jamais vu en France.
« C'est un projet de société porté par les agriculteurs, insiste Philippe Voyet, président de la Scael. L'agri-quartier, c'est le contraire d'une ferme urbaine. Ce n'est pas l'agricole qui s'intègre à la ville, mais la ville qui s'intègre à l'agriculture. Nous avons à coeur de rapprocher ces deux mondes. »
Un quartier ingénieux autonome en énergie
L'idée est venue il y a deux ans, après une rencontre avec Julien Lagrue, un jeune architecte qui s'était intéressé à la rénovation des silos. Depuis, les équipes de la Scael planchent sur un projet beaucoup plus large, en gardant le nom d'origine, Olis. Il comprendra : des serres de production maraîchère, des légumes de plein champs, une centaine de logements, un restaurant en haut du silo, un magasin de produits locaux, une navette électrique pour transporter les habitants, un fab lab pour que les entreprises puissent tester de nouvelles technologies et une vitrine pédagogique sur l'agriculture. Le site sera autonome en énergie grâce au photovoltaïque et à la géothermie et l'eau sera récupérée. « L'idée est de faire un site ouvert, de créer des synergies entre l'agriculture et les citoyens, entre les différents usages pour être le plus efficient possible », indique Jean-Sébastien Loyer, le nouveau directeur de la Scael.
Un projet encore à estimer
Le projet en est au stade des études, aucun chiffrage n'a été annoncé. Néanmoins, la Caisse des Dépôts et consignations accompagne la Scael. La démolition devrait intervenir au premier semestre 2019. L'agri-quartier devrait voir le jour dans cinq à dix ans.
Aude Richard