Le milieu professionnel et celui des secours ne sont pas amenés spontanément à se rencontrer. « Pourtant, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, atteste Samuel Dujardin, responsable industrie maintenance et investissements neufs à la coop de Creully. Nous avons besoin d’eux pour pouvoir être secourus, mais ils ont aussi besoin de nous, notamment pour pouvoir se former au mieux car l’intervention en silos à grains présente de nombreuses spécificités. »
C’est ainsi que depuis 2015, la coopérative de Creully donne régulièrement accès à ses installations aux équipes du Service départemental d’incendie et de secours. En octobre dernier, une session de 6 jours a ainsi permis de former une quarantaine de sauveteurs des SDIS du Calvados (14) et de l’Eure-et-Loir (28), sur le site de Nonant.
Les interventions de sauvetage en silos peuvent être périlleuses et nécessiter de mobiliser des compétences très différentes. Le risque d’enlisement est clairement identifié. Les formations s’adressent en premier aux membres des unités de sauvetage déblayage (SD). Organisées sur les sites de Creully, elles peuvent aussi permettre aux sauveteurs de mener des opérations coordonnées avec d’autres corps de métiers du SDIS. La dernière session a ainsi fait intervenir de façon conjointe le Grimp (Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux), pour une démonstration de sauvetage en hauteur. « Ces mises en situations nous permettent de nous former mais aussi de valider nos procédures d’intervention », relève le capitaine Pierre Kefelian-Jobert, du SDIS 14.
Une fois que les sauveteurs sont formés pour intervenir en silos, ils peuvent transposer les techniques partout ailleurs, quel que soit l’organisme stockeur exploitant. L’initiative menée dépasse ainsi largement le seul périmètre de la coopérative et mériterait sans doute d’être répliquée dans d’autres départements français. Le sujet est en train de remonter sur le plan national. Florent Verdier, responsable des risques industriels à La Coopération agricole, a notamment assisté à la dernière session de formation.
Créer du lien
« Dans la conception des nouveaux silos ou l’aménagement des sites en général, nous prenons aujourd’hui mieux en compte les contraintes d’intervention des pompiers, souligne Samuel Dujardin. Certains accès ont été modifiés ou repensés. Nous avons aussi proposé des améliorations pour le nouveau matériel de déblaiement mis au point par le SDIS 28 (lire encadré). De leur côté, les sauveteurs sont formés en conditions réelles sur nos sites. Si la nécessité d’une opération devait se présenter, nous pensons que cela pourrait faciliter l’intervention des secours de façon plus efficace. La sécurité au travail s’en trouve naturellement renforcée. D’une manière plus générale, la démarche fait que nous avons créé du lien. C’est sécurisant, pour nous comme pour eux. Depuis six ans, nous avons déjà beaucoup avancé avec les équipes du SDIS et ce n’est pas fini, nous avons encore plein de sujets à travailler en commun. »