Goudy et Cie,une affaire de fratrie

Bernard Goudy a codirigé la structure avec son père de 1988 à 1995 avant d'en reprendre seul la présidence avec, à ses côtés dans l'entreprise, sa soeur aînée Catherine et son frère Vincent, plus jeune.
Bernard Goudy a codirigé la structure avec son père de 1988 à 1995 avant d'en reprendre seul la présidence avec, à ses côtés dans l'entreprise, sa soeur aînée Catherine et son frère Vincent, plus jeune.

Catherine, Bernard et Vincent Goudy dirigent l'entreprise créée, à Saint-Clar dans le Gers, par leur arrière-grand-mère. Une belle réussite pour ce négoce familial, très présentsur son territoire.

Dans le village de Saint-Clar, jolie bourgade de 1 100 habitants au nord du Gers, connue pour ses places à arcades et sa halle du XIIIe siècle, la famille Goudy et son commerce de négoce sont une institution. La première boutique, ouverte sur la place de la mairie, au tout début du XXe siècle, par Valérie Davasse, arrière-grand-mère des actuels dirigeants, est toujours en activité... mais elle a un peu changé ! A l'époque, la commerçante y tenait un magasin de légumes et de grains. Après la Première Guerre mondiale, elle a profité de la fermeture, due à un incendie, de la maison de prostitution qui jouxtait son établissement, pour racheter le local et y construire un silo. Trois cellules entièrement en bois lui permettaient de stocker le surplus de blé des agriculteurs locaux. « Quand Pierre, notre grand-père paternel, est revenu du front en 1945, il a bâti un premier silo en béton, composé de huit cellules de 90 t, accolé au magasin, raconte Bernard Goudy, président des Ets Goudy et Cie. Puis, de l'autre côté de la rue, c'est le silo historique de la famille qui a pris forme avec, à l'époque, une capacité de 2 000 t. »

Les silos maillent le territoire

« En 1961, l'agriculture s'étant bien développée, notre grand-père et quatorze autres entreprises de négoce ont créé un silo collectif, à Fleurance (Gers), embranché à la voie ferrée, poursuit Bernard. Ils y recevaient des trains d'engrais pour leurs activités d'appro, qui repartaient chargés de sacs de céréales. En 1970, lorsque notre père, Jean-Claude, a pris la tête de l'entreprise, il a agrandi notre silo de Saint-Clar. Ce dernier compte aujourd'hui quatre bâtiments et cinq cellules, pour une capacité de 8 500 t. » Les activités progressent encore et en 1987, Jean-Claude Goudy et deux collègues négociants bâtissent un nouveau silo de 7 500 t dans la zone industrielle de Pauilhac, près de Fleurance, doté d'un séchoir à maïs. Cet équipement, dont la société Goudy détient 50 % du capital, a ensuite été agrandi et dispose désormais d'une capacité de 11 000 t. Un bâtiment de 2 000 m², couvert de panneaux photovoltaïques, complète l'installation pour le stockage d'engrais. La même année, Jean-Claude construit à Mansonville, dans le Tarn-et-Garonne voisin, également à 50/50 avec un autre négociant, un hangar pour la collecte de céréales. Aujourd'hui utilisé pour y entreposer des engrais, il est rejoint en 2012 par un nouveau silo de 7 500 t. Enfin, en 2013, c'est Bernard qui apporte sa pierre à l'édifice en bâtissant, à Pessoulens (Gers), un local de 2 000 m² pour le dépôt de collectes, divisé en trois cellules.

Une transmission évidente

« Nous disposons au total d'un peu moins de 20 000 t de capacités de stockage pour une collecte de 35 000 t par an, précise Bernard. Lorsque je suis arrivé en 1988, nous collections 15 000 t, nous avons beaucoup progressé dans les années 2000. Aujourd'hui, nous commercialisons chaque année 23 000 t de céréales à paille, 8 000 t d'oléagineux, 500 t de protéagineux et 3 500 t de maïs. Nous développons aussi une activité de production de semences avec certains exploitants sous contrat, notamment en luzerne. » Depuis plus d'un siècle, les Goudy se transmettent les commandes de l'entreprise familiale. Catherine, l'aînée des enfants de Jean-Claude, est arrivée en 1985, un BTS de secrétariat en poche, pour prendre en charge, deux ans plus tard, les tâches administratives. Bernard, après des études de commerce et son service militaire, a codirigé la structure avec son père, de 1988 à 1995, avant d'en reprendre seul la présidence. « J'ai terminé l'armée un jeudi soir et le lundi suivant, j'embauchais », se souvient-il. Enfin, Vincent, qui a suivi un cursus agricole, est entré dans l'entreprise en 1993 comme chauffeur de poids lourds, avant de devenir chef de silo. « Il nous paraissait naturel de prendre la suite de nos parents, reconnaissent-ils tous trois. Cela s'est fait sans problème. »

L'entreprise de négoce travaille avec environ 150 agriculteurs livreurs actifs sur un rayon de 40 km, ce qui représente 12 000 ha de cultures. Pour la plupart, il s'agit de familles clientes de longue date, et d'agriculteurs devenus aujourd'hui des amis. Ces derniers sont suivis par les trois technico-commerciaux de l'entreprise, capables de les accompagner sur un grand nombre de productions. Les Ets Goudy adhèrent à plusieurs démarches qualité et réglementaires telles que le système HACCP, la charte qualité maïs classe A non OGM, le certificat de durabilité pour les oléagineux et, bien entendu, l'agrément Certiphyto pour la distribution des produits phytos. « Cela représente cinq à six audits par an, c'est ce qui me prend le plus de temps ! », reconnaît le président.

Le bio dans les tuyaux

Les Ets Goudy vendent leurs blés de force et améliorants, pour moitié, à trois meuniers du Tarn inscrits dans les démarches qualité, et pour moitié à des meuniers catalans. Les minotiers tarnais ayant récemment annoncé qu'ils exigeraient, dès l'année prochaine, du blé sans insecticide de stockage, l'entreprise va devoir mettre en place de nouvelles procédures pour conserver son grain. « C'est dans l'air du temps, cela correspond à une demande sociétale, comme la suppression du glyphosate, reconnaît Bernard. Nous n'avons pas encore de productions bio, mais nous y réfléchissons depuis deux ans, car nos producteurs sont de plus en plus nombreux à se convertir. D'ici un an ou deux, nous devrons trouver des solutions pour les collecter et les stocker. Mais pour l'instant, rien n'est planifié. »

Des essais pour les obtenteurs

Le blé dur collecté par l'entreprise est exporté depuis Port-La Nouvelle ou vers l'Espagne. Le maïs et les pois sont livrés à des fabricants d'aliments pour bétail français et espagnols. Le tournesol est trituré à l'usine Saipol à Bordeaux, d'où le camion de livraison revient chargé d'engrais. Le soja part dans les usines agroalimentaires bretonnes et les pois chiches en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour les appros, la PME est adhérente du groupement Impaact depuis 2005, dont Bernard est devenu vice-président, il y a deux ans. Le réseau de négoces agricoles possède une plateforme Seveso, à Labastide Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne), à 45 km de Saint-Clar, où sont entreposés engrais et produits de protection des plantes. Un site bien pratique pour s'approvisionner, sans avoir à stocker trop de marchandise dans ses propres entrepôts. Les trois TC participent aux commissions de référencement organisées par Impaact, puis bâtissent, avec Bernard, la gamme des produits à acheter. « Du temps de mon père et de mon grand-père, nous vendions aussi beaucoup d'aliments pour les animaux de basse-cour et l'élevage bovin, se souvient le dirigeant. Mais dans les années 2000, les jeunes qui se sont installés ont abandonné les productions animales et ont transformé leurs prairies en champs.Ceci explique, en partie, notre grosse progression en collecte. Mais celle-ci résulte aussi de l'extension de notre zone d'influence, par la construction de nos silos. »

Enfin, la PME réalise chaque année deux ou trois essais au champ, sur 1,5 ha prêté par ses clients, pour tester de nouvelles semences de blé de force, blé dur, blé meunier et de tournesol. Les obtenteurs lui confient des lots non encore commercialisés pour les observer en cultures grandeur nature, sur petites parcelles. Ils mesurent ensemble la taille des tiges, le rendement, la résistance aux maladies, la qualité sanitaire, la teneur en huile des tournesols oléiques... Et si ces variétés se comportent bien, ce sont elles que l'on retrouve dans les champs des clients de l'entreprise, les années suivantes.

Florence JacquemoudPhotos Isabelle Souriment Bazin

A cheval sur le nord du Gers et le Tarn-et-Garonne Les Ets Goudy et Cie possèdent quatre sites de collecte, dont trois dans un rayon de 40 km autour de leur siège social de Saint-Clar et trois dépôts d'appro.

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