«Il y a de nombreuses innovations à attendre en biocontrôle, à côté des nouvelles technologies d’application liées aux capteurs et aux drones », confirmait Herman Van Mellaert, président d’IBMA, lors de la conférence annuelle à Bâle. Extraits naturels, préparations microbiennes ou auxiliaires : les avancées se font sur tous les fronts. Le seul écueil reste la lenteur de traitement des dossiers dans l’UE. Homologuer un produit de biocontrôle prend deux ans aux États-Unis et au Brésil, contre sept en moyenne en Europe. « Le marché reste porteur en France », souligne pourtant Bruno Ferreira, de la DGAL. Depuis 2009, les ventes de biosolutions ont augmenté en continu pour atteindre 21 000 t en 2020, alors que les ventes de produits conventionnels ont été divisées par deux depuis une dizaine d’années. Le représentant du ministère a annoncé une bonne nouvelle, confirmant que sur les 2 milliards d’euros qui vont être investis dans la transition agricole, une partie sera consacrée à la promotion du biocontrôle.
Antoférine, biofongicide 100 % français biosourcé
Le projet lancé par Antofénol, start-up française, figure parmi les plus prometteurs. Les substances extraites de bois de vigne par une technologie novatrice sans solvant, permettent de formuler un fongicide à large spectre : mildiou, botrytis, septoriose… « Nous avons déposé le brevet de l’Antoférine en 2016 et nous mettons en place trois unités de production en France, afin de produire jusqu’à 500 t par an », annonce Fanny Rolet, PDG de l’entreprise. Ce biofongicide présente une action multisite sur de nombreux pathogènes. La première application devrait être réalisée sur la tavelure du pommier. En Europe, l’autorisation est attendue en 2026 ou 2027, et aux États-Unis, elle pourrait intervenir dès 2024. En tout, quatre projets sont en cours de développement chez Antofénol.
Nouvelles biosolutions microbiennes
La firme tchèque Biopreparaty, à l’origine du Polyversum, développe d’autres fongicides microbiens basés sur des souches de Pythium oligandrum. Ce microorganisme est inscrit sur la liste des substances actives de l’UE. Deux produits ont été déposés à l’homologation en Europe : Polygandron WP vise le phytophtora de la pomme de terre, en pouvant s’appliquer quatre fois sur la même saison ; Polydresser est développé en traitement de semences des céréales. Le laboratoire Hansen développe un nématicide formulé à partir d’une souche de Bacillus, ciblant le Meloidogyne. « L’efficacité sur les souches de nématode atteint 95 % et il diminue la pénétration des nématodes juvéniles dans les racines. L’action multimodale dure une saison complète. Cette bactérie se localise sur les racines et à la surface, elle ne modifie pas la flore du sol », précise Lars Mølbak, de CHR Hansen. Le produit sera appliqué sous forme de traitement de semences.