"Chez moi, le principal problème lié au changement climatique c’est la sécheresse, indique Sébastien Martin, éleveur ovin dans la Vienne (86). En été, la nécessité d’amener toujours plus de fourrage aux animaux entraîne des problèmes de stocks par la suite", explique-t-il. Sur les conseils d’un technicien de la chambre d’agriculture, le jeune éleveur teste une solution simple et efficace : faire pâturer ses brebis en hiver sur les couverts végétaux de plusieurs voisins céréaliers. "J’ai pris contact avec deux d’entre eux. Ils m’ont laissé essayer, et comme ça fonctionnait, on a continué", raconte-t-il. Aujourd’hui, la pratique est complètement intégrée à son système d’élevage.
Une stratégie issue de la plateforme GECO
Cette synergie s’inscrit pleinement dans les stratégies d’adaptation au changement climatique. Le pâturage des couverts d’interculture fait d’ailleurs partie de la centaine de techniques recensées sur GECO, une plateforme en libre accès dédiées aux pratiques agroécologiques. Dans son espace thématique “Adaptation au changement climatique”, douze grands leviers couvrent des thématiques telles que la gestion du sol, de l’eau, des bâtiments ou encore la conduite du cheptel.

Des avantages pour tous, éleveur et céréaliers
“Les brebis peuvent pâturer différents types de surfaces, pointe Laurence Sagot, responsable de projets en production ovine pour l’Institut de l’élevage et le CIIRPO. Cette technique pourrait être pratiquée dans des vignes, des vergers, etc.” Pour Sébastien Martin, les avantages sont nombreux : gain de surface, repousse améliorée des prairies au printemps, animaux en meilleure santé. “Économiquement, j’ai aussi diminué mes charges alimentaires de 10 € par brebis. J’ai davantage d’agneaux et moins de parasitisme, car ces parcelles de couverts en sont indemnes.” Les céréaliers y trouvent aussi leur compte. "Cela diminue les charges de mécanisation liées au broyage, ajoute Laurence Sagot. Les animaux amènent aussi un apport d'azote directement assimilable et réduisent la pression limaces."
GECO, une boîte à outils collaborative dédiée à l’agroécologie
L’objectif de la plateforme GECO : rassembler et diffuser les savoirs disponibles en agroécologie. Elle est pilotée par l’Acta, le réseau des instituts techniques agricoles et propose plusieurs espaces thématiques. Celui dédié à l’adaptation au changement climatique a été créé à l’initiative de la Cellule Recherche Innovation Transfert (RIT), un consortium entre l’Acta, INRAE et les chambres d’agriculture, et s’inscrit dans la dynamique du Varenne agricole de l’eau. Près de 800 ressources techniques y sont classées en douze grands leviers. “Le monde de la recherche agricole produit beaucoup de connaissances, explique Matthieu Hirschy, ingénieur agronome à l’Acta. Avec GECO, nous voulons les recenser pour les rassembler dans un espace organisé.” Gratuit et en libre accès, cet outil web regroupe et met à disposition près d’une centaine de techniques existantes dédiées à l’agro-écologie. “GECO s’adresse à tous ceux qui veulent s’informer de la diversité des leviers existants : enseignants, conseillers, binômes technicien-agriculteur… pour les mettre en pratique sur le terrain. C’est aussi un espace collaboratif : n’importe quel collectif ou organisme de recherche peut suggérer des ajouts”, complète Matthieu Hirschy.