C'est une première pour le réseau Impaact, qui regroupe environ quatre-vingts entreprises de négoce en France. Les quatre associés qui détenaient l'entreprise Sodepac, à Monsempron-Libos en Lot-et-Garonne, ayant décidé de prendre leur retraite et de céder leur bien, c'est Impaact, associé à RAGT Plateau central, qui s'est porté acquéreur au 1er janvier dernier, et qui s'enrichit ainsi d'un nouveau membre et d'un potentiel supplémentaire de chiffre d'affaires. Le réseau possède 80 % des parts et RAGT, les 20 % restants. « Les quatre associés, ex-salariés qui avaient repris l'entreprise de leur patron il y a trente ans, préféraient que celle-ci soit rachetée par des négociants, plutôt que par une coopérative, afin que les valeurs du négoce soient préservées. Mais, un négociant tout seul n'aurait pas eu les moyens d'assumer cette acquisition. Il n'y avait que le réseau pour être assez solide pour investir », confie Denis Huré. Ce dernier, président de Huré Agri Consult, en Charente, négoce spécialisé en viticulture et également membre d'Impaact, a été choisi par le président du réseau pour diriger Sodepac.
« Ce choix a été dicté en premier lieu par le fait que l'activité vigne, commune aux deux entreprises, est mon domaine, reprend-il. Par ailleurs, je suis l'un des dirigeants du réseau qui a le plus de facilités pour me rendre disponible. Ces derniers temps, j'ai accéléré les recrutements dans mon entreprise, si bien que je dispose d'ingénieurs qui sont capables de me seconder efficacement, lorsque je ne suis pas sur place. Cela me permet de consacrer deux jours par semaine à Huré Agri Consult et deux jours à la Sodepac. Je passe beaucoup de temps sur la route, mais je m'arrange pour rouler tôt le matin ou tard le soir, afin d'éviter de perdre du temps. » Présente sur quatre départements du Sud-Ouest - la Dordogne, le Lot, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne -, la Sodepac est solidement ancrée à son territoire. Elle travaille dans le domaine de la vigne, l'arboriculture, le maraîchage et les grandes cultures. Elle possède cinq dépôts pour approvisionner ses clients. Deux sont en Lot-et-Garonne, à Cancon parmi les producteurs de noisettes, et à Libos pour les céréaliers, où elle possède un silo d'une capacité de 11 000 t. Le troisième se trouve à Villefranche-du-Périgord, en Dordogne, où elle accompagne des producteurs de noix, de noisettes, de céréales et des éleveurs. Le quatrième, à Castelfranc, dans le Lot, au sein du vignoble de Cahors et du Quercy, où elle dispose également d'un silo de 1 300 t. Et le dernier à Montpezat-de-Quercy, en Tarn-et-Garonne, pour les légumes de plein champ, les melons et les céréales.
Premiers pas vers une collecte de céréales bio
« Nous avons également mis en place, depuis cette année, trois points de collecte supplémentaires à Cancon, Montpezat et Villeréal (Dordogne), chez des agriculteurs équipés d'un pont à bascule et d'un hangar, indique Francis Contensou, responsable de l'animation commerciale et de deux dépôts de l'entreprise. Cela nous permet de disposer de 300 t de stockage journalier supplémentaire par site, et d'apporter un nouveau service à nos clients agriculteurs. La collecte est ensuite rapatriée quotidiennement à Libos. » Autre nouveauté pour l'entreprise, elle a aménagé des cases complémentaires, dans l'espace de stockage de son silo de Libos, pour stocker 300 à 400 t de productions bio. « Nous nous intéressons depuis toujours au bio, c'est une activité importante qu'il ne faut pas négliger, poursuit Denis Huré. Nous y croyons et voulons devenir un acteur important sur le secteur. » Agréé en juin dernier, cet équipement a reçu cet été ses premières collectes de blé, orge et autres céréales. La Sodepac possède aussi, à Villefranche-du-Périgord et Libos, deux libres-services agricoles qui seront bientôt rénovés. « Les gens apprécient nos Lisa, car ils peuvent venir, tels qu'ils sont dans leurs champs, en bottes, en sabots, leur casquette sur la tête... inutile de s'apprêter », précise Ghislain Philip, responsable des magasins. Nous sommes proches des gens, nous connaissons leurs familles, nous leur demandons des nouvelles et nos clients aiment ça. Nous enregistrons huit mille passages en caisse par an dans chaque point de vente. En revanche, nous avons fermé nos Lisa de Cancon et Montpezat, qui ne tournaient pas comme nous l'aurions voulu. Les deux sites sont toutefois restés des dépôts agricoles. »
Quatre salariés au comité de direction
Au sein de la Sodepac, le départ des quatre associés, qui géraient chacun une partie de l'activité, a entraîné une complète réorganisation. Denis Huré a mis en place un comité de direction, sous sa présidence, composé de quatre salariés occupant aujourd'hui des postes clés dans l'entreprise. David Maury a pris la direction de la gestion et de la comptabilité, Ghislain Philip s'occupe de tout ce qui concerne les ventes grand public et l'alimentation animale, Francis Contensou est responsable de l'animation commerciale et de deux dépôts de l'entreprise, et Jean-Denis Costes est en charge de l'animation technique et des achats et référencements d'engrais, semences et produits phytos. « Il s'agit de personnes qui étaient déjà présentes dans l'entreprise, reconnues pour leurs compétences et que nous avons fait monter en puissance, précise le président. Pour ma part, je gère tout ce qui est administratif et financier. Ces tâches sont sans lien direct avec mon entreprise personnelle, hormis des réunions communes dans le cadre du réseau Impaact. »
La Sodepac fait travailler trente-sept employés permanents et trois intérimaires. Quatre TC ont été embauchés après sa reprise par Impaact. A terme, un cinquième sera recruté. Denis Huré vise une quarantaine de salariés permanents. « La Sodepac est reconnue sur le terrain pour ses valeurs humaines et ses connaissances techniques, ajoute-t-il. Mais nous voulons aujourd'hui renforcer notre maillage du territoire et parvenir à une plus grande spécialisation de nos TC, afin de développer une nouvelle offre, comme par exemple la géolocalisation des apports ou la modélisation des traitements, en adéquation avec les attentes de nos clients. Nous visons aussi l'augmentation de nos volumes de collecte, en conventionnel comme en bio, ce qui passera par un développement de nos outils. Nous avons collecté 23 000 t de céréales en 2015 et 19 000 t en 2016, qui ont été vendues, en France, à la filière des aliments pour bétail ou exportées, notamment vers l'Espagne. Notre objectif est d'atteindre 25 000 t d'ici à cinq ans. Nous avons, par ailleurs, réalisé 17,3 M€ de chiffre d'affaires en 2016, et nous visons 20 M€ en routine. »
Un nouveau siège social à Libos
La Sodepac entend, enfin, mieux communiquer et être plus visible. Elle investit 400 000 € dans la construction d'un nouveau siège social de 240 m², à Libos, où viendra s'installer le personnel administratif et commercial, pour une organisation plus aisée et plus opérationnelle. Le bâtiment sera inauguré le 29 septembre prochain. A terme, l'entreprise devrait rester dans le giron du réseau Impaact, tout en gardant son indépendance. Les bénéfices de son développement pourraient permettre au réseau de reprendre d'autres négoces dans les mêmes conditions, si l'opportunité se présente.
Florence Jacquemoud