La première étape est franchie dans la conception d’AgriBest (Agriculture, Biodiversité, Écosystèmes et Santé des Territoires), outil d’autodiagnostic de la biodiversité pour les exploitations agricoles. La Coopération agricole Ouest et CDC Biodiversité ont officialisé le lancement de cet outil en signant une convention autour de ce projet lors du Salon de l’agriculture. L’élaboration de cet outil a démarré en 2019, à la demande des coopératives de la région Ouest qui avaient entamé en 2016 des premiers travaux sur la biodiversité.
Avec ce nouvel outil, ses deux concepteurs visent « à faciliter la prise de conscience des enjeux biodiversité et à accompagner les agriculteurs et agricultrices dans une première marche biodiversité ».
Quinze pratiques agricoles notées de 0 à 5
La première phase a conduit à bâtir, avec l’aide du CNRS de Chizé, la grille d’évaluation des pratiques agricoles et de leur performance sur la biodiversité au niveau d’une exploitation agricole, et à réaliser une centaine de tests avec le concours du groupe coopératif Terrena.
AgriBest est un outil d’autodiagnostic de la performance biodiversité basé sur quinze facteurs qui couvrent les pratiques agricoles et qui sont divisés en six critères, notés de 0 (critère le moins favorable à la biodiversité) à 5 (critère le plus favorable à la biodiversité). Pour chaque facteur, l’agriculteur sélectionne le critère qui correspond le plus à ses pratiques.
Ces pratiques concernent ainsi la fertilisation azotée, la matière organique des sols des parcelles en rotation, les cultures et couverts fleuris, adventices, ravageurs, maladies fongiques, prairies, haies, etc.
Deux usages des notations peuvent être faits. Les quinze facteurs pourront être agrégés tous ensemble afin d’obtenir une note globale pour réaliser ensuite des analyses macro. Tout comme peuvent être agrégés seulement certains d’entre eux pour aboutir à des notes relatives qui seront assorties de conseils à l’agriculteur afin de lui permettre d’améliorer ses pratiques. En effet, un des objectifs d’AgriBest est de permettre une montée en compétences des agriculteurs dans l’approche systémique de leurs pratiques agricoles.
Création d’une communauté d’experts et de prescripteurs
Aujourd’hui, ce projet passe à sa phase de finalisation avec le développement d’une application qui sera disponible sur smartphone ou tablette, accessible au champ hors connexion, et déployée courant 2023. Les besoins financiers devenant plus importants, la première étape ayant été autofinancée, la Région Pays de la Loire va apporter son soutien et devrait être rejointe par une autre région du Grand Ouest.
Pour cette étape, une communauté d’experts et de différents prescripteurs va être mise sur pied, l’objectif étant d’ailleurs de faire connaître et utiliser cet outil par le plus grand nombre. « Elle sera constituée de chercheurs, notamment de l’Inrae, de coopératives et autres prescripteurs, d’associations comme la LPO, la fédération des parcs naturels régionaux ou encore le Muséum d’Histoire naturelle. Nous allons travailler aussi avec les instituts techniques », détaille Thomas Jullien, chargé de mission filières biologiques et biodiversité à LCA Ouest.
Valoriser les services écosystémiques rendus
Cet outil est conçu pour être simple, pédagogique et gratuit afin d’engager le plus d’agriculteurs possible sur le territoire national dans une voie de progrès agroécologique. Il est décrit comme ne nécessitant aucune connaissance spécifique en biodiversité, avec un référentiel unique quels que soient le territoire et la filière.
« Nous souhaitons également que cette appli permette d’agréger les données pour que l’agriculteur puisse suivre son évolution, se comparer à d’autres exploitations et mettre alors en place une démarche de progrès. Des simulations d’évolution peuvent être d’ailleurs réalisées. »
L’idée est aussi de donner des clés pour construire des projets de valorisation. Dans cet objectif, un tableau de correspondance va être établi entre la grille d’évaluation et les services écosystémiques rendus. AgriBest pourra alors intervenir, par exemple, dans la première étape de diagnostic d’un PSE en permettant un scan très rapide, en 30 minutes, des pratiques agricoles et des services écosystémiques générés.
Pour en savoir plus : dossier de la mission économie de la biodiversité, « Accompagner la transition agroécologique. L’exemple d’AgriBest ».