Passer le cap des contrats
Les contrats d’énergie, notamment en électricité, sont devenus un enjeu complexe requérant de l’analyse pour les adapter au plus près des besoins tout en limitant l’impact de l’inflation.
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La perspective de renouveler les contrats d’énergie était devenue, courant 2022, la bête noire des entreprises concernées et reste encore un sujet de préoccupation face à des cours bien supérieurs à la situation d’avant crise, notamment en électricité. Avant l’été 2021, le prix moyen pondéré sur le marché du gros en électricité s’établissait entre 45 et 60 €/MWh, pour atteindre les 300 €/MWh sur 2022, selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie). « Le prix de l’électricité pour les trois prochaines années est évalué entre 150 € et 250 €/MWh », avance Benjamin Leparc, directeur commercial de Mon courtier énergie Toulouse, tout en précisant que « c’est une fourchette estimative qui ne tient pas compte d’éventuels évènements structurels ou conjoncturels qui influenceraient à la hausse ou à la baisse le marché boursier de l’électricité ». De son côté, Alexis Ribeau, de Studeffi, cabinet de conseil en énergie, annonçait en février « traiter pour 2024 des contrats à 250 €/MWh rendu sur site hors TVA ».
Se faire accompagner ou pas
Comment alors établir ses contrats pour limiter le facteur multiplicateur du prix final à payer ? Le marché de l’énergie est complexe. Certaines entreprises ont en confié la responsabilité en interne. C’est le cas du groupe Euralis avec son responsable énergies Olivier Rebenne, qui fait très justement remarquer qu'« il n’y a pas de vérité sur les contrats. C’est tellement compliqué avec des marchés si fluctuants. » D’autres font le choix d’un accompagnement externe. Tel celui du cabinet conseil Studeffi, de la société de courtage Mon courtier énergie ou de la centrale de référencement Ouifield (filiale InVivo), qui témoignent dans ce dossier. Lors du dernier congrès de la FNA, Florian Baloche, dirigeant du négoce Appro-Vert, relatait qu’il avait pu « établir sur ces dernières années, avec Studeffi, un vrai outil d’aide à la décision qui nous a permis d’avancer sur 2023 et d’établir un profil plus précis pour rédiger des appels d’offres ». Chez Mon courtier énergie, Benjamin Leparc estime : « Avec notre accompagnement, nous pouvons arriver à limiter l’inflation de la facture énergétique à x2 au lieu de x3 ou x4 du fait d’un fournisseur mieux adapté au client. »
Un des atouts que font valoir justement ces prestataires, c’est l’accès pour le client à une offre élargie, après une analyse de son profil de consommation et de ses besoins, comme l’affirme Lionel Thepault, responsable des offres énergie chez Ouifield : « Nous jouons sur la mise en concurrence et nous consultons plus de fournisseurs que ne le ferait une entreprise. » Aujourd’hui, Studeffi suit une quinzaine de négoces agricoles. Et Ouifield a mené 92 appels d’offres (électricité et gaz) en 2022 pour des coopératives, négoces ou IAA.
Contractualiser à prix fixe
Une règle d’or semble se dégager de l’agitation de ces derniers mois : l’anticipation pour établir les contrats les plus adaptés en durée, type de prix… « En énergie, nous achetons des années et nous sommes sur les achats de 2024, 2025 et 2026. Plus nous allons loin, plus les prix sont bas car le marché est confiant dans l’avenir, explique Benjamin Leparc. Un client peut avoir intérêt, dans un premier temps, surtout s’il est au pied du mur, à traiter son contrat sur un an, et ensuite à repartir sur une stratégie de plus longue durée pour maîtriser sa rentabilité. » Toutefois, un négociant nous confie au sujet des contrats pluriannuels qu'« il faut s’assurer de pouvoir amortir cette charge et de prendre alors la bonne position ».
Mais comme le souligne Christophe Saint-Cyr, responsable énergie du groupe de négoce Bernard, « avec des prix qui bougent chaque jour, c’est à chacun de voir ce qu’il préfère pour établir ses contrats d’énergie ». Pour sa part, il a choisi de contractualiser à prix fixe « pour mieux savoir où je vais ». Et ce choix semble partagé par un certain nombre d’entreprises, ainsi que l’observe Alexis Ribeau : « Aujourd’hui, tous les négoces que nous suivons et qui ont renégocié leurs contrats d’électricité sont repartis en contrat indexé Arenh (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique), la partie non Arenh étant négociée à prix fixe. » Dans ce type de contrat, il reste cependant l’écrêtement Arenh à acheter sur le marché libre, mais qui peut être négocié en avance.
Bien lire les clauses
Des offres spécifiques peuvent apporter aussi une certaine marge de manœuvre. Ainsi, l’offre clic (réservée aux consommations de plus de 10 GWh par an) permet à l’entreprise de fractionner les achats sur l’année et de diversifier les risques, tout en ayant une visibilité sur les cours. Ouifield propose d’accompagner ses clients sur ce type de contrat par « l’envoi régulier des prix de marché ». Et propose de « créer des tunnels, c’est-à-dire des niveaux de prix sous lesquels on peut acheter 25 ou 50 % du volume », complète Lionel Thepault.
Autre point crucial à suivre de très près : les clauses dans les contrats. Ainsi, une clause sur les déséquilibres financiers et économiques entre client et fournisseur a été utilisée par un fournisseur pour dénoncer un contrat en donnant 15 jours pour trouver un autre fournisseur. D’ailleurs, Alexis Ribeau reconnaît que « sur les trois derniers mois de 2022, nous avons géré plusieurs arrêts de contrat de la part des fournisseurs ».
« Il n’y a pas de vérité sur les contrats »
Sommaire
Comment réduire la facture ?
- Introduction
- « 5 à 10 % d’économies facilement atteignables sur un silo »
- Des aides, mais pas pour tous
- Métiers du grain : les solutions passées au crible
- Passer le cap des contrats
- Chez Terre Atlantique, 15 000 € d’économie en quinze jours
- Faire évoluer l’organisation du travail
- Produire son énergie, une idée séduisante
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