L'EXPÉRIENCE DE LAURENT LEGAND, RESPONSABLE SÉCURITÉ, CHEZ EMC2 « Le changement d'attitude est perceptible »

Deux ans après avoir entamé cette démarche originale, Laurent Legand dresse un premier bilan. « Il y a d'ores et déjà un changement d'attitude visible de la part de certains salariés, moins hésitants à remonter les situations à risques rencontrées dans leur travail. Des bonnes pratiques, des réflexes se mettent en place. Les salariés font même des propositions, signalent des dangers, s'inspirent de ce qu'ils voient ailleurs. C'est une excellente base d'analyse pour mettre en place des plans d'actions pertinents. » Un regret : cela ne se voit pas encore au niveau des indicateurs. Certes, le taux de gravité (journées perdues pour 1 000 h de travail) et le taux de fréquence (accidents avec arrêt de travail supérieur à un jour par million d'heures de travail) ont légèrement diminué, mais le nombre d'accidents au niveau général stagne. Ils ont même augmenté pour l'activité élevage, « plus récente, et où le niveau de maturité vis-à-vis de la sécurité est moins avancé ». Et de nuancer : « Les résultats sont moins bons parce que les agents de centre et les chauffeurs commencent à déclarer les accidents. Ce qui est finalement le signe positif d'un changement d'attitude. » Enfin, chez les commerciaux, depuis un accident lors d'une journée organisée par un fournisseur, le programme des activités qu'ils ont à effectuer leur est dorénavant demandé avant autorisation. En revanche, il y a de très bonnes améliorations dans des services où la prise de conscience des salariés est plus lointaine : en machinisme ou dans les silos. Maintenant, on me demande spontanément le catalogue des EPI. Les idées reçues telles que « porter des gants en machinisme, ça ne fait pas viril », commencent à tomber.