Une ambition collective à - 20 % d’émissions de GES
La nutrition animale française s’est engagée à réduire de 20 % ses émissions de GES entre 2020 et 2030. Sur les scopes 1 et 2, l’amélioration de la performance énergétique des usines arrive en tête de liste, mais elle est très liée aux choix des approvisionnements et de la formulation.
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Les syndicats de la nutrition animale se sont mis d’accord sur un chiffre : - 20 %. Il s’agit de l’engagement du secteur dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre entre 2020 et 2030. La première chose étant de mesurer, le Snia et la Coopération agricole Nutrition animale ont publié cette année leur guide méthodologique pour l’harmonisation du calcul du poids carbone des aliments composés. L’objectif étant de fournir un cadre rationnel commun à tous les opérateurs. Paramètres à prendre en compte, modalités de calcul et données à utiliser sont donc détaillés dans ce guide qui a reçu un avis positif de l’Autorité de la concurrence. Il doit aussi permettre aux filières animales d’intégrer des données fiables dans leurs propres outils, avec l’objectif clair d’y faire reconnaître les actions de la nutrition animale. Cette dernière agit sur trois dimensions : la fabrication, le transport et les ingrédients. Les syndicats travaillent actuellement à la construction d’un système de certification de la bonne application de la méthode avec Oqualim. Il devrait être opérationnel dès le premier trimestre 2025. Sur le terrain, les entreprises sont prêtes à étiqueter.
Embarquer les équipes
Lors du O’Congrès de Tecaliman, le 16 septembre dernier, Clément Mauboussin (Cooperl) a en effet rappelé que les aliments contribuent pour 52 % à l’empreinte carbone du porc calculée en sortie de ferme, devant les effluents (43 %), les énergies arrivant bien plus loin (2 %). Et l’ensemble des matières premières expliquent 92 % de l’impact de l’aliment arrivé en élevage, chiffrait déjà la base de données Agribalyse sur la période 2005-2009. Pour la volaille, Stéphane Landreau (LDC amont) confirme que le poids de l’alimentation est encore supérieur avec 75 % des 2,57 kg de CO2 par kg de poulet conventionnel. « Selon Agribalyse 3.1.1, la valeur d’émission atteint 1,05 kg de CO2 par kg d’aliments, dont 1,03 pour les matières premières. Nos usines représentent 0,7 % des émissions d’un kg d’aliment, soit 0,3 % de celles d’un kg de poulet », précise-t-il.
Cela ne veut évidemment pas dire que les entreprises de la nutrition animale négligent les économies d’émissions possibles dans les usines (scopes 1 et 2). « Le groupe LDC s’inscrit dans une trajectoire d’environ - 40 % de CO2 entre 2022 et 2035, soit environ - 3,5 % par an. L’alimentation des volailles pèse 2,68 Mt sur les 2,9 Mt de CO2 émis par LDC amont (données 2022). Seulement 9 629 t de CO2 concernent nos usines d’aliments, mais il s’agit d’un élément permettant d’embarquer les équipes sur le sujet », pointe Stéphane Landreau.
Des actions bien engagées en usine
54 sites de production, représentant la moitié des volumes fabriqués en France, participent désormais à l’Observatoire de la performance énergétique de Tecaliman, qui a pris la suite du Club énergie fondé en 1985. « La consommation spécifique des usines du Club énergie a baissé de 20 % depuis lors », note François Lucas, spécialiste énergie chez Tecaliman. L’engagement massif dans l’Observatoire permet d’affiner les connaissances sur les consommations et les moyens d’économiser des énergies dans les usines. Et d’obtenir un chiffrage de ces progrès. Ainsi, le parc industriel a réduit ses consommations électriques de 1,7 % en 2023 par rapport à 2022.
En usine, l’énergie thermique représente plus de la moitié du coût de la granulation qui, elle, pèse pour près de la moitié du coût de fabrication. Son intérêt a donc été interrogé lors de la crise énergétique. Mais son impact nutritionnel et hygiénique est confirmé tant en volaille qu’en porc, sans oublier la facilité de stockage des granulés par rapport à de la farine. Il faut donc optimiser la production de vapeur, que ce soit en luttant contre les fuites, en isolant (vannes, barillets, purge, retour de condensat, bâche alimentaire…) ou en investissant. Un condenseur assure ainsi un gain de 2 à 6 % sur le rendement de la chaudière quand le rendement du brûleur gagne 2 à 5 % avec un économiseur ou bien encore de 1 à 2 % avec un brûleur modulant et la régulation de l’oxygène.
Chez Idena, on mise sur l’autonomie énergétique. Profitant de l’extension de son usine de Pontchâteau (Loire-Atlantique), le groupe a choisi d’installer 1 000 m2 de panneaux photovoltaïques s’ajoutant aux 1 500 m2 posés en fin d’année dernière au niveau de sa filiale STI Biotechnologie à Fougères (Ille-et-Vilaine). Le photovoltaïsme couvre ainsi 2 500 m2 au total pour ses deux sites, leur garantissant une quasi autonomie énergétique.
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Alimentation animale 2025
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