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À la recherche de la performance environnementale

Unique en Europe, la base de données Oriflaam permet de connaître de manière détaillée ce que mangent les animaux d’élevage, ainsi que les impacts environnementaux de ces flux.

La performance environnementale des entreprises dépasse leur seule empreinte carbone. La constitution de bases de données fiables sur l’eau ou l’origine des matières premières pour mesurer les impacts réels puis les progrès se travaille collectivement en nutrition animale.

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Parmi les ressources nécessaires aux usines, l’eau a encore été peu explorée. L’étude en cours menée par le Snia va contribuer à clarifier les usages. « Il n’existait aucune donnée sur les usages de l’eau ni sur les quantités consommées au sein du secteur », confirme Blandine Markwitz, directrice scientifique et technique du Snia. « Faire un état des lieux est une étape incontournable pour pouvoir ensuite travailler collectivement sur cette ressource et anticiper notamment d’éventuelles restrictions. »

Si le secteur consomme globalement peu d’eau, celle-ci reste toutefois indispensable au fonctionnement des usines. Une grande partie de l’eau utilisée a un rôle sanitaire sous forme de vapeur dans la granulation et pour le nettoyage et la désinfection des camions ; 75 % de cette eau sert au fonctionnement de la chaudière.

46 litres d’eau par tonne d’aliments

« Concernant les chiffres, nous pouvons estimer la consommation des fabricants d’aliments composés à 880 000 m3/an (soit 0,03 % des prélèvements de l’industrie). Ce chiffre est faible et il y a peu de “gros” consommateurs au sein du secteur, c’est-à-dire de sites consommant plus de 10 000 m3/an », indique Blandine Markwitz. En moyenne, la consommation d’eau tout compris représente un peu moins de 46 litres par tonne d’aliments produite, avec de fortes variations selon le tonnage de l’usine et les espèces de destination. La consommation est ainsi plus importante dans la filière volailles pour la granulation et la thermisation des aliments en sus de la désinfection renforcée dans le contexte sanitaire (influenza aviaire).

« L’eau utilisée dans les usines de nutrition animale est essentiellement de l’eau du réseau. Toutefois, les périodes de sécheresse et les évolutions réglementaires pourraient conduire les fabricants d’aliments composés à réfléchir à l’usage d’autres sources d’eau », estime la responsable.

Duralim bien parti

L’origine des protéines mises en œuvre dans les formules contribue à la performance environnementale, en tout premier lieu la substitution des matières premières à fort impact d’émissions de GES comme le soja déforestant. L’engagement des fabricants d’aliments français dans Duralim pour atteindre le zéro déforestation au 1er janvier 2025 est bien parti puisque les 50 % visés pour 2023 ont déjà été dépassées cette année. Les sojas américains et européens voudraient bien se forger une place, mais ce sont surtout les tourteaux dits secondaires qui sont mis en valeur, notamment le tournesol.

Pour connaître de manière détaillée ce que mangent les animaux d’élevage, ainsi que les impacts environnementaux de ces flux, les interprofessions végétales et animales ont par ailleurs lancé l’observatoire Oriflaam avec FranceAgriMer, Sofiprotéol, Duralim et les syndicats de la nutrition animale. Confié au Céréopa, cet observatoire des ressources incorporées dans les flux de l’alimentation animale fait suite au travail engagé par le Gis Avenir Élevages. Le modèle d’optimisation économique utilisé (Alim 3000) couvre aussi bien les aliments du commerce que les aliments mis en œuvre dans les exploitations (fourrages et concentrés) afin de fournir un panorama complet.

L’approvisionnement du cheptel à 93 % de France

« L’objectif est de disposer d’une base de données commune qui permet de suivre, chaque année et en toute transparence, ce que mangent réellement les animaux d’élevage », résume Patricia Le Cadre, responsable alimentation et productions animales du Céréopa. Unique en Europe, cette base de données, consultable sur oriflaam.fr, va prochainement être disponible selon trois niveaux d’informations. Les commanditaires disposent d’un accès à l’ensemble des données sur les flux, les indicateurs environnementaux, économiques et sociétaux. Les institutions, l’enseignement et la recherche ont accès à un niveau agrégé de ces données. Un troisième accès moins détaillé sera ouvert à tous. « Nous pouvons déjà confirmer que plus de 93 % de l’approvisionnement du cheptel français en 2020-2021 est d’origine française », illustre Patricia Le Cadre. L’intérêt de cet observatoire est aussi le suivi dans le temps. « Pour cette première année, nous avons travaillé sur les données 2020-2021 et nous enchaînons avec la campagne 2021-2022, ajoute la responsable. Nous pourrons, par exemple, voir comment l’influenza aviaire a impacté les flux de soja et comment ils se répartissent entre filières animales. »

La question des bases de données est donc primordiale, l’un des facteurs limitants restant l’homogénéisation des outils. Les professionnels ont tendance à soutenir le GLFI (Global Metrics for Sustainable Feed) auquel appartiennent les associations de fabricants d’aliments comme la Fefac ou l’American Feed Industry Association, mais également des firmes privées, fabriquant des aliments ou des additifs. Des outils « filières » comme Cap’2ER en France sont de leur côté peu discriminants pour les nouvelles solutions de la nutrition animale.

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Alimentation animale

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