« La mission d’InVivo est d’accompagner la transformation de l’agriculture et de ses filières », a rappelé Jérôme Calleau, président d’InVivo, en introduction de la convention annuelle du groupe qui s’est tenue à Paris, mercredi 17 décembre.
Une étude à quatre mains
Pour mener à bien cette mission, InVivo a mené conjointement avec Unigrains, Sofiprotéol et le Crédit Agricole une étude intitulée « Pour une agriculture française souveraine, rentable et durable à horizon 2050 ». L’objectif ? Anticiper ce que sera la ferme France en 2050, dans un contexte où le changement climatique s’accélère, les tensions géopolitiques s’accentuent, l’efficacité des intrants se réduit et où les évolutions réglementaires se durcissent.
L’étude s’appuie sur des données climatiques (scénarios Giec AR6), économiques (Agreste), agronomiques (Inrae), ainsi que sur des projections météo régionales (Météo France) pour modéliser la ferme France en 2050.
25 leviers mobilisables
En tout, 25 leviers ont été identifiés : des leviers technologiques, des leviers économiques et organisationnels, de nouvelles pratiques culturales et la diversification des assolements.
Certains d’entre eux font déjà l’objet de projets. Par exemple, « nous sommes engagés avec InVivo dans la démarche Semons du sens afin de créer de la valeur agronomique et environnementale autour des oléagineux », souligne Xavier Dorchies, DG délégué de Sofiprotéol. La filiale du groupe Avril a aussi lancé un projet de recherche génétique sur le pois protéagineux et tente d’accélérer l’introduction de légumineuses dans les rotations, et notamment du soja « pour relancer la filière et son usage dans l’élevage ».

Un autre enjeu est celui du renouvellement des générations. « Il n’y aura pas un repreneur pour un cédant, les exploitations vont s’agrandir et leur reprise sera de plus en plus coûteuse », souligne Jean-Pierre Touzet, directeur des marchés de l’agriculture, de l’agroalimentaire, des garanties et du capital investissement au Crédit Agricole.
Face à des besoins d’investissements toujours plus importants, la banque a mis au point en 2025 un premier prêt à taux zéro pour les installés. En 2026, un premier fonds de développement pour renforcer la structure financière des exploitations verra le jour. Une option « souplesse » sera proposée sur les offres de crédits pour donner plus de flexibilité aux agriculteurs dans leurs remboursements.

Entre 16 et 29 Mds€ d’investissement
Pour mener à bien ce programme, les auteurs de l’étude estiment qu’il faudra investir entre 16 et 29 Mds€. « Nos modèles économiques vont être terriblement remis en cause, il faudra faire tomber les dogmes pour avancer », avance Maxime Vandoni, directeur délégué d’Unigrains, qui rappelle que 50 % des encours de son organisation sont dédiés à l’amont (recherche génétique, agronomique, agroéquipement) et l’autre moitié est destinée aux industries agroalimentaires. « Ces deux univers doivent se parler », a-t-il insisté.
À l’échelle des coopératives, « le modèle de collecte devra être revu et mutualisé, de nouveaux marchés devront être identifiés pour nos nouvelles cultures et la question de l’accès et de la gestion de la ressource en eau sera centrale », affirme Antoine Declercq, président de NatUp.

Des plans d’action collectifs à mener
Plans d’actions, stratégies d’irrigation, accompagnement de la reprise des exploitations et renforcement de la recherche agronomique, génétique et technologique… sont autant de projets à mener de front. « Vous devrez planifier, trouver des financements et entraîner avec vous les agriculteurs ainsi que l’ensemble de la société civile », témoigne Géraldine Woessner, journaliste au Point.
« Ne tardons pas à commencer car l’agriculture est un secteur du temps long, ajoute Olivier Clyti, directeur stratégie, RSE et digital chez InVivo. L’organisation de cette journée est une première étape avant la mise à disposition de l’étude au sein de notre écosystème pour qu’il puisse ensuite se mobiliser. »
« Cette étude politique se veut une feuille de route à suivre pour atteindre nos objectifs à 2050 », a conclu Thierry Blandinières.


