"Notre priorité, c'est la certification d'entreprise pour 2013 car c'est notre droit à travailler ", avance Laurent Saquet, gérant depuis janvier 2011 de la SARL Michel Houël. Ce négoce situé à Les Champs-Géraux (Côtes-d'Armor) a été racheté à son beau-père, conjointement avec sa femme qui n'a pas aujourd'hui de fonction dans l'entreprise. De formation (BTS électrotechnique) et de milieu non agricole, il est arrivé par la petite porte en juillet 2000 pour prêter main-forte lors de la collecte. Et il est resté. A ce jour, il veut mener l'entreprise vers un professionnalisme lui conférant une bonne place au sein de son territoire géographique, mais aussi du réseau de négoces AA Ouest auquel elle est rattachée. Sur la partie amont, la certification d'entreprise, dans le cadre de la réforme de l'agrément phyto obligatoire, d'ici le 1er octobre 2013, est la priorité. Le réseau AA Ouest (union d'Armor Appro et Axe Appro et qui dépend du réseau AA, émanation du groupe Glon-Sanders) représente une aide essentielle dans ce domaine. " Nous sommes à ce jour en train de choisir le logiciel de préconisations. Dans mon organisation, je m'appuie de plus en plus sur ce réseau avec lequel nous mutualisons déjà nos achats et notre offre ", reconnaît le jeune dirigeant. Des réunions sont programmées avec l'ensemble des collègues négociants autour des différents points de cette démarche qui " va vers la professionnalisation de notre métier ".
Restructurer le système informatique
L'objectif de Laurent Saquet est de rebondir sur cette certification pour mieux expliquer son métier aux clients agriculteurs. Aussi, une communication est prévue dont une journée portes ouvertes, en juin prochain, au cours de laquelle vont être exposées les évolutions au sein de l'entreprise et en matière de conseils. Une bonne partie des cent vingt clients a déjà suivi la formation Certiphyto, il y a plus d'un an.
L'informatisation de la préconisation va se faire conjointement à la restructuration du système informatique. Un budget de 15 000 à 20 000 € est prévu au global. Pas de site internet pour l'instant " mais nous savons bien que nous aurons besoin de communiquer plus à l'avenir ". La solution informatique choisie devrait permettre d'éditer le bon de commande et de basculer sur la facturation. Il s'en suivra un suivi automatique des stocks en l'état qui n'existe pas à ce jour. " Mais mon technico-commercial, Jean-Pierre Morel, gère déjà cela très bien ", ajoute Laurent Saquet. Afin d'anticiper l'arrivée du futur logiciel, il a équipé son unique technico-commercial d'une tablette qu'il a lui-même également adoptée.
Une nouvelle recrue sur le terrain
La force de vente va d'ailleurs bientôt être doublée avec l'embauche d'une jeune femme en formation en alternance, depuis quelques mois, en BTS productions végétales. Ce choix de mode de recrutement s'appuie sur la volonté de permettre à la personne de s'accoutumer à l'ambiance conviviale de l'entreprise. Elle s'est déjà vue déléguer la réalisation des plans de fumure qui incombait au dirigeant auparavant. Et elle va participer à la nouvelle politique de prospection qui va être mise en place sur des secteurs non encore fréquentés par l'entreprise. " Tout en respectant les limites de territoire des autres négoces de notre réseau ", précise Laurent Saquet. Les exploitations grandissant, leur accompagnement est encore plus d'actualité. D'ailleurs, le contrôle des registres phytos est aussi au programme. " L'agriculteur a besoin d'être rassuré, tout comme nous. Le relationnel reste très fort et je tiens à maintenir la convivialité qui existait avec mon beau-père ", insiste le jeune patron. La cuisine, avec sa grande table et ses bancs près de l'accueil, en est le symbole. " J'ai commencé à la base comme mes salariés, à porter les sacs, tenir le balai. Je veux que l'équipe se sente bien. Lors de la permanence que je tiens, le samedi matin, les chauffeurs viennent toujours faire un tour au dépôt et les clients sont étonnés d'une telle implication. "
Des débouchés mutualisés avec Céréos
Les chauffeurs ont d'ailleurs vu, depuis juillet dernier, leur équipe renforcée d'un conducteur supplémentaire pour les remplacer lors des périodes de collecte notamment. Cette activité s'est développée ces dernières années puisque le volume collecté se monte à 20 000 t actuellement, contre 12 000 t en 2000. Un autre pas va être franchi avec le passage à la certification GSA-GTP en cours. " D'une part, la demande de stockage est à la hausse, d'autre part, je souhaite professionnaliser ce métier-là encore. Cela amène à communiquer auprès des agriculteurs et des salariés sur encore plus de rigueur dans le traitement du grain et incite à des investissements comme les filets antioiseaux ou un balai mécanique… " Le négoce Michel Houël souhaite devenir un point de stockage fiable et professionnel pour les clients. Aujourd'hui, 8 000 à 10 000 t transitent par son silo à plat, outre sa propre collecte. Distributeur des aliments Sanders, depuis des années, le négoce destine en partie ses céréales aux usines d'aliments du groupe. Ces dernières sont commercialisées par la structure Céréos, créée il y a un an avec une douzaine de négoces et Sanders lui-même. Les tonnages sont mutualisés et des outils de gestion du marché peuvent être proposés aux agriculteurs. Un site internet, géré par un salarié employé par Céréos, met en ligne les cotations. " Je propose à mes clients de s'intéresser à ces cotations pour étudier leur prix de revient, souligne Laurent Saquet. Certains se servent d'ailleurs de leurs engagements sur le marché à terme comme garanties face à la banque. " A cette activité de prestation de stockage s'ajoute celle de transport pour des tiers qui n'est pas appelée à se développer plus que cela. " Notre proximité avec le port de Saint-Malo fait que nous sommes sollicités par des collègues et des agriculteurs lorsque les bateaux d'engrais arrivent. Nous transportons également du bois à Caen, Nantes ou Honfleur. Et nous repartons avec de la marchandise. "
Défendre le milieu agricole
Cette diversification permet de générer des sources d'optimisation des moyens existants, notamment dans un contexte où le travail se fait à flux tendu. " Le temps est ce qui nous manque le plus au quotidien. Si je pouvais me le permettre financièrement, je recruterais une personne supplémentaire pour gérer le dépôt. Aujourd'hui, chaque salarié participe à l'activité du magasin, que ce soit moi, les chauffeurs ou le comptable, remarque Laurent Saquet. Mais le challenge est intéressant. Le milieu agricole est à encourager et à défendre. D'ailleurs, nous sommes dans la commission des eaux de la Communauté de communes. "
Hélène Laurandel