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Produire son énergie, une idée séduisante

Beaucoup d'opérateurs se tournent vers le photovoltaïque, avec revente possible de tout ou partie de l'électricité.

De plus en plus de coopératives et de négoces sautent le pas de la production d’énergie pour alléger la facture en autoconsommant ou générer des revenus. Le photovoltaïque apparaît comme la solution la plus accessible, sous réserve de bien penser son projet.

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La facture flambant, quoi de plus naturel que de réfléchir à produire sa propre énergie ? Mais en appro-collecte, « la principale problématique est la saisonnalité, avec des pics de consommation », analyse Virginie Charrier chez LCA. C’est pourquoi beaucoup se tournent vers le photovoltaïque, avec revente possible de tout ou partie. Emilien Lassara, à l’association Hespul, spécialisée dans le développement de l’énergie solaire, explique que trois types de projets sont possibles sur des toitures : l’autoconsommation totale, la vente totale et l’autoconsommation avec vente du surplus. « En autoconsommation totale, on consomme tout ce que l’on produit, il n’y a pas d’injection d’électricité dans le réseau. L’enjeu, c’est de bien dimensionner l’installation, pour ne pas produire plus qu’on ne consomme », explique le chargé de projets photovoltaïques. Ce qui nécessite une courbe de production photovoltaïque similaire à la courbe de consommation du site, ou un talon de consommation suffisant. Difficilement pensable sur la partie métiers du grain, mais possible pour des sites industriels qui ont des besoins constants en énergie, par exemple en alimentation animale ou en agroalimentaire. En général, les panneaux photovoltaïques sont garantis 25 à 30 ans, pour un rendement à 80 % de celui initial.

Photovoltaïque sur Gamm vert

À l’opposé, il est possible de vendre totalement l’électricité. « Avec un compteur indépendant, l’entreprise injecte la production dans le réseau, le plus souvent avec un tarif d’achat garanti par l’État sur vingt ans », explique Emilien Lassara. L’acheteur est généralement EDF OA (obligation d’achat) et il faut bien respecter les conditions de l’arrêté tarifaire en vigueur. « Les tarifs d’achat dépendent de la puissance du projet », ajoute l’expert. À noter qu’au-delà de 500 kilowatt-crête (kWc), il faut passer par un système d’appel d’offres avec la CRE (commission de régulation de l’énergie). Sachant que sont considérés comme un même site, et donc un même projet, des bâtiments distants de moins de 100 m. Attention donc aux surfaces de toiture pouvant dépasser la limite, car il faut compter 1 kWc pour 5 m², soit 2 500 m² pour 500 kWc. Chez Océalia, 881 m² de panneaux ont été installés fin 2020 sur le Gamm vert de Niort (Deux-Sèvres). L’électricité produite est revendue. « L’installation de 1 000 m² de panneaux solaires a représenté un investissement de 250 000 €, chiffre le DGA, Christian-Manuel Huni. L’électricité produite par les panneaux représente un revenu annuel de 50 000 €, soit un retour sur investissement de cinq ans. »

« Un retour sur investissement de cinq ans »

Valoriser le surplus

La troisième option est intermédiaire : autoconsommer une partie de sa production et vendre la partie de sa production que l’on ne consomme pas en temps réel, le surplus. « La valorisation se fait à un tarif donné. À noter que ce tarif est inférieur au tarif de vente totale dont on a parlé juste avant, sauf sur le segment 100-500 kWc », indique Emilien Lassara. Pour lui, « si l’achat d’électricité est peu cher, ou si l’autoconsommation possible est faible, mieux vaut partir sur de la vente totale ». C’est le projet de Maison François Cholat, comme l’explique François Maxence Cholat, responsable filière du négoce de l’Isère : « Nous sommes en train d’installer 640 panneaux photovoltaïques sur un bâtiment de stockage de farine et sur des ombrières d’un parking, au niveau du siège social. L’électricité produite dans la semaine sera autoconsommée, le surplus repartira dans le réseau Enedis, ainsi que l’électricité générée durant le week-end. L’ensemble pourrait fournir un tiers des besoins du siège. »

« Si l’autoconsommation est faible, mieux vaut partir sur de la vente totale »

Revendre en gré à gré

La vente, avec ou sans autoconsommation, peut se faire à EDF OA, par exemple avec un tarif d’achat, mais aussi à des agrégateurs ou sociétés. Le prix de vente se négocie dans ce cas de gré à gré, ce qui peut être plus rémunérateur, mais plus risqué aussi. « Souvent les contrats ne sont pas aussi longs que dans le cas d’une obligation d’achat, note Emilien Lassara. En direct, il faut que l’acheteur soit robuste, sans risque de faillite. La contractualisation est également plus complexe et les projets doivent avoir une certaine taille. » De son côté, Oxyane s’est d’abord intéressée au sujet du photovoltaïque pour ses adhérents, pour qu’ils soient bien accompagnés sur le sujet. Après étude, le choix de la coopérative s’est porté sur Terre et Lac Solaire, à Lyon. Elle a monté une société, Oxyane solaire 1, qui a piloté l’installation de panneaux chez 10 sites d’adhérents, et 12 de la coopérative. Les installations vont démarrer en 2023, en revente intégrale. Oxyane solaire 1 est propriétaire des panneaux, avec Terre et Lac, mais à terme ce seront les adhérents qui seront majoritaires. Les bénéfices sont d’ailleurs redistribués. En parallèle, un nouveau Gamm vert vient d’être terminé, à Aoste (Isère), avec des panneaux photovoltaïques en toiture. Deux autres magasins sont en projet, cette fois en autoconsommation avec revente du surplus. Oxyane réfléchit aussi à investir sur une installation en autoconsommation avec revente du surplus en gré à gré, qui serait racheté par la coopérative, à des tarifs intéressants pour elle. « Mais il faudrait quand même passer par un agrégateur », ajoute Loïc Varejao, référent énergies renouvelables chez Oxyane, insistant sur le fait que « c’est encore au stade d’idée ».

Choisir le bon cabinet

Le photovoltaïque n’est pas réservé aux grandes structures. Aux Ets Peynin, à Toulx-Sainte-Croix (Creuse), le solaire a permis de construire de nouveaux bâtiments de stockage de céréales, dont le raccordement est prévu pour cette année. Hébergeur et non financeur, le négoce, qui a travaillé avec Irisolaris, en deviendra propriétaire dans 30 ans. « La vente d’électricité a financé son coût », résume Ludovic Peynin, qui gère avec ses parents le négoce d’appro-collecte. Comment bien choisir le cabinet pour être accompagné ? « Ma recommandation, c’est de faire réaliser au moins deux ou trois devis », conseille Olivia Talhouk, à LCA Auvergne-Rhône-Alpes. Attention aussi aux assurances : « Mieux vaut appeler son assureur dès le début du projet, car si le bâtiment est un stockage d’engrais, par exemple, il est possible de devoir payer un surplus, voire que ce soit un point de blocage », prévient-elle. À noter que la Région Auvergne-Rhône-Alpes peut prendre en charge une partie du coût du désamiantage du toit en cas de solarisation.

« Mieux vaut appeler son assureur dès le début »

Géothermie et biomasse

Le photovoltaïque, solution la plus prisée par les coopératives et négoces, n’est pas la seule piste. Euralis se penche sur la géothermie et les chaudières à biomasse (lire p. 34). Chez Cristal Union, depuis 2022, les fours à déshydratation de pulpes et de luzerne du site de Bazancourt (Marne) sont alimentés par de l’énergie issue de la biomasse-bois en substitution de l’énergie fossile. « Ce changement, initié dans le cadre de notre démarche de décarbonation, a également permis de réduire la facture énergétique ; le bois, dont l’origine est au maximum à 150 km des usines, étant une ressource plus économique que les énergies fossiles », explique Pascal Hamon, directeur industriel du groupe.

Biogaz de betteraves

Pour l’avenir, l’objectif de Cristal Union est de poursuivre la réduction de la facture énergétique, notamment en produisant sa propre énergie. Pour cela, la méthanisation et la combustion des pulpes de betterave est un axe fort de réflexion. « À l’horizon 2050, notre objectif est d’utiliser 55 à 75 % de la pulpe pour atteindre une autonomie totale en énergie. Mais cela nécessite des investissements lourds et une validation de la technologie à tous les niveaux, y compris environnemental. Nous sommes actuellement dans cette phase de validation », indique Pascal Hamon. La méthanisation des eaux de lavage des betteraves des sucreries et distilleries (qui contiennent encore un peu de sucre) est une autre voie étudiée, déjà opérationnelle sur le site de Fontaine-le-Dun (Seine-Maritime) depuis 2019. Deux autres projets sont en cours d’étude à Arcis-sur-Aube (Aube) et Bazancourt pour un démarrage dans trois ans. « La méthanisation de ces eaux nous permet de produire un volume de biogaz couvrant 7 à 8 % des besoins énergétiques de chaque site. L’objectif à terme est de le généraliser à tous nos sites industriels », prévoit le directeur industriel.

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