Changement climatique et aflatoxines : suivre les risques

Les stress thermiques subis par les maïs cette année, comme ici en Sarthe, suivis parfois de petites pluies tombées sur les feuilles sèches juste avant l’ensilage, imposent des contrôles via des analyses, car ces conditions augmentent fortement le risque mycotoxines. © Y. Boloh
Les stress thermiques subis par les maïs cette année, comme ici en Sarthe, suivis parfois de petites pluies tombées sur les feuilles sèches juste avant l’ensilage, imposent des contrôles via des analyses, car ces conditions augmentent fortement le risque mycotoxines. © Y. Boloh

2019 sera probablement une année de mycotoxines dans les maïs en raison des stress thermiques et de la sécheresse. L’Efsa s’inquiète aussi de la montée des aflatoxines dans les cultures de maïs européennes. Il faut donc s’assurer de l’absence de ces différents composés dangereux dans les récoltes et les ensilages en réalisant des analyses.

Depuis le début des années 2010, les maïs européens ne sont plus exempts d’aflatoxines : ces mycotoxines dangereuses pour l’homme et l’animal ont été trouvées dans des maïs en Serbie, Roumanie, Italie, Espagne puis, pour la première fois en 2015-2016, en France.

Ces contaminations restent rares mais, en cette année 2019, prévue comme une année à mycotoxines en raison des stress subis par les maïs (probablement plutôt du Don, Déoxynivalénol), la vigilance est de mise. Dans les premiers ensilages de maïs grillés par la chaleur, les feuilles sèches moisissent vite et une batterie suffisante d’analyses s’impose.

Taux maximums fixés par une directive européenne

La question n’est pas anecdotique. Produite par la vache laitière, si elle a consommé des aliments contaminés en aflatoxine B1, l’aflatoxine M1 présente dans le lait expose l’homme à des risques élevés. Elle est donc réglementée. La directive 2002/32/CE fixe ainsi les taux maximums en alimentation animale, selon les matières premières et les espèces animales cibles.

Pour protéger le consommateur de lait, elle impose donc une teneur maximale à 0,02 mg/kg pour le maïs et les dérivés de sa transformation, et à 0,005 mg/kg pour les aliments complets pour ruminants laitiers.

Le maïs, facteur potentiel encore plus important

Historiquement, les contaminations dans les élevages laitiers étaient principalement dues aux importations de tourteaux d’arachides contaminés, notamment d’Afrique, un flux désormais quasi inexistant. Le maïs constitue un facteur potentiel encore plus important.

Les changements climatiques augmentent considérablement le développement des champignons Aspergillus (principalement Aspergillus flavus et Aspergillus paraticus) qui les produisent, explique l’Efsa, l’agence européenne de sécurité sanitaire.

Des contaminations jusqu’au nord de l’Allemagne d’ici dix ans

L’agence a d’ailleurs produit en février 2018 une analyse sur l’augmentation des aflatoxines B1 dans les céréales, notamment le maïs en Europe, en s’appuyant sur les travaux réalisés depuis plusieurs années par l’université italienne de Piacenza.

Les prévisions des scientifiques montrent des contaminations probables à échéance dix ans non seulement dans les pays du sud de l’UE, mais jusqu’au nord de l’Allemagne. Outre le suivi des mycotoxines désormais bien connues, dont le Don, l’absence d’aflatoxine peut être recherchée.

Yanne Boloh
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