Le négoce Rebours prêt pour demain

Après avoir amorcé un tournant il y a quelques années, le négoce familial mayennais Rebours, repris par Pierre-Luc Rebours, 30 ans, entame une phase de consolidation à partir de ses derniers développements.

Une nouvelle implantation depuis 2005, une infrastructure modernisée, un organigramme bien établi, une récente activité de mash en plein essor. Le négoce familial mayennais Rebours, à Saint-Denis-de-Gastines, aspire à consolider sa situation dans les deux à trois ans à venir avant de partir sur de nouveaux projets de développement. Cette petite structure de dix-neuf salariés, dont cinq technico-commerciaux, s'articule autour d'une activité phare en productions animales et une activité en productions végétales.

Logé en plein coeur d'une zone de polyculture-élevage, peu touchée par le remembrement et qui a gardé son charme bocager, ce négoce est désormais dirigé depuis un an par Pierre-Luc Rebours, diplômé de l'Ecole de commerce Inseec, à Bordeaux, et qui vient de fêter ses 30 ans. « Après avoir exercé trois ans à l'étranger, Angleterre, Etats-Unis et Mexique, j'ai rejoint mon père Jean-Paul dans son entreprise en 2007. Puis, je suis resté et j'ai repris la direction du négoce l'an dernier, suite au départ de mon père. »

Un transport sous-traité en grande partie

Après sa nouvelle implantation en périphérie de la commune de Saint-Denis-de-Gastines en zone artisanale, en 2005, le négoce a connu un autre chamboulement cinq ans plus tard. En effet, l'activité transport, développée depuis les années 2000 aux côtés de l'activité de négoce agricole, a été transférée dans la nouvelle société Sodytrans, créée en 2010 pour l'accueillir. Cette société réalise aujourd'hui 4 M€ de chiffre d'affaires avec trente salariés. C'est notamment pour une question de convention collective que cette scission a eu lieu.

Rebours sous-traite une bonne partie de son transport à Sodytrans. Le négoce représente toutefois seulement 9 % du chiffre d'affaires de la société de transport. « Nous avons seulement quatre camions pour le transport des aliments et pour une petite partie de l'appro », précise Pierre-Luc Rebours.

Pour l'activité appro végétal, le négoce s'appuie sur le groupement d'achats GBN (groupement Bretagne-Normandie) qui réunit sept négociants. « Nous nous réunissons cinq à six fois dans l'année. Nous réalisons 40 % de nos achats auprès de GBN, pour les semences de maïs, de céréales à paille et de fourragères, les plastiques, les phytos et un peu d'engrais », avance David Lepéculier, responsable des achats.

Les achats de matières premières pour l'alimentation animale sont gérés principalement par le négoce lui-même avec des achats directs sur le port de Montoir-de-Bretagne. Son activité aliments est surtout tournée vers les bovins lait et viande.

Capacité de production de 8 000 t de mash

Depuis la venue de Pierre-Luc Rebours dans l'entreprise, il y a sept ans, l'activité du négoce a quasiment doublé passant de 6 M€ de chiffre d'affaires à 11,5 M€ actuellement. « J'ai fini par rester, pris dans l'enchaînement des projets. » Le dernier en date est l'investissement dans une nouvelle unité de fabrication de mash, opérationnelle depuis 2012. Un projet de 200 000 € couronné de succès puisque les objectifs sont largement dépassés. A ce jour, 4 000 t de mash sont produites soit un tiers du volume d'aliments commercialisé par le négoce. « Nous nous étions fixés un objectif de 1 300 t la première année, et nous avons réalisé 1 500 t. Pour la seconde année, nous sommes sur 4 000 t au lieu des 3 000 t prévues », détaille le jeune dirigeant.

La capacité de production de l'unité de mash se monte à 8 000 t. Il existe donc une bonne marge de manoeuvre. Aussi, le développement se poursuit en s'appuyant sur la prospection de nouveaux clients. « Nous voulons maintenir parallèlement notre volume d'aliments composés de 3 500 t fourni par les Etablissements Genouël qui travaillent avec la firme-services Provimi », rajoute Pierre-Luc Rebours. Quant au mash, les formulations vendues, sous la marque Real Mix, sont étudiées avec l'appui de la société Ledoux dans l'Orne. « Avec cette nouvelle activité, nous avons voulu acquérir de l'indépendance, se distinguer sur le plan commercial et apporter une réelle transparence aux éleveurs en matière d'aliments, explique Pierre-Luc Rebours. Ce mash donne d'excellents résultats notamment en engraissement viande. » Le négoce motive ses clients à contractualiser leur approvisionnement en mash. Des clients qui, soit étaient acheteurs de matières premières, soit sont issus de la prospection.

Augmenter les capitaux propres de l'entreprise

Ce développement du mash participe à l'expansion du négoce Rebours qui s'appuie surtout sur de la croissance interne. A noter, toutefois, les rachats de trois petites structures voisines et la prise en délégation du petit négoce de Jublains.

Aujourd'hui, le souhait de Pierre-Luc Rebours est de consolider la structure sur les deux à trois prochaines années, après un train soutenu d'investissements sur les sept dernières années. « Nous voulons également augmenter les capitaux propres de l'entreprise par le résultat. Le remboursement de nombreux investissements arrive à échéance, ce qui va contribuer à améliorer nos fonds propres », commente Pierre-Luc Rebours.

Ce souhait de consolidation est envisagé à un moment où l'infrastructure de l'entreprise a été optimisée avec une modernisation des installations : un bon parc d'engins élévateurs, un stockage phytos aux normes sur le site du siège social, des bureaux bien aménagés. L'installation en zone artisanale depuis 2005 ouvre la possibilité d'agrandir le site si besoin est.

L'organisation est bien établie avec un organigramme affiché dans chaque bureau et une équipe bien équilibrée en terme de pyramide des âges. Huit collaborateurs ont autour de trente ans et les dix-neuf salariés comptent six femmes dont deux dans l'équipe commerciale, Aline et Anne-laure. Celles-ci sont spécialisées en productions végétales pour la première et en productions animales pour la seconde. Leurs collègues hommes sont sur des missions plus généralistes mixant les deux types de production.

Bientôt, des tablettes et un Extranet

Dans l'attente de projets d'envergure dans les trois ans à venir, tout un nouvel investissement informatique va voir le jour, fin 2014 début 2015, afin d'améliorer la communication. Ainsi, un Extranet va être mis en oeuvre pour permettre aux clients de consulter en ligne leurs comptes, leurs encours, leur historique, les cotations... Le site web de l'entreprise va être refondu également. Les cinq TC de l'équipe commerciale vont être équipés de tablettes numériques. Ils auront ainsi accès aux tarifs et aux stocks en direct et à un logiciel clients. Ils ont déjà sur leur PC portable un logiciel de rationnement pour bovins. « Ils vont passer de 4 kg de documents papier à la tablette. » Un budget de 15 000 € a été alloué pour cet ensemble de mesures. D'ici un ou deux ans, un logiciel préconisations devrait aussi être accessible depuis les tablettes.

Le négoce avait déjà marqué le paysage en 2011 lors d'un Salon de l'herbe qu'il avait organisé autour de 600 micro-parcelles, avec l'aide d'un lycée agricole. « Nous avions eu de très bonnes retombées en terme d'image, souligne Pierre-Luc Rebours. Mais c'est un énorme investissement, notamment en temps, et nous n'avons pas prévu de le refaire. » Dès lors, pour ce jeune patron, la communication par voie de presse, est une autre façon de donner de la visibilité à son entreprise après une première étape de développement. Et de mettre en avant, avec une certaine fierté, son équipe et le travail réalisé.

Hélène Laurandel

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