Pour la première fois, un salarié d’une entreprise de nutrition animale a fait l’objet d’un harcèlement téléphonique en raison de son métier, assorti d’une incitation au suicide : les faits font l’objet d’un dépôt de plainte. Cet exemple est significatif : le climat délétère qui touchait jusqu’à présent les abattoirs, les boucheries et les éleveurs s’étend bien à toutes les filières.
Pour François Cholat, président du Snia qui organisait sa conférence de presse de rentrée le 28 août à Paris, « nous sommes en position de combat. Non pas pour attaquer quelqu’un, mais bien pour défendre l’élevage français. »
« Opposition farouche aux discrédits »
Et de poursuivre : « Le secteur de la nutrition animale s’oppose farouchement au discrédit dont l’élevage et toutes les filières animales font l’objet aujourd’hui. La capacité du monde de l’élevage à se réinventer va perdurer, les pratiques continueront à progresser pour se perfectionner en termes de bien-être animal, d’impact environnemental, de qualité de vie des éleveurs et de compétitivité économique. » Et les fabricants d’aliments veulent être reconnus aussi pour ce qu’ils apportent pour cela.
Au-delà des déclarations, les professionnels soulignent des faits pour alimenter une prise de conscience et des actions positives : un élevage français loin des feedlots américains, avec le maintien de structures familiales, des actions concrètes pour la sécurité alimentaire (Oqualim et ses plans de contrôles mutualisés pour serrer les mailles des contrôles des entreprises), et pour la durabilité (plateforme Duralim).
Deux fois moins de soja consommé en quinze ans
À l’heure des incendies en Amazonie qui accentuent la pression de la société civile sur les questions de déforestation et d’approvisionnement, le président rappelle que la plateforme pour la durabilité des aliments pour animaux existe depuis 2016, que parmi les 72 signataires se trouvent 44 entreprises et coopératives de la nutrition animale, et que tous se sont engagés pour le zéro déforestation à échéance 2025 et le zéro conversion à échéance 2030.
Jean-Michel Boussit, d’Axéréal élevage, souligne d’ailleurs que les consommations françaises de soja ont été divisées par deux en quinze ans grâce au colza, au tournesol et aux protéines des céréales, sans oublier la qualité des rations de base chez les éleveurs de ruminants.
« Point de rupture »
Pour François Cholat, il est également temps de rappeler que la France assure une diversité des productions, du bio aux premiers prix qui n’en sont pas moins sains et sûrs, et que la montée en gamme ne suffit pas pour satisfaire au quotidien les capacités économiques des Français. La crainte est aussi à la montée des importations, même intra-européennes, comme en volailles.
« Je pense que nous en sommes à un point de rupture sur la capacité des éleveurs à supporter les attaques économiques et en termes d’image. Comment imaginer que les jeunes s’installent pour se lever tôt, gagner peu et avoir honte de leur métier ? », s’interroge Jean-Michel Boussit. « Il faut commencer par montrer ce que l’on fait de bien ici, chez nous, même si ce n’est pas encore parfait », concluent les responsables.