Midi-Pyrénées  L'Epi salvagnacois présente sa filière stevia

Originaire du Paraguay, la stevia est une plante pérenne dont les feuilles contiennent des molécules sucrées, les glycosides de stéviol (GS), édulcorants naturels 250 à 300 fois plus sucrants que le saccharose. Utilisés depuis longtemps au Japon et en Chine, les GS sont autorisés en France comme édulcorants depuis 2011.Une filière française tracéeMais faute de matière première locale, un fabricant comme Stevia Natura, à Riom (Puy-de-Dôme), qui a produit 10 tonnes d'édulcorants à base de stevia en 2015, est obligé de s'approvisionner à l'étranger.« L'année dernière, nous avons acheté la stevia pour moitié en Amérique du Sud et pour moitié dans les pays européens méditerranéens, explique Joël Perret, président de Stevia Natura. En 2016, 90 % auront été achetés en Europe. Mais notre objectif est de travailler avec des producteurs locaux et de pouvoir garantir une traçabilité à la parcelle. C'est pourquoi un projet comme Stevianov nous intéresse au plus haut point. »Un consortium de cinq partenairesLe programme de recherche a été lancé en 2011 par un consortium de cinq partenaires : l'Ecole d'ingénieurs de Purpan, à Toulouse, qui travaille sur l'axe génétique et physiologique de la plante pour trouver, par sélection naturelle, des hybrides adaptés à nos terroirs et plus productifs. L'Epi salvagnacois, qui se charge des essais aux champs, des cultures et du séchage des feuilles dans d'anciens séchoirs à tabac. Six agriculteurs cultivent aujourd'hui 1,5 hectare de stevia.Le laboratoire de chimie agro-industrielle, à Toulouse, travaille ensuite sur l'amélioration des procédés d'extraction des GS dans l'eau froide, puis Stevia Natura transforme le liquide obtenu en le filtrant et en le recristallisant afin d'obtenir un édulcorant solide. Enfin, La Patelière, fabricant d'aides à la pâtisserie, incorpore des GS dans ses préparations sucrées. Labellisé par le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation en 2010, le projet Stevianov a bénéficié d'un budget de 2,2 millions d'euros, dont 50 % d'aides publiques.Des rendements qui progressent« Notre objectif est d'arriver rapidement à 4 ha cultivés, puis 10 ha d'ici à 2020, mais nous devons encore valider les rendements de cette année », indique Charlotte Sohy, responsable du projet à l'Epi salvagnacois. Il faut aujourd'hui 1 ha pour obtenir 1 tonne de feuilles sèches, ce qui permet de fabriquer 100 kg de produits finis. Cette production n'est pas encore rentable pour les agriculteurs, mais très prometteuse. Les progrès de sélection faits par l'Ecole de Purpan et de techniques culturales par les agriculteurs améliorent rapidement la productivité.