Vaesken prêt à franchir de nouvelles étapes

Jean-Jacques Vaesken et son épouse Charlotte ont, en moins de vingt ans, multiplié par six le chiffre d'affaires de leur négoce, et par dix, celui du groupe Vaesken.

La devise de Jean-Jacques Vaesken pourrait être : « Qui n'avance pas recule », lui qui n'a cessé de développer avec l'aide de son épouse, Charlotte, le négoce agricole repris à ses parents en 1985, à Arneke, au Nord-Ouest de Lille (Nord). « Je suis entré dans l'entreprise en tant que commercial engrais et phytos en 1978, mon père m'a ensuite confié très jeune les rênes de l'entreprise, à vingt-neuf ans, une très grande chance pour moi », reconnaît Jean-Jacques Vaesken. Une décision qui lui a donné les coudées franches pour avancer. Le jeune couple a alors jonglé entre croissance interne, par des gains de parts de marché, et acquisition d'autres entreprises, essentiellement dans la région Nord-Pas-de-Calais. « Le premier rachat date de 1997, avec l'acquisition du négoce de céréales Honoré Vaillant (Nord), précise Charlotte Vaesken. Ont ensuite suivi les rachats du négoce de céréales et pommes de terre Cardinael (Nord), de l'activité collecte de céréales et approvisionnement de Ammeux (Nord), du négociant en céréales Toulotte à Roquetoire (Pas-de-Calais) et il y a quatre ans, avec Carré, de l'entreprise Bonningues à Wierre-Effroy (Pas-de-Calais). » Depuis, Vaesken a repris l'ensemble du capital de Bonningues.

Le négoce Vaesken, tête de pont du groupe

En parallèle aux activités purement agricoles, Jean-Jacques Vaesken a également initié une activité petfood dès le début des années 1980 que le négociant a filialisée en 2001, avec la création de Distripro. Il a ensuite investi à 50-50 avec un partenaire de l'Oise, dans la société de distribution Profood, toujours dans le domaine de l'alimentation pour chiens et chats.

Aujourd'hui, le négoce Vaesken a intégré toutes les entreprises de négoces qui ont été rachetées, sauf le négociant Bonningues et l'activité pommes de terre de Cardinael. Le groupe est organisé sous la forme d'une holding, la Holding Vaesken, dont le capital est détenu à 100 % par Jean-Jacques et Charlotte Vaesken. Cette holding détient plusieurs entreprises, les négoces de céréales Vaesken et Bonningues, le négoce de pommes de terre Cardinael et la filiale petfood, Distripro. Le négoce Vaesken faisant figure en quelque sorte de tête de pont pour l'ensemble du groupe. « Au fil des années, notre activité a progressé doucement mais sûrement pour assurer la solidité et l'indépendance financière de l'entreprise », précise son PDG. Le chiffre d'affaires du négoce est passé de 49 MF en 1990, à 45 M€ en 2008-2009, ce qui signifie qu'il a été multiplié par six en dix-huit ans. Pendant ce temps, le chiffre d'affaires du groupe Vaesken, qui s'élève aujourd'hui à 73 M€, a été multiplié par dix ! L'entreprise compte désormais 46 salariés, 75 pour le groupe Vaesken, une équipe jeune, bien formée et motivée puisque la moyenne d'âge est inférieure à 40 ans.

La proximité des clients

Si, depuis deux ans, l'entreprise familiale du Nord a marqué une certaine pause dans son expansion, c'était pour mieux s'organiser en interne. Même si Charlotte Vaesken a en charge la direction administrative et financière de l'entreprise, Jean-Jacques Vaesken qui est aussi président de l'association des négociants de Nord-Picardie, était accaparé au quotidien par des tas de dossiers qui l'empêchaient de lever le nez du guidon et auraient pu, en cas d'absence imprévue, fragiliser l'entreprise. Il a alors décidé de recruter quelqu'un qui pourrait le seconder dans toutes les activités du groupe autres que le commerce. C'est ainsi qu'Etienne Bracquart est arrivé chez Vaesken. Ensemble, ils ont mis en place une nouvelle organisation de l'entreprise par pôle (lire page 18). Maintenant que la nouvelle organisation est sur les rails, le négociant du Nord est prêt à franchir de nouvelles étapes.

Qu'est-ce qui explique le succès aussi rapide de Vaesken ? « C'est un tout, tente de résumer Jean-Jacques Vaesken. Une chose est sûre, nous attachons une très grande importance à la proximité client. La satisfaction des agriculteurs est vraiment notre priorité de tous les jours. Notre premier objectif est de leur donner, au quotidien, la possibilité d'être performants sur leurs exploitations et de bien valoriser leurs productions. » Au total, 14 sites dont le siège, 10 centres de collecte appro, 2 sites de collecte seule et un site de stockage (sur le port de Dunkerque) sont répartis sur toute la zone d'activité. Tous les contacts avec les clients passent par les technico-commerciaux. Les livraisons chez eux sont toujours réalisées par des chauffeurs Vaesken, qui véhiculent l'esprit d'entreprise, avec des camions aux couleurs de Vaesken. Et au fil des années, les résultats sont là. En 2008-2009, par exemple, malgré la baisse du prix des céréales, le négoce Vaesken va accroître son chiffre d'affaires collecte de 45 %. Les rendements ont augmenté de 20 %, certes par rapport à la récolte 2007, les surfaces ont aussi progressé, mais le reste provient d'une progression de ses parts de marché.

Ne pas imposer brutalement ses méthodes

Pour un maximum d'efficacité, le négoce est adhérent au GIE Nord négoce qui fait lui-même partie du réseau D'Clic, pour les achats de produits d'approvisionnement et le service technique et expérimentations. Vaesken bénéficie aussi du site de stockage de produits phytosanitaires classé Seveso Logistinord de Villers-lès-Cagnicourt (Pas-de-Calais), commun à plusieurs membres de Nord négoce. Jean-Jacques Vaesken s'occupe en revanche lui-même de la vente des céréales, secondé par Catherine Cornette. « Nous proposons bien sûr plusieurs solutions aux agriculteurs, de la vente à prix ferme aux contrats acompte indexés sur le Matif... pour répondre à toutes les attentes des agriculteurs », indique-t-il. En moyenne, 70 % des céréales du négociant sont exportées via le port de Dunkerque qui se situe à 35 km. Le négociant n'entend pas non plus imposer brutalement ses méthodes. « Bonningues est autonome dans son fonctionnement. Cela étant dit, nous nous appuyons à la fois pour la vente des céréales et l'achat des approvisionnements sur Vaesken », explique Martine Delattre, sa directrice. « Bien sûr, nous essayons d'appliquer progressivement chez Bonningues, ce qui nous semble positif chez Vaesken, et de trouver une certaine unité culturelle entre les deux entreprises. Mais nous tenons, pour le moment, à garder les deux entités bien distinctes », ajoute Jean-Jacques Vaesken. Implanté dans une zone de polycultures-élevage, Vaesken met aussi un point d'honneur à apporter aux agriculteurs éleveurs, une compétence et un service aussi pointus dans les deux domaines.

Capable de s'adapter très vite

« Notre particularité est peut-être aussi d'être le plus polyvalent et le plus réactif possible, remarque Jean-Michel Cardinael, directeur du négoce Cardinael. En pommes de terre, s'il y a encore deux ou trois ans, l'industrie des pommes de terre de consommation non lavées, représentaient l'essentiel de nos débouchés, les lavées sont désormais passées devant avec, à la clé, une meilleure valorisation. » Pour lui, si l'entreprise qui commercialise 20 000 t de pommes de terre par an, a pu opérer aussi rapidement cette mutation, c'est parce qu'elle sait s'adapter très vite, et que les décisions peuvent être prises très rapidement..

Vaesken a aussi été l'un des tout premiers négociants dans la région à être certifié Iso 9001 - version 2000 - en décembre 2002, et à mettre en place depuis avril 2004, dans tous ses dépôts, la méthode HACCP - GTP Coceral de maîtrise des risques sanitaires. Il reconnaît, en revanche, qu'il a tardé à s'intéresser à la communication avec les agriculteurs via internet, sans doute parce que ses clients n'étaient pas forcément demandeurs. Ce retard est désormais rattrapé puisqu'il s'est doté, il y a quelques mois, d'un intranet salariés et a prévu de lancer cet été, un extranet agriculteurs.

Blandine Caillez

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